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Mais pourquoi ?

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Lue : 16657 fois - Commentaire(s) : 2 - Histoire postée le 05/05/2011

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Elle s’appelle Rose, jeune, belle et fraîche elle a conquis mon cœur et depuis deux ans moi, Paul, je suis devenu son mari. Nous avons décidé d’un commun accord d’installer notre foyer confortablement avant d’avoir des enfants. Depuis peu nous avons emménagé dans une maison neuve, au sein un lotissement de création récente. C’est une maison de plain-pied. Un sas d’entrée donne accès à la pièce de vie, partagée en salon et séjour. Au fond, à gauche derrière la paroi du séjour, trois chambres à coucher et en diagonale du sas d’entrée un renfoncement ouvre sur deux des chambres et les toilettes. L’autre paroi intérieure de la pièce principale ouvre sur la cuisine, la salle de bain et un local technique partagé entre une partie chauffage, partie laverie et une partie réservée aux compteurs. Les portes, toutes semblables sont vitrées dans la partie haute et décorées de rideaux accrochés sur la face des pièces secondaires. La cuisine s’ouvre à l’extérieur sur une terrasse, on peut entrer dans le local technique par une porte donnant sur l’extrémité de cette terrasse. Trois grandes fenêtres percent le mur à gauche de l’entrée, à droite le mur aveugle reçoit le living et le téléviseur. La décoration n’est pas terminée.

Rose travaille à mi-temps, le matin, du lundi au samedi, comme vendeuse dans le magasin de confection où elle a fait son apprentissage. J’aime son caractère primesautier, sa gaieté habituelle et ses démonstrations constantes d’affection: je suis le mari aimé et heureux d’une jeune femme toujours aussi amoureuse qu’aux premiers temps de notre relation. J’étais un jeune homme calme, presque introverti. Rose a jeté son dévolu sur moi, m’a fait sortir de ma coquille et m’a apporté joie de vivre et bonheur. Elle et moi sommes complémentaires, et désormais amants heureux, fidèles, unis pour la vie. Chaque jour ma chérie me couvre de baisers, me répète des « je t’aime » du matin au soir. Ca fait deux ans déjà et elle ne montre pas de lassitude. J’effectue mes 40 heures hebdomadaires, du lundi au vendredi, de 7 heures à 17 heures, en respectant une pause de midi à 14 heures. L’établissement qui m’emploie est à cinq minutes de mon domicile en voiture. La déclaration d’amour matinale embellit mes journées, renouvelée le soir à mon retour elle aboutit régulièrement à l’union des corps, désirée, voulue et accomplie pour le plus grand plaisir des deux époux. Nous nous sommes bien trouvés.

Pour nous détendre, nous avons choisi une activité de loisirs conforme à nos goûts. Chaque mardi, de 17 h 30 à 20h 30, Rose se rend dans une salle du quartier pour se livrer à des activités variées sous la conduite de responsables d’ateliers de peinture, poterie, peinture sur soie, étain repoussé, art du bouquet, broderie, crochet, tricot, inclusion etcetera…Essentiellement ce sont des dames qui fréquentent ces ateliers du mardi. Le mercredi on peut s’initier à la menuiserie, à la soudure et autres activités plus masculines. J’ai quant à moi choisi de pratiquer du tennis, le jeudi entre 18 h et 20heures.Travail, loisirs activités ménagères, jardinage, nos journées sont bien occupées mais nous accordons une place privilégiée à l’amour.

Les fantaisies amoureuses de Rose font mon bonheur, son corps merveilleux m’inspire et je suis toujours prêt à répondre à ses envies. Elle n’est jamais en reste pour satisfaire les miennes. Elle s’amuse souvent à effectuer un effeuillage burlesque avant de s’étendre nue, sur le dos et de m’inviter d’un index coquin à la servir. D’une main j’ouvre ses jambes repliées. Elle attend mes caresses, guide mes doigts, offre son pubis aux bouclettes noires taillées avec soin à mes doigts taquins et finit par soulever son bassin pour présenter sa vulve accueillante. A sa demande et selon son humeur j’y plonge la langue ou des doigts, soit pour débusquer le clitoris soit pour provoquer des coulées humides. Aux balancements de la croupe ou des hanches, aux roucoulements de sa gorge, aux frémissements de son ventre je reconnais l’instant de la pénétration. Et nous embarquons pour une croisière sur les vagues agitées du plaisir, attentifs l’un et l’autre à atteindre ensemble un orgasme libérateur. Nous réinventons le kamasutra. Que la vie est belle.

Ce mardi soir, j’ai vu passer les compagnes du foyer, sans Rose. J’ai disposé la table et je l’attends, humant les parfums du printemps fleuri en arpentant les allées du jardin. Avec retard, elle apparaît au bout de la rue à côté d’une silhouette d’homme. A pas lents ils ont emprunté le chemin le plus long. Tous deux s’arrêtent à l’entrée de l’impasse proche. Je reconnais Gilles, le moniteur. Après une accolade un peu familière, Rose se met à courir

-Excuse-moi, mon amour. C’était mon tour de ranger le matériel en fin de séance.

Le mardi suivant, Rose accuse un retard, aggravé par le même détour en compagnie du moniteur protecteur, pour avoir remplacé une autre absente.

Afin de lui éviter de passer pour une poire, je décide de me rendre à la sortie du foyer. La troupe joyeuse sort en papotant. A l’intérieur, Gilles et Rose rangent tranquillement. J’entends des commentaires.

-Rose en pince pour Gilles. Pourquoi vouloir faire seule un rangement qui ne nous demanderait qu’une minute?

-Elle va connaître le sort des précédentes. Gilles est un séducteur. Pensez à Odile.

-Oui, il baise puis il plaque. Sa femme est bien complaisante, paraît-il? Si elle est au courant.

Dans l’atelier ils devisent, lui la regarde tendre les bras pour atteindre une étagère haute, vole à son secours et par-dessus sa tête assure au carton une position stable. Il y a une seconde de flottement, Gilles recule, Rose se retourne. Ils se regardent, passent dans l’arrière salle. Un galop sur hauts talons, une femme entre dans la salle. Gilles revient, lui tend un foulard oublié, elle rebrousse chemin. Rose rejoint le responsable en refermant un bouton de sa blouse. Elle sort en premier, Gilles ferme la porte, pose naturellement son bras sur l’épaule de ma femme et ils empruntent leur itinéraire pour la troisième fois. Je sors de l’ombre. Par le chemin le plus court, je suis à la porte de mon jardin, j’attends et j’assiste à une accolade bien longue à mon goût, ils se séparent comme à regret. Rose se met alors à courir après le temps perdu. Les propos des joyeuses commères et cette accolade à rallonge me troublent.

-Mon pauvre chéri, je t’ai encore fait attendre.

-Je sais, tu es la seule capable de remplacer tes collègues.

Elle ne relève pas, elle est toute excitée:

-J’y ai gagné un avantage. Pour m’aider à rattraper le retard dû à mon inscription tardive, Gilles veut bien venir ici me donner trois ou quatre cours particuliers. Pas plus car ensuite il devra s’occuper de Sophie. Ca ne pourra pas te gêner, ça se passera le jeudi pendant ton tennis. C’est son seul créneau horaire libre. A Noël, je pourrai offrir de jolis foulards de soie à toute la famille. Tu en fais une tête?

-La nouvelle ne me réjouit pas. Les autres filles te trouvent trop empressée, se moquent de ton zèle, citent le cas d’autres femmes séduites et abandonnées par ce Gilles

-Ce sont de stupides jalouses. Mais comment les as-tu entendues?

-Pour t’empêcher d’être exploitée, je voulais te ramener à la maison. J’ai assisté à leur sortie, puis à la vôtre. Gilles s’est si vite emparé de ton épaule pour t’emmener faire le grand tour comme d’habitude, que je suis rentré seul. Je le trouve trop familier. Vous formiez un couple très uni, marchant côte à côte comme deux amoureux. En bon mari pour cette fois, je me suis effacé. Mais j’ai un vrai souci.

-Gilles me raccompagne puisqu’il habite dans l’impasse. Il me protège; que vas-tu imaginer? Tu ne me fais pas confiance?

Ce que j’ai vu et entendu ce soir et ce projet de cours à domicile n’inspirerait une confiance aveugle à aucun mari amoureux de sa femme.

-Oh! Mon gros bébé jaloux. Viens que je te montre comme je t’aime. Tu n’as rien à craindre.

Ce soir j’apporte un soin particulier à faire jouir ma chérie. Elle est d’ailleurs particulièrement réceptive. Le meilleur moyen d’empêcher un coucou de pondre ses œufs dans mon lit est de l’occuper et d’y rassasier l’appétit sexuel de mon ardente épouse. Son enthousiasme est intact, elle tient à me prouver son amour. Elle adore faire le papillon. La bouche qui a embrassé l’autre, engloutit à présent mon membre léché, pris en main, mis en forme. Elle danse sur moi, agite son dos, lève et abat son sexe autour du mien, inonde mon bas ventre, se lance à la poursuite de son plaisir, rougit, souffle, s’essouffle, s’emballe, s’immobilise soudain secouée de frissons et de soubresauts incontrôlables. Son orgasme bruyant ne peut pas être feint et déclenche le mien. Nos regards se figent, nous venons de vivre un instant magique, un bonheur intense, c’est divin. Ou presque, l’usage du préservatif imposé par Rose pour éviter une grossesse commence à me peser.
Le mercredi soir nous retrouve à l’œuvre, toujours plus passionnés. Et le jeudi matin nous nous séparons après une levrette endiablée dans laquelle Rose a perdu la voix. C’est qu’elle a voulu tout me livrer d’elle à la veille de règles toujours ponctuelles.

