Ah! Vous dirais-je maman

Ah, vous dirais-je maman
A quoi je passe mon temps.
J’ai croisé mon cousin Eugène.
Sachez que c’est un phénomène.
Il a inventé un jeu,
Ou nous jouons tous les deux.

Il m’emmène dans les bois,
Me dit « déshabilles toi ».
Quand je suis nue, toute entière,
Il me fait coucher par terre
Et de peur que je n’aie froid,
Il vient s’allonger sur moi.

Puis il me dit sur un ton doux,
Ecarte bien tes genoux.
Et la chose va vous faire rire,
Il embrasse ma tirelire.
Oh ! Vous conviendrez maman
Qu’il a des idées vraiment.

Puis il sort, je ne sais où
Un petit animal très doux.
Une espèce de rat sans pattes,
Que de mes mains je flatte.
Oh ! Le joli petit rat !
D’ailleurs, il vous le montreras.

Et c’est à ce moment,
Que le jeu commence vraiment.
Eugène prend sa petite bête,
Et la fourre dans ma cachette,
Qu’il a trouvé, le farceur,
Là ou se situe mon honneur.

Mais ce petit rat curieux,
Souvent devient furieux.
Voilà qu’il sort et qu’il rentre,
Et qu’il court dans mon ventre.
Et mon cousin a bien du mal,
A calmer son petit animal.

Complètement essoufflé,
Il essaie de le maîtriser.
Moi je ris à perdre halène,
Devant les efforts d’Eugène.
Et si vous étiez là, maman,
Vous ririez pareillement.

Au bout de quelques instant,
Le petit rat sort en pleurant.
Alors Eugène, qui a la tremblotte,
Le range dans sa redingote.
Et puis tous deux nous rentrons,
Sagement à la maison.

Mon cousin est merveilleux,
Et connaît des tas de jeux.
Demain sur la carpette,
Il doit m’apprendre la levrette.
Si vraiment c’est amusant,
je vous le dirai en rentrant.

Ah, vous dirais-je maman
A quoi je passe mon temps.
Voyez que je suis sage,
Et fuis tous les commérages.
J’ai bien retenu vos leçons :
Je n’ai pas parlé aux garçons.