COLLECTION VENGEANCE. Ma fille dans une vitrine (3/6)

« Gand, vitrine... »

J’ai la réponse à la question que je me pose suite à ce SMS reçu alors que je suis au travail dans ma société de nettoyage de la région parisienne.
À seize ans, je me suis engagé dans les commandos marines et pendant cinq ans j’ai baroudé là où la France avait besoin de moi.
Je tairai les missions où j’ai dû me servir de mon couteau pour régler des affaires arrangeant la France, secret professionnel.
Je serais bien resté, j’étais bien, logé, nourri, blanchi, ma solde, je l’économisais pour après.
L’après ce fut la rencontre de Laura, un soir de permission et l’amour qui a éclaté entre nous.
J’aurais bien fait quelques années de plus jusqu’à ma retraite militaire, mais Laura savait que les commandos effectuaient des missions périlleuses et j’ai pris mon compte avec principalement une prime assez conséquente.
Résultat, c’est elle qui m’a quitté oubliant que la route est bien plus mortelle que ces salopards dont je me suis occupé pendant cinq ans.
Elle me laissait Jade, qui à son tour m’a quitté me laissant à plus de quarante ans une société à gérer créée de toutes pièces avec l’argent économisé et la prime de l’armée lorsque je l’ai quittée.
Une société et mon couteau de commando qui m’attend dans ma chambre de mon hôtel de Gand.
Je viens de comprendre le message en découvrant Jade, mais aussi Sylvie une ancienne de mes employés dans des vitrines du lieu principal de la prostitution dans le centre de Gand.
Le glass Alley, plafond de verre ou allée de verre, où les filles se prostituent dans le quartier rouge de Gand.
Le pense avoir une chance lorsque je vois les deux femmes entrer bras dessus bras dessous dans un petit immeuble.
En face se trouve un hôtel d’où je vais pouvoir observer les allées et venues des uns ou des autres avant de me rendre à la police.
Pour une fois, la chance m’abandonne, une chambre de libre, mais sur l’arrière de l’hôtel alors que j’en veux une en façade, on comprend pourquoi.

• Dommage, j’habite en région parisienne sur une route très passante, j’ai déjà une chambre non loin d’ici, mais trop calme et la nuit dernière je suis resté éveillé.
Si je suis entré dans votre hôtel, c’est que j’ai vu vos chambres sur la rue, autant que je reste ou je suis.
• Attendez, je regarde, j’aurais bien voulu vous aider, mais toutes les chambres sur la rue sont réservées jusqu’à la fin de semaine.

Je pense que ce réceptionniste d’hôtel doit me prendre pour un taré, mais dans leur métier, combien de tarés rencontre-t-il à tout moment.

• J’en aurai une samedi, à moins qu’il y ait une autre solution !

J’ai l’impression que ma chance reprend le dessus.

• J’habite dans l’immeuble voisin avec ma mère.
Elle gère des chambres d’hôtes, toute sur l’arrière de la rue.
Ma chambre donne sur le devant, c’est vrai que lorsqu’on s’habitue au bruit le silence est pesant.
Je suis allé en Bretagne, il y a trois mois et pendant trois jours, je pouvais dormir trois à quatre heures, pas plus.
J’étais content de retrouver ma chambre et son bruit.
J'appelle maman, le temps d’aller chercher vos affaires à votre hôtel et vous pourrez emménager, elle aura passé mon nécessaire dans une chambre sur l’arrière.
• Et vous, c’est vous qui alliez rester sans dormir.
• Aucun problème, je vais faire ce que j’ai fait à Quimper, je vais mettre de la musique pour dormir, avec moi ça marche.
Si vous avez besoin, en plus des petits déjeuners , elle peut vous faire quelques plats bretons que vous pourrez manger sans quitter votre chambre.
Il y a même le wi-fi, maman vous donnera les codes.

Quand je dis que la chance me sourit, surtout qu’en retournant régler mon hôtel, je vois une enseigne d’une marque de photo « Kodak ».
Rocco m’avait trouvé un contrat dans les bureaux de cette société à Sevran avant que la marque disparaisse, le numérique ayant tué l’argentique.
Par chance, il a réussi à me trouver un contrat plus lucratif ailleurs.
Rocco, un collaborateur très précieux pour mon entreprise.
Je l’ai croisé une fois dans une boîte de Paris, il était en galante compagnie, j’ai été discret et je suis resté en retrait.
Dans ce magasin, je trouve ce que je cherche, caméra à enregistrement automatique sur un portable, avec un pied.

Je m’installe, la maman de Jeff, le réceptionniste, la chambre a été nettoyée et je peux installer ma caméra tournée vers la porte de la maison où vit Jade, entre les deux rideaux tirés.
Guenaelle, sa maman est la typique Bretonne sans la coiffe de Bécassine,
Rouquine avec des taches de rousseur, environ la soixantaine.