Je pars en voiture vers le terrain de tennis. En passant devant l’impasse, j’aperçois une ombre. Mon rétroviseur me montre le pas décidé de Gilles; il attendait mon départ. Donc ma mise en garde a été vaine. Rose a maintenu le cours à domicile. Le jeu de cache-cache de Gilles m’intrigue, je renonce au sport, parcours l’ovale de ma rue, et discrètement par mon garage, me glisse derrière le rideau à carreaux du local technique.

Gilles et Rose, tournés vers la lumière sont de dos, face à la table. Rose reporte des marques sur un support. Gilles contrôle, la frôle, lui tient le bras. Pour guider sa main, il s’appuie négligemment au creux des reins, change de côté, prend contact de l’autre main au bas du dos. Par inadvertance il tâte légèrement une fesse, y affirme sa position, passe à l’autre, remonte, multiplie les conseils et les ponctue d’attouchements variés. Il paraît, selon Rose qu’il est très familier avec toutes ses élèves. C’est chez lui si naturel et si spontané: personne ne proteste. Seules se plaindraient les oubliées. Et je vous le jure, Rose n’entre pas dans cette catégorie. Trop occupée et déjà habituée sans doute, Rose s’applique et ne songe pas à protester. Gilles a besoin de toucher pour se faire comprendre. Si j’en crois mes yeux, ma femme comprend tout. Les explications pénètrent par tous les muscles du dos soumis aux palpations des doigts intelligents.

Collé derrière l’élève, le maître passe sa tête par-dessus une épaule et parle à l’oreille, une main court toujours accrochée à la hanche femelle. Il pétrit la bonne pâte, descend sur une rondeur, flatte la croupe, apprécie la fermeté d’une fesse, trouve le sillon médian, le parcourt délicatement d’un pouce retourné, de haut en bas puis de bas en haut. Pour mieux l’entendre Rose abaisse ses épaules et doit par conséquent courber son dos et tendre son arrière train vers la main en plein exercice pédagogique. Les doigts quittent le sillon font l’ascension de la colonne vertébrale pour l’inventaire des vertèbres, s’arrêtent, se sont trompés dans le calcul, reprennent depuis la dernière, montent en douceur, vers la taille, puis atteignent l’obstacle troublant du soutien-gorge, s’y intéressent trop et sont obligés de reprendre l’addition depuis le coccyx. La main compte les lombaires, additionne les dorsales avec minutie, s’étale sur les cervicales, doigts en éventail sur la nuque, passe sous les cheveux, provoque au passage, çà et là des frissons, des sursauts, des déhanchements, des balancements de croupe. Quelle patience, quelle persévérance, quel art! Cette exploration lente, calme, assurée, produit des effets dévastateurs. Il agit en toute liberté: pour être familier, il l’est. C’est connu et apparemment bien accepté.

Car, ne sent-elle pas le poids et la chaleur de ce corps d’homme dans son dos? Ce tripatouillage lui paraît-il innocent, normal, nécessaire ou lui plaît-il? Elle pose une question, il s’écarte, applaudit. L’érection déforme son pantalon. Je suis seul à le remarquer, Rose redressée s’étire bras au ciel. Le maître fixe la poitrine saillante, j’observe la nudité des aisselles rasées du jour, une nouveauté. Elle paraît transfigurée. Ses yeux pétillent du bonheur d’avoir réussi. Les attouchements subis l’ont enflammée, en témoigne la rougeur des joues. Les encouragements du mentor la comblent de joie. Spontanément elle lui jette les deux bras graciles autour du cou et applique un baiser joyeux sur chaque joue. Lui ne refuse pas ce signe de gratitude et d’émotion, l’encourage au contraire. Ses deux mains jointes dans le dos massé et trituré longuement maintiennent le jeune corps souple et enfiévré sur sa bedaine naissante de quadragénaire libidineux plus longtemps que ne l’exige un témoignage de reconnaissance. Ils se regardent, lui faussement innocent, elle surprise à moitié, mais pas fâchée. Ils se sourient, image parfaite d’un couple heureux. Enfin, enfin, ils se séparent. Il rit, elle paraît troublée par la révélation de la chaleur de ce contact et par la manifestation agressive de la verge dure contre ses cuisses. Je le vois, en douce, Gilles jubile.

Rose sert un café. Le travail reprend. Le professeur surveille de près, de trop près pour moi, reprend le jeu subtil de l’enseignement tactile. Est-il nécessaire d’englober un sein pour faire parvenir une notion au cerveau? Faut-il de plus le presser entre les doigts épais? Est-ce que cela rentre mieux par la croupe? Il ne ménage pas ses efforts, palpe, tâte, flatte. Rose vit un moment exceptionnel, merveilleux, elle ne veut pas le gâcher par un excès de pudeur. Ce bon professeur s’occupe si bien d’elle. Quel mal y a-t-il à lui laisser le choix de la méthode? D’ailleurs ce n’est pas désagréable, c’est plutôt de nature à aiguiser la faim de savoir, à exciter les perceptions, à libérer l’énergie créatrice. Cette attention particulière de l’enseignant bénévole la ravit.

Qui ne dit mot consent. L’animal en profite pour pianoter sur la colonne vertébrale, s’égarer du cou à l’épaule, multiplier les contacts avec les zones réceptives. Ses investigations lui ont fourni la carte des zones sensibles. Le jeune corps réagit à chaque nouvelle touche. Quelques compliments assaisonnent le vertige, les remerciements recommencent, les baisers sur les joues ratent l’objectifs, se figent sur les bouches, tournent en baisers amoureux. A dix-neuf heures Rose en flammes se blottit contre l’homme croise ses mains derrière sa nuque, reçoit la récompense des meilleures élèves et se tord sous l’attaque profonde de ce baiser de feu qui entrouvre ses lèvres et investit sa bouche. Consciente des ravages, elle se retire en passant le dos d’une main sur ses lèvres, comme contrariée. Gilles se détourne pour cacher la bosse de son pantalon.

Apparemment rien ne s’est passé. Rose reprend l’ouvrage. Le maître retrouve son contrôle du travail et du corps, distribue les conseils, avec des échanges de regards hésitants, interrogateurs. Les mains baladeuses reprennent leur ballet virevoltant, au hasard des positions élargissent le champ d’application. La surface parcourue par ses doigts s’est élargie, la fesse n’est pas plus épargnée que le creux des reins, l’épaule. La dernière audace acceptée a été ce bras glissé sous le bras de Rose penchée, pour atteindre un point de l’ouvrage. Le glissement a nécessairement touché et ému le sein droit en un long frottement. Dans les minutes suivantes, par symétrie, le sein gauche a pu bénéficier du même traitement de faveur excitant sans que je puisse noter la moindre résistance chez la femme fidèle. Elle dont les mamelons sont si sensibles doit apprécier ces signes de bienveillance de l’artiste. Si elle ne l’encourage pas, il faut admettre que les limites de sa tolérance ont fortement reculé. Elle ne demande pas, mais reçoit avec cette indifférence feinte que le donneur peut aisément prendre pour une approbation.
Les agacements répétés, les frôlements permanents, les louanges font fondre les limites de la pudeur.

Il fallait s’y attendre. Gilles prend clairement l’initiative, ils s’enlacent et s’embrassent. Ce baiser reçu c’est la reddition après un siège mené de main de maître, sous mes yeux. L’étranger est accueilli avec la fougue réservée au mari. Il faut battre le fer quand il est chaud. Fier de son succès rapide, Gilles en a les bras qui tombent: Sur l’arrière train de Rose. Ses mains s’y attardent, en mesurent encore l’élasticité ou la fermeté, attirent contre le sien le bassin soumis, prêt à se livrer. A force de passages répétés, son index a enfoncé dans la raie des fesses le tissu léger d’été. Les doigts inquisiteurs lancent des vagues de frissons, attrapent un ourlet, remontent la jupe, découvre la blancheur de la petite culotte bateau.

La place est conquise. Rose est tétanisée, abandonnée. Un doigt hardi franchit la dernière barrière, s’infiltre sous le coton, rampe vers la fente convoitée. L’autre main déballe un sein et le présente aux lèvres avides qui se mettent à téter… Ivre de sensations fortes, non seulement elle laisse faire, mais elle semble apprécier, s’ouvre au mieux pour accueillir l’attaque, ses genoux se désunissent, ses pieds s’écartent. Ils sont maintenant face à face. Sur son bras droit l’homme maintient la taille cassée vers l’arrière, suce le sein gauche découvert et promène sa main gauche animée de mouvements rapides dans la culotte légèrement dégagée. Il titille allègrement le clitoris. Sous la caresse anesthésiante, les cuisses s’écartent davantage pour abandonner à l’emprise des doigts la vulve gonflée de désir. Rose se livre avec de gros soupirs de satisfaction. Gilles va conclure à n’en pas douter, le ventre offert l’appelle.

Stop, il est temps d’arrêter ce processus irréversible. Je sors, cours à ma voiture et arrive aussitôt dans ma cour. Le klaxon confirme mon retour. Je descends lentement, sonne et attends. Enfin Rose ouvre la porte intérieure du sas. A travers la vitre je vois ses doigts nerveux essayer de reboutonner son corsage, lisser le bas de sa jupe. Un sourire forcé sur son visage congestionné ne laisserait aucun doute sur ses activités au plus cornu des maris, je l’embrasse sur une joue encore collante de transpiration. Je feins de ne pas remarquer l’émotion violente sur son visage rougi, ni les fines perles de transpiration à la racine des cheveux. Gilles cache avec gêne son érection, reste tourné vers la table comme si quelque chose d’essentiel s’y produisait. Il me voit tendre la main et est
obligé de me faire face pour me saluer. Un homme averti en vaut deux: son érection ne peut échapper à mon regard. Je joue l’innocent, je suis jovial et j’écoute avec intérêt les compliments qu’il distribue volubilement à ma Rose absolument incapable de rougir tant son visage est rubicond. Je ris avec plaisir, cocu magnifique ou presque à leurs yeux, du bon tour que je viens de leur jouer en interrompant leur délire sexuel aussi près du but.

