Trouble-moi chéri

La porte se ferme, la clef tourne avec lenteur et mon cœur s’emballe… Pas de précipitation, la matinée m’appartient, je me sens l’âme d’une conquérante, tu es le territoire que je vais redécouvrir. Je retourne dans la chambre prendre mon portable et mon cœur redouble de battements sourds dans ma poitrine.

Je peux fuir, il n’est pas trop tard, laisser ce maudit téléphone et passer la matinée devant la télé… Mais mon corps en a décidé autrement, j’observe, victime troublée mes doigts te dire que je suis libre…

Torture douce que celle d’attendre de voir ton nom apparaître sur l’écran. Une sonnerie. Mes yeux se posent sur ton prénom et toute la panique que la décence souffle se glisse avec brusquerie en moi. C’est un vent de panique qui s’infiltre dans mes veines. Cœur battant, je reste quelques secondes devant ce mélange de lettres qui me trouble avant de décrocher.

Ta voix… Le son grave qui s’étire et rythme les battements de mon cœur. Je me retrouve soudain timide, comme oublié toutes les autres fois, c’est une nouvelle moi que tu entends rire. Sans y prendre garde, je me suis allongée sur le canapé, une jambe nonchalamment posée dans le vide, je souris au son de ta voix. Je ne sais trop ce que te dit ma bouche à cet instant, elle ne fait qu’attendre, jouer avec mes nerfs, avec les battements de mon cœur et avec ta patience…

Mon âme est brûlante tandis que faussement impassible, je discours sur des choses sans intérêt. Je sens ta patience polie et m’interroge sur le temps qu’elle durera, la mienne a déjà cédé, ma main gauche glisse sur mon maillot et s’amuse en une indécente caresse à torturer mon sein…

Enfin, le jeu commence. Je te décris avec lenteur les actes que tu m’inspires. Ils sont pour moi d’un naturel déconcertant mais le trouble qui gagne ta voix me laisse à deviner qu’ils te fascinent. Je me sens rougir tandis qu’un soupir s’échappe de ma poitrine. Un vague sentiment de culpabilité me caresse tandis que ma tête se tourne vers le lieu où je me trouve.

Mes yeux se ferment et je goûte effrayée à l’impression que tu murmures des mots à mon oreille tandis que tes doigts me caressent.

Le temps s’écoule avec rapidité, mes soupirs s’accumulent. Je te dis des choses dont la logique c’est échappée… «Oh oui, j’ai envie que tu me baises» Le propos suspend le mouvement de mes doigts, surprise de mes propres mots, je me redresse et observe interdite mes jambes où ma main c’est arrêtée. Les mots sont là, l’envie aussi.

J’ai cette envie au fond de moi que tu viennes écarter mes jambes avec violence avant de me prendre sur ce canapé. Je désire les mouvements de ton bassin aussi fort que le glissement de ton sexe…
Si tu étais là, je te repousserais pour m’installer sur toi et glisser mes seins sur ta peau, ma bouche se poserait sur ton ventre et je serais câline. Je suis une fille comme les autres au fond, la douceur me fascine parce que je la trouve difficile à accomplir, tout me semble maladroit lorsque cela découle de mes doigts. Mais avec toi, j’apprendrais à faire preuve de douceur, le bout de mes doigts glisseraient le long de ta mâchoire avant que mon visage ne s’avance vers le tien.

Souffle suspendu au-dessus de tes lèvres, je plongerais mon regard dans tes yeux que j’imagine noir par ce désir que je provoquerais en toi. Mes lèvres se poseraient sur les tiennes et je goûterais ce contact puis viendrait celui de ta langue le long de la mienne. Mes mains posées de part et d’autre de ton visage tandis qu’installée sur toi, je bougerais avec lenteur mes hanches…

Oh comme cela accélère les battements de mon cœur tandis que j’écris… Je voulais te troubler et je me trouble…
Tu étires les syllabes de mon prénom dans mon imaginaire, oui c’est ta voix que j’entends à cet instant dans mon esprit et cela me renvoie à cet appel…

Comme tu prononçais mon prénom avec passion, tu animais les syllabes avec une douceur qui me faisait gémir… Un vague sursaut de craintes tandis que j’imagine nos vie et la tournure compliquée qu’elles pourraient prendre si rien de ce que le mois prochain promet ne s’avérait ou si au contraire cela s’avérait.

Je ne sais pas ce que je veux… Pour l’instant, cet appel et mes doigts qui me caressent sont la seule chose que je désire, et je balaie toutes mes interrogations tandis que ta voix trouble gémit. Nous sommes bruyants et cela échauffe rapidement mon corps, le mouvement de mes hanches s’accélère, ma bouche s’entrouvre et un gémissement s’en échappe…

Le plaisir m’a submergé et je sens cependant en moi encore l’envie de toi. Cela m’effraie, je n’ai pas envie de devenir une sorte de succube poursuivant le plaisir inlassablement et cependant mes doigts reprennent leurs caresses.

Tu m’indiques soudainement que ton téléphone n’a presque plus de crédit, cette réalité matérielle me fait ouvrir les yeux et rire, le mouvement de mes doigts c’est suspendu et je sens encore des soupirs dans ma gorge. « Si tu raccroches, je ne saurais pas m’arrêter, je resterais encore sur mon envie de toi et tu me hanteras toute la journée », voilà les propos que j’ai envie de te murmurer alors que tu me dis d’une voix faible que tu vas utiliser le téléphone familiale pour m’avoir encore…

Rien ne t’y oblige cependant, tu pourrais simplement poursuivre en goûtant les souvenirs que je t’ai accordé et tu me téléphones de nouveau… Une hésitation dans ma voix tandis que je murmure un « allo », oh si ce n’était pas toi…
Ta voix de nouveau. J’imagine avec un sourire que tu t’es empressé, que tu as couru dans le but de me satisfaire et mes doigts reprennent leurs activités.

Le désir est dans cette pièce, je n’ai pas besoin d’ouvrir les yeux pour le voir, je le sens palpable dans ces gémissement qui remplissent la pièce, jamais je ne pourrais cacher le plaisir que j’ai pris et que je prends encore. C’est ta voix qui m’affole, c’est ton être qui m’égare.