• Madame, j’ai un petit problème, j’aime faire moi-même mon lit, je ferme à clef, je ferai appel à vous suivant mes besoins.
• Je m’en souviendrai, mon fils est comme vous, il y a une seule clef pour cette chambre.
Demain matin vous me demanderez pour votre petit déjeuner, je sers à partir de 6 heures.

La caméra tourne, je vais me coucher après une balade en ville, elle travaille pour moi.
Je vais au restaurant, je croise des vitrines, mais en évitant de passer par la galerie de verre, j’ignore le moment où Jade s’occupe de ses clients.
Ça me ferait mal de voir une nouvelle fois la porte de sa vitrine s’ouvrir et qu’un vieux con entre se faire sucer.

Deux jours que je suis en observation, je sors un peu plus pour donner le change pour la patronne, mais on a vite fait de faire le tour.
Dans ma chambre, je passe la vidéo enregistrée en vitesse accélérée.
Ça rentre, ça sort, les fenêtres s’ouvrent.
Principalement des femmes, je fais un gros plan pour l’une d’elles, encore une que je pense avoir déjà vu sans dire ou et comment.
Sylvie fait sa chambre au dernier étage, presque en face de ma chambre.
Simple petite culotte avec un petit garçon qui court entre ses jambes, elle a un fils qu’elle élève.
Le soir, je vois un homme entré, une bête, il rejoint cette jeune femme, je le vois entrer entre les rideaux et rejoindre la jeune femme dont j’ai parlé il y a quelques lignes.
C’est au deuxième étage, je vois une partie du lit et rapidement j’ai l’impression de voir un film porno.
L’homme est assez violent, mais la fille semble aimer ça, elle est en levrette et le sexe de l’homme doit la déchirer, c’est la première fois que j’en vois une plus grosse.
Dans la chambre à côté de celle de Sylvie, la lumière là aussi est allumée.
Les rideaux me cachent une partie de la chambre, ma fille en nuisette et le gros porc qui prend des billets.
Ce mec ramasse ce que l’on appelle en France les compteurs se payant du bon temps sur les putes qu’il doit être chargé de surveiller.
Ma fille est tombée sur des trafiquants de chair humaine féminine, ma fille en faisant certainement partie depuis sa disparition.
Je mets ma main dans mon sac de sport, je saisis mon couteau de commandos gardé après avoir démissionné.
Il est là et il m’a sauvé la vie, il va retirer la sienne à ce gros porc.
Mais si j’ai réussi dans mon travail à l’armée et dans le nettoyage, c’est que j’ai un cerveau et je sais m’en servir.
J’ai dans l’idée, qu’il y a mieux à trouver que ce fumier se servant de sa force, quand les filles sont en dessous des compteurs qui doivent leur être fixés chaque jour.

• Monsieur Christian, j’ai fait des crêpes, voulez-vous en manger.
• Venir au fin fond de la Belgique et manger des crêpes au sarrasin ou froment ?
• Je vois que vous êtes connaisseur, à une différence près, au blé noir ou sarrasin, ce sont des galettes en Bretagne avec jambon coupé en petits morceaux et de l’emmental.
Lorsque l’ensemble est cuit, vous cassez un œuf entier, voyez, comme je fais.
Lorsque l’œuf est cuit, vous rabattez les bords pour que seule le jaune d’œuf soit visible, vous pouvez déguster.
Aimez-vous le cidre ?
• Vous avez du cidre et en apéritif je vais vous faire goûter du chouchen !
Vous verrez ces doux, c’est à base de miel.
• Cidre et chouchen, vient-il de Bretagne ?
• Le cidre, je le rapporte de chez ma sœur qui le fabrique, mais le chouchen, je le fais moi-même, mon fils en raffole.

J’ignore si madame Guenaelle me donne la vraie recette des crêpes au sarrasin, mais j’en mange deux avec appétit.
Elle a fait des crêpes au froment, je suis gourmand, mais je cale à la troisième.
Que dire de cette femme, la soixantaine comme me l’a dit son fils et que je l’ai vu en arrivant ?
Elle a dû abuser des crêpes tout au long de sa vie, car dans une vitrine, elle aurait du mal à remplir les compteurs.

• Vous mettrez ce repas sur ma note, je me suis régalé !
• Non, vous étiez mon invité, j’ai tellement eu plaisir de faire à manger à un compatriote.

Je me lève pour rejoindre ma chambre.

• Oh ! ça tourne, pourtant j’ai bu un bolé de cidre.
• Mais, trois verres de chouchen, je vous avais dit de faire attention, c’est plutôt traître.

Dans mon faux pas, ma main se porte vers cette femme, son sein est aussi énorme que sa blouse me le faisait pressentir.
Je sens que si je souhaitais aller plus loin, la maman de Jeff, drôle de nom pour un garçon de la Bretagne, son père devait être anglo-saxon, est à deux doigts de me demander de visiter sa chambre.

• Je m’excuse, j’ai un travail à finir, nous nous reverrons demain.

Lorsque j’entre dans ma chambre, je regarde par la fenêtre.
Est-ce possible devant la porte, se présente ma fille et c’est impossible que ce soit lui...