Eh! Oui, comme il dit, j’ai une femme adorable. A l’heure présente, c’est encore la mienne, grâce à ma vigilance. Mais où vont ses rêves et son cœur? J’éprouve, maigre consolation, la satisfaction de les avoir interrompus brutalement. Je vais devoir être encore plus vigilant, si je veux protéger Rose. Il agit presque impunément. Laquelle de ses victimes irait se plaindre ensuite d’être abandonnée? A qui se plaindrait-elle? A son mari? Ce serait avouer sa faute. Pauvres midinettes rêveuses. Je la croyais avertie et prudente. Il y a des coins cachés en chacun. Je croyais la connaître. Elle reste pour moi une terre inconnue. Son obstination me désole. Elle va être la dinde de service et moi le prochain cocu. Gilles retrouve peu à peu contenance. Ils ont du mal à se regarder. Leur embarras est palpable, je feins de ne pas le remarquer. Finalement il se retire sans avoir pu en faire sa maîtresse.

Je prends immédiatement un malin plaisir à éteindre l’incendie des sens. Il l’a échauffée, je vais l’achever. A mon tour je la complimente d’avoir mérité les félicitations du maître. Comme lui je vise les joues et embrasse la bouche. A-t-elle vraiment eu le temps de se rendre compte du changement de partenaire? Je complète hardiment les préliminaires, revisite avec vigueur la fente avant, y fais rouler deux doigts, les enfonce à la limite, les agite à allure folle, les retire et applique dans l’entre fesses le majeur sur une pastille jamais pénétrée jusqu’à ce jour par moi. Des murs tombent. Je ne vais pas laisser à ce sagouin la primeur du franchissement de l’anus. J’hésite à la porte. Rose a un mouvement de recul. Mes deux doigts se retrouvent dans l’abondante mouille du vagin. Elle se tordait et s’arquait sur le bras de Gilles, elle se tord sur le mien. Ma bouche sur ses tétons ranime les pointes, bouffe les aréoles, remplace celle de Gilles et efface son souvenir. Ma main gauche chahute vulve et vagin, pince les cordes sensibles et se couvre de liqueur féminine. Je patiente, prolonge les tourments de ma bouche et de mes doigts, la conduis au délire.
Au lit! Elle ne tarde pas à réclamer la pénétration. Je monte à l’assaut pour accroître sa soif de volupté. J’use de ma bouche comme Gilles n’a pas pris le temps de le faire, j’enfourne les grandes lèvres, les mâche, les fouille de la langue en long et en large, du périnée au clitoris, lape comme un chat, recueille au plus profond les coulées de jus féminin. C’est un succès, le ventre se lève, se tend. Rose crie :

-Prends-moi, oh! Viens, viens, je t’aime, viens.

Quand prisonnier de ses doigts mon pénis la pénètre, se met à la visiter, à entrer, à sortir à revenir avec élan, elle connaît un orgasme immédiat, suivi de répliques sismiques à intervalles réguliers. Je fourbis, je fais reluire, j’épuise son envie de sexe à coups de reins. Elle ferme ses paupières, mord au sang sa lèvre inférieure, me projette en l’air et retombe comme morte sur le matelas. Il me reste quelque force. Je ne laisse plus de temps mort, reprends position, ses pieds sur mes épaules, relance le pilonnage du bassin devenu enclume, use de ma rage, pénètre, pénètre, cogne son ventre avec le mien, ahane sur l’ouvrage. Rose s’affole, se démène, en veut plus, me hurle qu’elle m’aime. Tout rentre dans l’ordre. Après le souper elle tombe de sommeil. La fin de semaine est calme.

Le mardi suivant, vers 18 heures, je sonne à la porte de Gilles. Il est à l’atelier avec sa cour féminine. Une magnifique créature, aussi blonde de cheveux que ma Rose est noire, m’accueille aimablement. Nous nous connaissons de vue seulement, notre implantation dans le lotissement est récente. Qu’elle est belle. Pourquoi son mari va-t-il rôder, séduire les femmes des autres? C’est un malade. Elle me tire de mes réflexions, me fait entrer. Comment lui dire? En termes embarrassés, j’éveille ses soupçons, je conforte ses certitudes. Elle le sait, son mari est volage; mais elle découvre qu’il a franchi une nouvelle étape. Le récit de sa tentative sur une voisine de son domicile l’étonne. J’ai de la peine à voir pleurer d’aussi jolis yeux. L’infidélité de son mari et la faiblesse de mon épouse font de nous des victimes qui se comprennent. Nous nous consolons: désormais nous serons amis et confidents, associés dans l’effort pour remettre de l’ordre dans nos ménages. Nous complotons.

Dès jeudi, depuis mon local technique elle pourra observer avec moi, la conduite de son mari et devra intervenir vigoureusement pour enrayer ses débordements amoureux. Nous avons fait connaissance, nous nous sommes compris et nous avons appris à nous estimer. Si seulement Rose se défendait, se montrait fidèle. Sylvie est mon aînée de quelques années, mais si réfléchie, si digne. Quel contraste avec la tête brûlée de ma femme entichée d’un homme qui a le double de son âge.

Donc ce soir, je me tiens ostensiblement devant le foyer, je pénètre dans la salle, je cueille Rose à la fin du cours, pour couper l’herbe sous les pieds de l’amateur de chair fraîche. Du coup le rangement est reporté à plus tard. Dépité il nous accompagne. J’ai pris possession de l’épaule de Rose. Et je me permets des familiarités devant le tentateur désappointé. Rose s’étonne de sentir ma main s’emparer d’un sein en pleine rue, en présence du soupirant frustré. Un bras descendu à sa taille, je la fais pivoter et l’embrasse avec passion comme au temps de nos fiançailles. Main dans la main nous nous élançons dans une course qui se termine par une nouvelle embrassade sans vergogne sous les yeux de ce témoin malheureux. Rose tombe dans mes bras, éclate de ce merveilleux rire qu’un baiser va cueillir sur ses lèvres. La démonstration devrait suffire, je suis le mari et lui l’amant possible seulement. Il a vu. Qu’il cherche ailleurs. Nous le saluons brièvement. Est-ce un défi ou une vengeance, il ose un « à jeudi ». Pas d’accolade ce soir, nous nous réfugions dans notre nid.

-Chéri je t’adore.

-Peut-être. Je te l’ai déjà dit, votre rendez-vous du jeudi ne m’inspire pas confiance et crée dans notre vie de couple une fêlure. Je subis parce que je veux respecter ta liberté, mais je désapprouve et je souffre de ton attitude. Tu me provoques, libre à toi. Mais il faudra assumer les conséquences

-Ton imagination te joue des tours. Nous travaillons tranquillement.

-Peux-tu me dire ce qui vous a échauffés avant mon retour, jeudi? Vous aviez l’air si excités et si embarrassés. Je soupçonne que vous avez chahuté au lieu de travailler.

-Arrête, il ne s’est rien passé. Tu es bêtement jaloux! A force c’est lassant. Tu mériterais…

-Tu étais toute rouge. N’as-tu pas remarqué que ton professeur bandait comme un âne? Je demanderai à sa femme si c’est un état naturel, ou si cela lui arrive seulement lorsqu’il est prêt à faire l’amour.

-Mais pour qui me prends-tu? Je suis une honnête femme, respectueuse de mon mariage; jamais depuis deux ans je n’ai fait l’amour avec un autre. Tu ne vas pas aller voir sa femme! Tu serais ridicule.

-Comme tous les cocus.

-Chéri arrête, viens m’embrasser, cesse de te faire des idées stupides. Fais-moi plutôt un câlin.

-Pour rien au monde. Tes agissements me révoltent. Aussi longtemps que tu recevras ce type ici, je refuserai de te traiter comme ma femme. Tu creuses entre nous un fossé. Il deviendra infranchissable.

-Mais où est le mal? Que de gens reçoivent des cours particuliers. Tous les maris ne sont pas aussi butés que toi, heureusement. Tu vois le mal partout, tu envisages le pire. Je suis ta femme, je ne vois pas le fossé en question. Si je voulais recevoir un amant, je le ferais l’après-midi quand tu travailles. Tes soupçons me révoltent aussi.

Apparemment, elle n’avait pas préparé la rencontre du jeudi soir dans la forme où elle l’a vécue; mais elle n’a pas offert de résistance à l’attaque sournoise infligée et a fini par succomber au charme du séducteur, heureuse et flattée peut-être de compter parmi les élues de son tableau de chasse. Allez donc comprendre toutes les manifestations de la vanité. Le carême est passé mais j’entre dans une volontaire période d’abstinence; cocu peut-être mais pas père nourricier d’un bâtard. Je m’endors malheureux au son des soupirs de Rose en proie à un rêve érotique.
Nous avons campé sur nos positions. Elle clame l’innocence de son comportement et moi je crains de la perdre si je révèle ce que j’ai observé. Nous ne nous sommes ni affrontés ni expliqués de peur de l’inévitable rupture.


Rose est occupée à couvrir d’une toile cirée la table de la salle de séjour.

-Donc tu t’obstines à recevoir ton maître, ici, tu ne tiens aucun compte de mon avis.

-Tu recommences, c’est affligeant. Quand me feras-tu confiance? Je ne suis plus une gamine irresponsable.

-Mesure bien les conséquences du désaccord qui nous oppose pour la première fois. Tu es en train de tuer notre amour.


Je pars pour mon tennis du jeudi. Mon rétroviseur trahit la hâte de Gilles à rejoindre Rose. Elle a transformé le salon en atelier. Comme convenu, Sylvie et moi nous installons derrière le rideau de la chaufferie. Elle occupe la chaise, je suis debout derrière elle. Son mari et ma femme sont enlacés, pressés de s’aimer avant mon retour, ils gardent le travail pour la fin de la séance. Sylvie les regarde s’embrasser à pleine bouche avec la fougue et la rage d’affamés de longue date. Leur avidité la sidère. J’appuie sur ses épaules, il n’est pas temps d’intervenir. Dans ma poche je serre la clé de la porte du sas. Qu’elle ne soit pas fermée à clé ne freine pas la fringale des amants. Sur un fond de slow, ils se déplacent, étroitement collés, bouches unies, mains impatientes en exploration. Ils se meuvent langoureux. Les boutons de blouse et de chemise sautent, les caresses se précisent sur les seins, sur la croupe frémissante ou sur la bosse du pantalon.

Tous deux sont en parfait accord. Rose se laisse lutiner et passe à l’attaque avec fièvre. Ses mains libèrent le sexe, s’en emparent et le façonnent, l’anneau des doigts refermés l’agite, dégage le gland rougi. Les barrières de la pudeur sont tombées il y a huit jours. C’est une femme mariée déterminée, pas une pucelle apeurée. La retenue n’est plus de mise. Elle s’offre aux caresses, répond aux provocations. Le volcan est entré en éruption. La nouveauté de la situation, la découverte de ce nouveau partenaire lui donnent des audaces que je ne lui connaissais pas, comme ce doigt appuyé sur le trou du cul de l’homme. Elle veut atteindre l’excellence. Pourtant avant ma déclaration de mardi, j’ai labouré et semé jusqu’à l’épuisement, remplissant les préservatifs.
Sylvie les observe avec curiosité mêlée d’indignation. Je dois stopper sa main tendue vers ma braguette. La scène l’émoustille. L‘amant qui arrache les derniers vêtements de ma femme, c’est son mari. L‘a-t-elle oublié? Tiens, Rose porte des sous-vêtements de dentelle mauve, string étroit coincé dans la raie et soutien-gorge à armature en forme de coupelles, présentoir des globes aux tétons durcis par les doigts et la bouche du goulu qui l’a envoûtée. L’action a donc bien été préméditée.
Ils sont nus. Rose empoigne le pénis tendu vers le nombril le frotte contre … un pubis chauve, fraîchement rasé! Encore une surprise pour le mari. Ce matin au sortir de la douche elle arborait comme la légion d’honneur la mousse sombre policée d’un maillot joliment tondu au dessus de sa boutonnière. Pour lui elle s’est rasée. . Plus un poil. Sous le renflement lisse du pénil pointe le haut de la fente en ébullition. Elle rit de plaisir et tire Gilles par la queue vers la table. Elle repousse pinceaux, tubes et pots. Je murmure:

-Sylvie êtes-vous rasée? Voyez ce pubis tout frais, vierge de poils. Gilles vous l’impose-t-il? Exige-t-il de vous un mont de Vénus dégarni pour créer l’illusion de connaître une adolescente impubère?

-C’est effectivement une de ses obsessions. Il me l’imposait au début de notre mariage, mais depuis n’y prête plus attention; je comprends pourquoi, d’autres femmes s’y plient.

C’est encore une fantaisie nouvelle. Rose a tout prévu, tout préparé pour donner à son amant l’impression de cueillir sa jeunesse… Gilles lui rend la politesse, dos courbé, tête plongée entre les cuisses écartées. On distingue les progrès de l’émotion sur le visage de l’amante dont la tête oscille. Selon l’intensité du plaisir ses paupières se ferment ou s’écarquillent, la bouche suffoque. Parfois d’une main elle repousse le front pour un moment de répit tant la succion est violente; sa bouche happe des bouffées d’air bruyantes. Je connais ces réactions et les expressions significatives de sa face rubiconde grimaçant quand le plaisir devient trop fort, quand le plaisir approche le seuil de la douleur. C’est beau, c’est incroyable cette jouissance. Mais c’est l’œuvre d’un autre sur ma femme! Je suis là à regarder comme un couillon, parce que je veux leur donner un dernier avertissement, à l’heure choisie, laisser une dernière chance à notre mariage.

Quelques bisous sur le pubis dégagé, puis Gilles passe une main sur les grandes lèvres en aller-retour de plus en plus appuyés. Sa main s’arrête. Rose sursaute, il a dû introduire un doigt. Oui, il porte son majeur à la bouche et le lèche. Il reprend la manœuvre, la main tournoie sous le vagin, il tend le majeur lubrifié à la bouche de Rose, en guise d’aphrodisiaque. Elle suce le doigt pointé, déguste son propre jus, se passe la langue sur les lèvres et y recueille les traces.

Des deux mains pressées sur les épaules Gilles l’a fait ployer. Rose s’agenouille devant le membre viril en érection. Nous ne voyons que le dos de l’homme. La fellation dure, dure. C’est une des pratiques préférées de ma femme. Habituellement quand elle m’entreprenait ainsi, sexe en bouche, elle semblait oublier l’univers. Elle tétait comme un nourrisson insatiable avec des grognements de plaisir, presque plus sensible de la bouche que des autres zones érogènes. Elle me baignait de salive abondante avec des bruits de pompe aspirante, yeux fermés sur la dégustation, concentrée sur l’activité quasi religieuse. Après l’acte elle gobait avec délectation la liqueur séminale gagnée à la sueur de son corps, de ses lèvres et de sa langue agile.

Gilles doit apprécier. Il a bougé pour prendre appui d’une main sur la table tant il fait d’efforts pour résister à la succion de la gourmande. A l’évidence elle veut étaler ce talent particulier, prouver à l’amant son expérience et sa compétence dans cet art, se montrer la meilleure de ses conquêtes, la plus indispensable, la dernière. Vaincre et s’imposer pour toujours! Elle engloutit et repousse, avale à fond et rejette, reprend et rend, une main enserrée sur la base de l’engin durci, l’autre calant à bonne distance la jambe tentée de reculer. Ses lèvres s’activent, la verge fait une bosse dans la joue. Je connais ses habitudes. Elle s’applique, ses doigts en anneaux montent et descendent sur la tige raide au rythme de ses lèvres. Si elle s’arrête, c’est pour lécher le gland décapuchonné ou pour le lubrifier d’un crachat.
Lèvres distendues elle avale la queue tumescente, ongles désormais plantés dans les fesses de l’amant, un doigt égratignant la corolle de son anus pour renforcer la montée du désir du mâle. Dans sa gorge elle le reçoit de plus en plus profondément, jusqu’à le faire disparaître en entier quelques secondes avant de se retirer brusquement en toussant et en laissant échapper une longue coulée de bave glaireuse. Elle reprend son souffle, guette un signe d’approbation, puis replonge par étapes acharnées pour tenter une expérience meilleure. Malgré sa hâte de passer à l’essentiel, Gilles se tord, grimace, mais attend la fin de cette démonstration époustouflante. D’un hochement de tête accompagné d’un baiser il répond à l’interrogation des yeux en larmes. Il n’est jamais avare de compliments. Ca ne coûte rien et ça va rapporter gros. Rose s’est échauffée toute seule, elle est à point!

Son membre est prêt, bandé à l’extrême, la pipe a consolidé son envie et sa vigueur. La poulette va passer à la broche. Il la pousse contre la table, passe ses mains sous les fesses rebondies, la soulève et la dépose sur le plateau, la couche sur le dos, lui ouvre les jambes, la fait glisser à bonne distance et se penche un instant sur le sanctuaire, la grotte secrète qu’elle disait mienne. Du doigt et de la langue, il vérifie l’humidité du passage. Il juge bon d’insister. Le mouvement de sa tête s’interprète facilement, Rose gémit, appelle, encourage, veut convaincre. Son visage, sa ceinture scapulaire et ses seins sont marqués du rouge qui entoure sa vulve. Sa tête décrit des mouvements désordonnés dans une mélopée gutturale émouvante qui me donne des frissons. Gilles la tourmente des lèvres et de la langue, se délecte des sursauts du bassin pris de folie, des oui et des non arrachés au corps dompté. Aucune chance que la proie ne se dérobe à la dernière seconde. Elle se rend, elle se tend, il n’y a plus qu’à la cueillir. Rose se débat comme une noyée, crie pitié, réclame « plus fort », « arrête, tu me fais mal », implore « baise-moi, prends-moi ». A voix basse j’arrache Sylvie à sa contemplation. Elle aussi est rouge. Ma verge est douloureuse

-Il faut intervenir. Voici la clé. A toi, vas-y. Fais ton travail. On se voit samedi au marché. À 10 heures.

Gilles se redresse, saisit à pleine main son pieu congestionné, en caresse la vulve en feu, où il introduit deux ou trois doigts pour élargir le passage. En connaisseur il fait aller et venir son index et son majeur en secousses vives, recourbés vers le haut du vagin, en quête du fameux point G, dans un bruit de gargouille. Rose chante son bonheur débordant, atteint un point de non retour, décolle ses fesses du bord de table, supplie, exige la pénétration comme une délivrance. Gilles pose son gland sur la vulve, fait sentir sa dureté et sa solidité, décrit quelques va et vient verticaux au contact du sillon humide, retire ses doigts, tâtonne à l’entrée pour faire monter encore l’envie. Il va porter l’estocade, pousse, entre, s’enfonce encouragé par un oh! de satisfaction au moment où la porte s’ouvre sur Sylvie. Elle l’appelle gentiment, s’immobilise et soudain entre en fureur. Elle hurle, frappe le mari pétrifié qui se retire sans précaution, fuit sous les coups, ramasse son pantalon et ses affaires, se rhabille en faisant profil bas. Rose n’a pas bougé, ailleurs, loin, surprise sur son nuage de volupté, ne comprend pas pourquoi Gilles a quitté son corps. Puis subit les coups de la furie déchaînée, croule sous les insultes, traitée de traînée, de salope, de putain, de roulure et j’en passe, enfin se retrouve sur le sol, recroquevillée, frappée de stupeur. Une si belle bouche proférant injures et menaces, c’est dire la rage qui explose après le spectacle de l’adultère cette fois physiquement consommé. Une colère accumulée pendant des années ça fait des dégâts!

Je file jusqu’à ma voiture, laisse Sylvie cogner l’une ou l’autre, s’époumoner en cris aigus, renverser des chaises. Gilles pris en flagrant délit au plus haut de sa fièvre sexuelle, n’en mène pas large, ne cherche pas à apaiser la juste colère. De ma voiture je vois le mari partir à pas précipités, tête basse, pour fuir les vociférations qui le poursuivent sous le regard des voisins ameutés par les cris de cette actrice consommée. Elle aura des témoins si besoin est.

Je regagne mon logis. A terre, dans le sas gît la clé de la porte. Rose ne veut pas faire un tour du jardin avec moi, des voisins discutent encore, tournés vers notre maison. A l’intérieur tout est net, seules des taches de peinture au sol révèlent qu’il y a eu accident. Compas des jambes grand ouvert, une éponge à la main, Rose penchée en avant, tente d’effacer cette trace d’un pot malencontreusement tombé pendant l’activité artistique, dit-elle. La pose dévoile son intimité nue. Je passe une main sous la jupe et l’envoie avec précision sur la cible visée, touchée et percée par l’autre. Plus de culotte et pour cause. J’en profite pour envoyer un index en éclaireur. C’est trempé, mais mon doigt ne rencontre pas de sperme crémeux. Sylvie est arrivée à temps.

-Oh! Toi, tu ne changeras jamais.

Un autre jour ce serait un compliment.

-Toi non plus. Tu es tellement pressée de me faire l’amour que tu as déjà enlevé ta culotte. J’en suis ému. Deux jours sans sexe et te voilà trempée à m‘attendre. Sens mes doigts couverts de mouille. Allez, viens, je vais calmer tes ardeurs. Tu as besoin d’un grand coup de lance à incendie. Ton pompier est là. Je sentais que tu en mourais d’envie, j’ai hâté mon retour. Moi aussi je te désire, mon amour.

Qui sait, tout n’est peut-être pas perdu. Gilles menacé de divorce va réfléchir. Quoique Rose risque d’avoir pris goût à la diversité.

Elle est restée penchée, mon majeur entre dans le conduit huileux. Après la tentative avortée elle n’a eu le temps ni de remettre une culotte ni d’essuyer ses sécrétions. La brutalité de l’intervention de Sylvie l’a bloquée, je redonne vie à son envie, la redresse, lui prends la main, la culbute sur le plateau de la table, à la manière de l‘autre, puisqu‘elle aime ça! Je lui retire la jupe, découvre avec une surprise feinte le mont de Vénus rasé, la complimente et la remercie pour l’intention, regrette à peine les bouclettes qui repousseront. Profitons immédiatement des bonnes dispositions éveillées par l’habileté du frustré. Il a bien œuvré et je recueille les fruits de son application, avec amertume certes. Il venait de pénétrer, je pénètre. Ah! Si le malheureux en butte aux reproches de sa belle, voyait et entendait la jouissance de ma femme. Il a bien travaillé, mais j’ai parfaitement pris la relève. Au village de mon enfance, un mâle servait à détecter et préparer les juments en chaleur. Ce boute-en-train précédait l’étalon reproducteur ainsi ménagé.

Rose m’aime, me serre sur son sein bouillant, se frotte à moi, appelle l’orgasme, y parvient en un temps record, le double! Le malheureux séducteur l’a allumée, je lui succède avec efficacité, sinon avec joie, toujours prisonnier d’un préservatif. Rose pour une fois ne l’a pas imposé, mais je me méfie des gens qui multiplient leurs conquêtes d’un jour. Le sida et les maladies sexuellement transmissibles n’ont pour moi aucun charme. J’évite d’embrasser la bouche polluée.

-Pourquoi ne m’embrasses-tu pas?

-Ton haleine est fétide. Tu as mal digéré le dernier aliment que tu as ingurgité. Ca sent un peu comme du rognon mal nettoyé, un arrière goût d’urine assez répugnant.

. Se doute-t-elle que je sais ou a-t-elle peur d’avoir été trahie par son haleine? A-t-elle honte, a-t-elle des remords ou des regrets? Rouge pivoine, elle se relève et court se laver les dents et se rincer la bouche afin d’effacer l’odeur du sexe d’homme et le souvenir de la pipe royale

-As-tu avancé ton ouvrage aujourd’hui? Il doit prendre forme et tu devrais me le montrer.

- Ah! Ca t’intéresse? En réalité nous n’avons pratiquement rien fait. Nous étions en train d’entrer dans le vif du sujet, sa femme est venue lui annoncer une visite. Nous avons été interrompus au plus mauvais moment. Gilles s’est excusé et a disparu. J’aurais tellement aimé terminer ce que nous venions de commencer.

La bouche parle de l’abondance du cœur. Comme je la comprends. Le double sens de la phrase est révélateur! Hypocrite je la console:

-Ce n’est que partie remise. Il est désagréable d’être stoppé dans son élan. La prochaine fois enfermez-vous à clé pour ne pas être dérangés en pleine action.

En attendant je reprends le chantier, toujours sur la table. Je veux lui faire oublier la désastreuse et traumatisante arrivée de Sylvie. Son nouvel orgasme n’attend guère, elle peut m’embrasser. Pendant la pose j’avance:

-Gilles reviendra certainement jeudi prochain pour achever votre œuvre et combler tes désirs. J’aimerais vous voir aboutir au plus vite. Nos voisins pourraient s’étonner de l’assiduité du formateur en mon absence

-Tant pis si les voisins ont l’esprit mal tourné. Quand je décide de faire quelque chose, je vais jusqu’au bout!

Aller jusqu’au bout? Parle-t-elle e la décoration du foulard? Ou pense-t-elle à sa partie de jambes en l’air? Son jusqu’au-boutisme m’exaspère.

-Et cette madame Gilles, comment est-elle?

-C’est une belle blonde. A peine avons-nous échangé quelques mots. Elle semblait agréable mais était pressée. Le mari d’une aussi belle femme ne peut pas vouloir la tromper. Quand je pense à tes soupçons!

Je la descends de son perchoir, la fait pencher, bras en appui sur la table, pieds éloignés et la console dans cette position. Et puis il faut courir au lit. Cette fois elle prend le dessus. Elle veut en finir, chasser la tension. C’est une envolée fantastique. Sa mauvaise fréquentation lui aura au moins débloqué quelques tabous et développé l’imagination. Il faut voir comme elle s’applique à faire coulisser mon instrument dans sa gaine. Le claquement de ses fesses sur mes cuisses va de plus en plus vite, Rose marque la cadence en faisant des heu et des han de plus en plus rapprochés, et subitement s’immobilise, se contracte, yeux recueillis sur sa jouissance, m’inondant de gouttes de transpiration dans un concert d’onomatopées inintelligibles. Le sentiment de partager ce corps avec un autre gâche mon plaisir. Que dire, que faire? Qui aime-t-elle vraiment? Je veux savoir. Vivre dans l’incertitude, craindre continuellement d’être trompé m’est insupportable.

Le spectacle de l’adultère, même stoppé, à lui seul devrait me décourager. Mais les moments d’intimités suivants laissent un peu d’espoir. Si Rose m’est fidèle à l’avenir, je pourrai ensevelir ce souvenir douloureux sous celui des jours heureux vécus à deux. Mais si elle recommence, je m’estimerai condamné à la perdre. On peut se tromper, commettre une erreur. Si cela devient une habitude, il faut savoir y mettre fin. Si Rose n’est pas satisfaite de notre mariage, si elle pense trouver ailleurs son bonheur, je lui rendrai sa liberté. Je dois m’y préparer. Son récit de l’arrivée de Sylvie est un tissu de mensonges. Toute discussion sur le sujet ne servira donc à rien. Pour ne pas laisser pourrir la situation, je vais la mettre au pied du mur. Je sais comment.

Le vendredi, au retour du travail, j’annonce d’un air détaché:

MA chérie - j’ai du mal à employer le mot- je suis envoyé à Paris mardi pour une réunion tôt le mercredi matin, afin de maîtriser notre prochain logiciel. Mais jeudi, pour te voir à l’ouvrage avec ton maître, je sauterai mon entraînement de tennis. J’y tiens absolument

-Je ne sais pas si Gilles sera d’accord. De plus, sera-t-il encore disponible la semaine prochaine? J’ai compris le système et je devrais me débrouiller à l’avenir avec les séances du mardi soir.

- Rose, nous avons eu un différend ces derniers temps. J’aimerais me faire pardonner mes soupçons. Je te propose de prendre huit jours de congé. J’ai un prospectus de voyage organisé aux châteaux de la Loire. Le départ est prévu le jeudi matin. Cette escapade nous permettra de nous retrouver et de consolider notre couple. Nous allons nous détendre ensemble, oublier tous nos problèmes et repartir du bon pied.

--C’est merveilleux. A condition que mon patron me lâche une semaine.

-J’en fais mon affaire. La situation actuelle est devenue insupportable pour moi.

--Pour moi aussi. Cachotier, tu aurais pu m’en parler avant de décider. Bien sûr, je suis enchantée mais ça va poser des problèmes. On aurait pu choisir les dates ensemble. As-tu pensé à la dépense?

Etre heureux et unis, ça vaut tout l’or du monde.

-Oh! Mon amour que tu es chou! Mais, ça m’ennuie de t’en parler, je vais manquer le cours du mardi et peut-être ceux du jeudi à la maison.

-Je pensais te faire plaisir. A toi de voir ce qui te paraît le plus important, notre mariage ou tes foulards de soie. Les inscriptions pour le voyage seront closes samedi à 16 heures. Donne-moi ta réponse demain à midi.

Enchantée? Pourquoi ces réticences? « Oui ….mais. » Les cours du jeudi? Elle se contredit.

-Demande à Gilles de décaler ses cours. Pendant notre absence qu’il s’occupe de Sophie, tu le retrouveras plus tard. Simplement, en contrepartie de mon congé, j’ai dû accepter la réunion à Paris. Si tu prépares les valises nous démarrerons le jeudi matin. Ca te va?

- C’est la solution, reporter les cours! Que faut-il que je te prépare, mon amour, pour ton séjour parisien?

Je n’en reviens pas. L’idée m’est venue il y a une minute en voyant ce prospectus. J’ai trouvé le moyen de les séparer, de remettre nos pendules à l’heure dans le calme. Demain je téléphone pour les réservations et la mise en place de l’ensemble du projet. Et dans huit jours nous oublierons le joli cœur de quarante ans, ce vieux cochon amateur de jeunes femmes fragiles. Je le hais. En deux jeudis et un mardi, il se sera épris de Sophie, Sophie sera heureuse d’avoir supplanté ma Rose. Rose en souffrira-t-elle? Je serai là pour la consoler. Elle finira par démasquer l’imposture. Je n’aurai perdu ni mon temps ni mon argent, ni ma femme surtout. Je suis cependant étonné d’avoir réussi à la convaincre avec le report des cours. Pour la bonne cause, j’ai un peu menti, il me reste aussi à convaincre son patron.

-Paul, ça m’ennuie d’en parler encore, mais manquer le cours me chagrine. Que va penser Gilles? Au moins, mardi, pendant que tu seras à Paris, je pourrai aller à l’atelier?

-Si ça dépendait de moi, tu chercherais autre chose, je n’aime pas ce bonhomme. C’est instinctif, plus fort que moi. Il me semble fourbe, n’a pas l’air catholique. Et sa réputation me fait redouter le pire.

-Mais non, ton instinct te trompe. Si tu le connaissais mieux, tu en ferais ton meilleur ami.

-Dieu m‘en garde. Je sais trop que le meilleur ami d’un homme est celui qui lui ravit sa femme dans les histoires de cocus.

Si elle savait ce que je sais. L’orage est passé, le vent a chassé les nuages. Il ne reste plus de traces en dehors d’un léger tremblement des mains, un peu de sang dans le blanc de l’œil et des regards obliques vers la porte d’entrée, comme si elle craignait un retour de la mégère déchaînée qui hier l’a secouée, griffée, couverte de bleus et de mots orduriers.

- Cocu? A la fin, que veux-tu? Je vois que tu ne me fais toujours pas confiance et que ce cours à domicile te déplait. Pourtant, tu sais il n’y a rien entre le professeur et l’élève. Nous ne sommes plus des adolescents et je suis ta femme aimante et fidèle. Puisque tu veux m‘offrir ce voyage, je renonce à ce cours particulier. Ca te satisfait ? Je l’annoncerai à Gilles mardi soir. Donc cesse d‘être jaloux. Allez, fais-moi un câlin

Résolution facile à prendre. Sylvie devait exiger la suppression pure et simple de ces rendez-vous dissimulés en cours. Rose dépose sur ma joue un baiser sonore. Traîtresse! Je sais qu’elle m’est fidèle (tiens donc), qu’il n’y a rien entre elle et son amant (tiens encore). En réalité elle y est contrainte et sa renonciation est pure tromperie supplémentaire. Elle n’a honte de rien! Quel masque. Je décide de charger la barque.

-Quel revirement! Si tu fais une telle concession, Rose, je suis tout disposé à en faire une à mon tour pour te prouver que j’apprécie ta décision au plus haut point. Désormais le jeudi, je n’irai plus au tennis et je vous tiendrai compagnie. Je sais parfaitement que je peux te faire confiance et que tu es fidèle. Donc je souhaite vraiment que tu te perfectionnes. Il faut absolument que tu laisses s’épanouir tous ces dons que Gilles te reconnaît. Cette admiration presqu’amoureuse, il faut que tu en tires avantage pour faire apparaître au grand jour ton talent. Ton maître a pour toi de l’admiration, cela doit te booster, te pousser à te dépasser, à te donner, à te livrer à fond, passionnément. C’est, si j’ai bien compris, une chance unique que Gilles ait remarqué tes qualités et qu’il ait décidé de te prendre en main et qu’il te pétrisse comme un kaolin dont on tire les plus belles porcelaines. Ne renonce pas maintenant. Je m’en voudrais toute ma vie d’avoir empêché cette relation privilégiée entre un maître et son élève.

Sent-elle l’ironie dans l’exagération? Elle boit mes paroles comme du petit lait.

-Par ma présence discrète je serai garant de la bonne conduite de Gilles. J’entendrai avec plaisir vanter ton intelligence et ta sensibilité artistique. C’est flatteur pour un mari. Donc tu dois continuer.

Je suis contre Rose et je joins le geste à la parole, mes doigts la pétrissent. Je saisis Rose à la taille, je presse ses seins dans mes mains, je m’empare de sa croupe, je caresse son dos, je l’embrasse

-Il te façonne, il te révèle à toi-même: c’est un travail mental et physique simultanément. Par ses conseils et dans ses mains il te transforme en une autre, il te serre, il te monte à la température idéale, tantôt il tâte, tantôt il caresse ou flatte, il te prépare. Il te sépare de l‘ancien, du quotidien, il fait de toi une femme nouvelle. Tu vas être son œuvre si tu sais accueillir en toi tout ce qu’il saura y déverser, tu vivras des moments mémorables, fondateurs d’une vie plus pleine, plus intéressante.

Je la transforme en torche. Résultat de mes caresses ou de l’image du sperme de Gilles s’épanchant en elle?

-Oh! Mon amour, que c’est bon, je me sens toute chose, tu me donnes envie.

-C’est un peu une sorte d’acte d’amour, d’échange de deux âmes. Sa pensée pénètre la tienne, il se fait toi, comme si son corps te pénétrait, prenait possession du tien.

Hier il l’avait effectivement pénétrée de son membre, en bouche et en sexe!

-Enfin mon chéri tu comprends ma passion. Merci pour tes encouragements. Fais-moi l’amour!

Je l’ai poussée vers notre lit, je prends possession de ce corps, j’accomplis au sens propre ce qu’elle pourrait transposer du sens figuré. Je répète les gestes de l’amant évincé. Ce sont mes doigts, mes mains, mes lèvres qui la parcourent, qui chauffent ses sens. C’est mon sexe qui la pénètre pour l’acte d’amour. Mes paroles pénètrent sa pensée, nous sommes unis, ne faisons plus qu’un.

-Pour un peu, je dirais que grâce à Gilles tu te trouveras enceinte… de ton art. Cette relation, je l’ai compris, porte en elle les germes de l éclosion d’une vraie artiste. Ne te décourage pas, ne rejette pas cette occasion rare de faire féconder par ce maître ces possibilités qui attendent en toi de grandir et de se manifester. Encore un peu de patience et de persévérance, aie foi en toi et en lui et tu vas accoucher d’une œuvre magnifique, d’un enfant unique, fruit de votre amour commun de l’art

Elle jouit, j’éjacule dans mon préservatif, elle ne sera pas enceinte de moi aujourd’hui.

Nous reprenons notre souffle.

- Donc je veux que tu lui laisses le temps de mettre en toi la semence de ces moissons futures. Si quelqu’un trouve à redire aux visites de Gilles chez moi, je lui dirai que c’est moi qui le veux: vous serez à l’abri des cancans, surtout si j’assiste discrètement à ces moments de communication profonde, de communion spirituelle et charnelle.

Mes paroles la bouleversent ou ma présence physique suffit-elle? Toujours est-il que Rose m’embrasse amoureusement et se livre charnellement. Notre compromis a mis fin à notre bref carême.

J’espère que ma présence ne nuira pas à cette nécessaire interpénétration, à l’intimité indispensable pour connaître l’ineffable état de grâce où seuls parviennent les vrais artistes, ce septième ciel de ceux qui osent. Et s’il faut que je me prive de quelques autres parties de tennis, je le ferai volontiers. Ce compromis te convient-il?

Elle vient d’arriver au septième ciel sous mes coups de boutoir. Sa réaction se fait attendre.

-Eh! Bien, tu es surprenant. Tu vitupères, tu menaces et la minute suivante tu proposes d’assister aux cours. Je ne veux pas que tu sacrifies ton tennis. C’est trop te demander. Je refuse de te donner l’occasion de te plaindre de moi. Je t’aime trop. Et je me réjouis de partir en vacances avec un mari délivré de ses démons de jalousie.

-J’ai compris le sens de la relation fusionnelle nécessaire entre artistes. Je n’ai plus aucune raison d’être jaloux de ce qui vous rend si proches. Je croyais que vos retours à pas lents par le chemin le plus long, bras sur l’épaule, corps rapprochés, bisous de séparation dans la rue, étaient des promenades romantiques d’amoureux. Je sais maintenant que c’était des moments de transmission artistique, de partage d’une passion commune; et ça change tout. Si je suis jaloux, vois-tu, c’est de ne pas pouvoir vous suivre dans ce registre, de ne pas être capable de goûter à ce pur bonheur avec vous. Je mendie l’autorisation d’assister, tapi dans un coin, à ces moments sublimes de l’éclosion de ton bonheur. Je me ferai tout petit pour te voir jouir des bonnes dispositions de ton maître et de ses bons conseils.

Ne suis-je pas parfait dans ce rôle du cocu qui se réjouit de l’évolution de sa femme: Il n’est pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Moi, j’en ai trop vu pour reculer. J’entre dans le personnage que Rose m’a attribué dans son exaltation amoureuse. Elle a bu mon envolée avec un plaisir évident. A-t-elle saisi au passage tous les termes évocateurs de la relation amoureuse? Mon enthousiasme feint va-t-il semer le doute ou la remplir de certitudes? Ses travaux artisanaux ne méritent certainement pas un éloge aussi excessif, seule la passion amoureuse aveugle peut lui faire gober ces propos dithyrambiques. Comment fait-elle pour ne pas soupçonner l’ironie que charrient une telle exagération et les allusions à sa conduite scandaleuse en compagnie du mentor?

-Mais laisser tomber le tennis, n’est-ce pas un trop gros sacrifice pour toi?

-Que ne ferais-je pas pour toi? N’oublie pas nos promesses de mariage: c’est du sérieux, un mari doit comprendre les aspirations et tous les besoins de son épouse. Il doit en permettre la satisfaction.

- Pour ta tranquillité il serait préférable que je change d’atelier. Puisque tu insistes, je verrai avec Gilles s’il accepte que tu suives son cours à domicile.

-Cependant, si Gilles refuse ma présence, prends tes rendez-vous ailleurs que dans notre salon ou dans notre lit. Ici, plus jamais sans moi. Va faire tes cours particuliers dans une chambre d’hôtel où tu ne seras pas dérangée.

-Il n’est jamais venu dans notre lit. Tu dérailles! Pourquoi une chambre d’hôtel?

-Je décide de lui interdire notre porte en mon absence. Je me demande combien de temps encore je vais supporter de vivre avec une femme qui se paie ouvertement ma tête: « Tu vas demander à Gilles s’il accepte? » Et quoi encore? Qui est ton mari? Gilles ou moi ? C’est à moi de décider, pas à Gilles. Inutile de pleurer, tu sais mieux que moi les raisons de ma colère. Je t’ai proposé un compromis, c’est à prendre ou à laisser.

Franchement, ces larmes de crocodile, après le spectacle de son accouplement adultère, ne me touchent plus.
Car elle sait ce qu’elle a fait! Après les larmes, elle recourt aux bisous.

-Dormons avant de nous fâcher gravement, toujours à propos de ce Gilles. Tu as jusqu’à samedi midi pour me dire ce que tu auras décidé. Bonne nuit.

-Bon, j’accepte ce compromis. Bonne nuit mon amour.


Je n’ai rien à faire à Paris mardi prochain. Si Rose et Gilles veulent se revoir, l’occasion que je leur sers sur un plateau est trop belle pour qu’ils la manquent. Je serai présent à mon observatoire, je m’y introduirai pendant la séance d’atelier d’art et je n’y serai pas seul. Sylvie ne devrait plus fermer les yeux sur les agissements de Gilles.

Le samedi matin, en plein marché, sous les fenêtres du magasin de confection où travaille Rose, je rencontre Sylvie. J’écoute avec jubilation le récit de son intervention. Gilles rampe à ses pieds. En cas de divorce, il aurait gros à perdre: une femme splendide - c’est mon avis- et sa riche dot de fille unique qui a servi en partie à construire leur pavillon. Il a juré que jamais plus Sylvie ne le surprendrait en pleine fornication et qu’il ne mettrait plus les pieds chez moi. Nous traduisons: Il prendra plus de précautions la prochaine fois. C’est d’une drôlerie qui nous fait pouffer. Elle me peint aussi Rose, à genoux devant elle, suppliant de ne rien me révéler, promettant de ne plus recommencer, renonçant solennellement aux cours à domicile.

Je lui expose mon plan destiné à éprouver la sincérité de leurs déclarations. Sauront-ils respecter leur parole ou vont-ils récidiver? Je serai supposé absent mardi soir. Sylvie va se faire appeler chez sa mère souffrante et y passer la même nuit. Elle s’arrangera pour boucler sa maison, elle sait comment. En signe de réconciliation avec son mari, dans la nuit de lundi à mardi elle lui imposera de remplir son devoir conjugal, le mettra sur les genoux. Enfin nous nous retrouverons chez moi pendant la séance d’atelier. Si les deux coupables profitent de nos prétendues absences, se retirent dans ma maison, ils devront payer le prix fort: le divorce. Espérons que l’intervention de Sylvie les aura convaincus de renoncer à leur liaison.

-Chez toi, as-tu senti un mieux. Où en es-tu avec ta femme?

-J’ ai laissé à Rose le temps de se remettre de la tempête. Elle n’avait pas avancé son ouvrage parce que tu étais venue chercher ton mari pour recevoir ses visiteurs. Elle a une imagination féconde. Elle ment, ce n’est pas bon signe.

Malgré nous, nous mélangeons tutoiement et vouvoiement. Nous partageons un lourd secret, mais sommes encore étrangers.

-Elle t’a trouvé aimable, mais a regretté de n’avoir pas pu faire connaissance plus longuement ! Tu n’as pas tapé assez fort… Sa fièvre amoureuse aurait pu faire mon bonheur. Elle m’a offert le sacrifice de l’abandon des cours particuliers; j’ai proposé de les continuer mais en ma présence. Ce serait la fin des rencontres amoureuses. Elle a ergoté puis accepté.


Curieusement nous partageons l’idée que nous les laisserons assouvir complètement leurs désirs, jusqu’à plus soif, jusqu’à épuisement.

Nous nous séparons. J’utilise la liste de courses établie par Rose pour faire des achats.

Rose revient vers 12h 15. Elle m’enlace et m’embrasse mieux qu’elle ne le faisait depuis une quinzaine de jours, babille, s’amuse à vérifier les courses. Elle a bien de la chance de pouvoir compter sur son mari pour les courses.

-Toutes mes copines de travail n’ont pas un mari aussi complaisant.

L’emploi de ce mot est-il volontaire? Dans le contexte actuel, je peux comprendre: qui fait preuve de trop d’indulgence envers sa femme, comme d’autres pourraient entendre en temps normal : qui cherche à plaire à sa femme.

-Tu as rencontré des connaissances au marché? Depuis le magasin il m’a semblé te voir en pleine conversation avec une jolie blonde. Qui était-ce? De quoi aviez-vous donc à parler si longtemps? Tu me ferais des infidélités?

Veut-elle encore m’humilier? Je serais complaisant et infidèle. Ce qui excuserait son inconduite si je venais à l’apprendre.

Le magasin de confection est situé à l’extrémité sud de la place et, du premier étage, on voit tout ce qui s’y passe. Donc Rose a surveillé mon entretien avec Sylvie. Il serait étonnant qu’elle n’ait pas reconnu mon interlocutrice. Notre rencontre l’intrigue: Sylvie m’aurait-elle raconté la version réelle de sa visite du jeudi? La situation est cocasse. Je prends plaisir à faire traîner mes réponses.

- Serais-tu jalouse parce que je parle à une jolie femme sur la place du marché? Ne puis-je m’entretenir qu’avec des laiderons? Souviens-toi, il y a quelques jours tu m’as demandé de te faire confiance. C’était à propos de ton cours particulier à domicile avec Gilles, le tombeur du foyer, le briseur de ménages. Entre une femme qui reçoit un séducteur à domicile alors que son mari est absent et un mari qui discute sur une place de marché avec une femme, sous les fenêtres du lieu de travail de son épouse, quelle situation peut le mieux générer une crise de jalousie? Qui de nous deux serait le plus en droit d’être jaloux? A mon tour de te demander de me faire confiance.

-Moi, je te fais confiance, je ne suis pas jalouse.

Hélas. Rose pique un fard, ma question l’embarrasse. Elle craint que Sylvie ne m’ait renseigné sur son activité amoureuse avec son mari. Ma rencontre avec la femme qui a découvert le pot aux roses de Rose l’intrigue. Sa conduite à venir en dépend. Elle a besoin de savoir si je sais; donc elle revient à la charge.

-Tu ne m’as toujours pas dit qui était cette blonde: c’est un secret?

-Non assurément, c’est presque une voisine. J’ai été très étonné qu’elle m’arrête pour parler. C’est la première fois qu’elle m’a adressé la parole depuis que nous habitons ici. Je pensais que tu la connaissais, elle ne m’a parlé que de toi: c’est la malheureuse femme de Gilles.

-Ah! C’est étonnant, nous nous connaissons à peine. Mais pourquoi dis-tu « malheureuse », s’est-elle plainte?

Comme je le pensais, c’est toute la question.

-Non. Je pensais à la réputation sulfureuse de son mari. Pourquoi serait-elle la seule, toi mise à part, à ne pas en avoir entendu parler, la pauvre?

Qu’a-t-elle bien pu te dire à mon sujet? Beaucoup de bien, j’espère!

-En effet j’ai subi la litanie de tes louanges. J’ai presque senti de l’agacement dans sa voix. Il paraît que son mari t’adore. Il te trouve des tas de qualités, de l’intelligence artistique, une sensibilité peu commune, beaucoup de passion quand tu poursuis un but, une approche des gens sympathique qui fait qu’on ne peut pas ne pas t’aimer. Il a même cité tes formes physiques comme modèle de corps féminin. As-tu posé nue comme modèle pour une de ses peintures? Et pendant qu’elle me répétait tout le bien que son mari dit si souvent de toi, j’avais la sensation que tu lui inspires une sorte de jalousie. Et vas-y: La souplesse de ton corps, la grâce de tes gestes, la profondeur de ton regard, l’attention affectueuse que tu réserves à l’homme, la sûreté de ton goût en matière d’habillement, la discrétion de ton maquillage, la douceur des traits de ton visage, et surtout ta capacité à saisir immédiatement les consignes et la simplicité avec laquelle tu reçois les remarques, ton adaptation naturelle aux situations nouvelles, ta disponibilité exceptionnelle pour les expériences, enfin la vénération que tu lui portes: cette femme est exaspérée de tous ces compliments à ton adresse devant elle. La liste est tellement longue que je crains d’en avoir oublié ou d’en avoir changé l’ordre.
Elle, sa femme, n’a jamais obtenu la moitié de ces louanges. J’aurais bien de la chance de posséder une telle perle et pour me taquiner elle m’a lancé en me quittant que je devrais veiller attentivement à ne pas me la faire voler, ni par son mari, mais elle veille au grain, ni par un autre. Je sens qu’il y avait comme un avertissement. Tu ne te serais pas montrée avec un autre homme? Te soupçonnerait-elle de flirter avec son mari?

- Ca alors, il a fallu qu’elle te mette des idées bizarres en tête. Mon Dieu, mon chéri, j’en suis toute gênée. Que vas-tu imaginer? Qu’est-ce qui lui prend à cette bonne femme? Qu’elle surveille son mari si elle est jalouse, mais qu’elle ne s’amuse pas à briser le ménage des autres. Viens que je t’embrasse. Elle ne t’a rien dit d’autre? Je parie qu’elle me déteste et qu’elle essaie de te monter contre moi. Pourquoi s’acharne-t-elle sur moi? C’est vraiment injuste.

-Ma chère Rose, que décides-tu à propos du compromis que je t’ai présenté.

-A la réflexion, je refuse. Je n’ai pas consulté Gilles. C’est contraire à ma dignité. C’est une atteinte à mon honneur. Je n’accepte pas ta surveillance constante, ta présence d‘inquisiteur, tes soupçons injurieux. Ou tu me fais confiance ou nous devrons nous séparer. Ne compte pas sur huit jours de vacances pour me faire changer d’avis. Tiens, invite ta superbe blonde à t’accompagner aux bords de la Loire! Vous ferez un beau couple de jaloux.

Cette fois je vois rouge. J’ai fait des efforts, tout arrangé pour de belles vacances entre époux, pour tenter de lui plaire, je suis bien mal récompensé. Alors j’éclate, sans l’avoir prémédité.

-Le culot! Puisque tu m’y forces, je vais te mettre les points sur les i. Ta dignité, ton honneur, ta fidélité et je ne sais pas quoi encore: Ce ne sont plus que des mots creux. Tu menaces de te séparer de moi? C’est-ce que tu as de mieux à faire! Etre jaloux c’est craindre de perdre l’être qu’on aime. Je n’ai plus de raison d’être jaloux puisque je sais que tu me trompes avec Gilles. Tu peux me quitter, puisque tu ne m’aimes plus.

-Je le disais, cette malade t’a monté la tête. Je ne t’ai jamais trompé. Qu’elle raconte ce qu’elle veut. Si son mari la trompe, c’est bien fait pour cette folle, mais ce n’est pas avec moi. Tu vois, ça me fait dérailler, je n’ai pas l’intention de te quitter. Mais pour l’amour de Dieu, fais- moi confiance. Je t’aime.

-Encore te faire confiance? Tu ne le mérites pas. Bon, écoute cette histoire.

-Chapitre premier -Un mari jaloux fait semblant d’aller au tennis, revient à la maison, voit sa femme prise en main par un prétendu professeur. Au moment où le tentateur lui met la main dans la culotte, le mari annonce son retour à coups de klaxon. Imagine ce que ressent le malheureux homme ? Il met sa femme en garde.

Rose est frappée de mutisme.

-Chapitre 2. -Une semaine plus tard, le même mari, qui a renoncé au tennis, du même observatoire, où il a invité comme témoin l’épouse du professeur, assiste en silence à son cocufiage. La femme du professeur se manifeste, houspille la salope, emmène son mari, le menace de divorcer en cas de récidive. Le séducteur prétend avoir été victime des avances de la grue et obtient le pardon.

Je te pose trois questions :
Selon toi, le cocu a-t-il tort de refuser l’accès de sa maison à un professeur qu’il a vu plonger son vit dans le vagin de sa femme, couchée nue, jambes ouvertes sur la table du séjour. Celle-ci vient de lui faire une fellation d‘anthologie quelques minutes avant l’accouplement.

Pour quelle raison le mari n’a-t-il pas chassé la femme adultère aussitôt?

Pour quelle raison la femme resterait-elle avec un mari complaisant dont elle trompe la confiance, au moins une fois par semaine, le jeudi sûrement, le mardi peut-être et pourquoi pas d’autres après-midi?

Je te laisse réfléchir, je vais faire de même en marchant. A mon retour, si tu es partie, la situation sera réglée, tu me diras où déposer tes affaires... Je ne saurai jamais pourquoi cette femme a agi aussi faussement.
Si tu es encore là, tu répondras à mes questions ou je te mettrai à la porte si tu n’es pas capable de me trouver pourquoi un mariage peut survivre au déshonneur, à l’indignité, à l’infidélité et à l’abus de confiance.

Rose n’est pas partie. Elle en convient, le mari est en droit d’exiger que les cours aient lieu en sa présence. Si le mari n’a pas chassé l’épouse, c’est parce qu’il l’aime et si l’épouse ne le quitte pas c’est parce qu’elle aime son mari

-Ma chère tu n’as pas compris qu’il n’est plus question du compromis. Deux fois je t’ai vue, soit sur le point de me tromper physiquement, soit en plein adultère ventre envahi par le membre de Gilles. Chaque fois mentalement tu t’offrais. Deux fois tu as trahi la confiance que tu me réclamais, deux fois tu as traîné ta dignité et ton honneur dans la boue, deux fois tu as manqué à tes engagements de mariée. Apparemment c’est anodin pour toi.

-J’ai conscience d’avoir commis une énorme erreur. Ce que j’ai fait est très grave. Mais je continue à t’aimer

-Pour moi il y a trahison. Le moins que tu puisses faire, si tu m’aimes et si tu veux que nous puissions vivre ensemble comme des mariés, c’est de prendre immédiatement des engagements solennels. L’adultère consommé et assumé, il t’est possible de renoncer au lien du mariage et de me quitter. Je refuse toute solution intermédiaire.
Choisis, moi, ton mari ou Gilles, ton amant. Car au stade où Sylvie vous a interrompus vous étiez amants, chairs étroitement unies. L’effet de surprise, selon Sylvie a rendu Gilles incapable de se détacher de ton sexe pendant quelques minutes. Elle a dû vous jeter une bassine d’eau froide pour vous décoller. Qui choisis-tu?

-Le choix je l’ai fait le jour de notre mariage.

- Littérature. Il y a les mots et il y a les faits. Jeudi, en fait, tu as choisi Gilles. Aujourd’hui, en invoquant ton honneur et ta dignité pour continuer de refuser ma présence, tu as renouvelé ce choix. Si c’est lui que tu choisis contre un mari cocu traité d’inquisiteur, la solution raisonnable est de rompre notre mariage.

-Je t’aime et je ne veux pas te quitter.

-Quelle conclusion s’impose dans ce cas? Tu l’aimes donc tu me quittes ou tu m’aimes et donc?

-Je le quitte. Mais je n’ai pas à le quitter, je ne vis pas avec lui.

-Tu ergotes. La solution c’est: tu n’as plus aucun contact avec ce Gilles, ni ici, ni ailleurs. Je veux bien oublier ce que j’ai soupçonné à juste raison, ce que l’observation a confirmé. Mais tout contact avec ce monsieur, sous quelque forme que ce soit, sera à l’avenir considéré comme rupture définitive avec moi. Le refus de cette solution correspond pour moi au même résultat: le divorce.

-Je pourrai quand même aller chercher mes affaires mardi au foyer et lui dire au revoir?

-Si c’est ta dernière invention pour me prouver que tu tiens à lui, je te conseille de préparer tes affaires tout de suite, de chercher un point de chute, parce que mercredi, je ne ferai plus de sentiment, notre mariage aura définitivement vécu. Nous commencerons par une séparation puis nous divorcerons.

-Et si je veux rester ici, pourquoi ne partirais-tu pas?

-Relis notre contrat de mariage et les actes qui concernent nos emprunts pour la maison, tu auras la réponse.
Je me plie au choix de ton cœur, je n’insisterai pas pour vivre avec une femme qui se donne à un autre. Puis-je te poser une dernière question: pourquoi as-tu voulu faire l’amour avec cet homme marié?

Grand silence. Elle a fait. Elle voudrait comprendre, hésite. Après une rapide introspection, sans oser me regarder:

-J’en ai eu envie. Les femmes racontaient que c’était un grand séducteur. J’ai voulu savoir ce que c’était, faire une expérience. Mon but n’était pas de te tromper. J’ai été poussée par une sorte de curiosité, par un besoin de savoir. Gilles a compris et a fait tout ce qu’il fallait pour satisfaire ma curiosité. Si je n’avais pas été arrêtée chaque fois avant d’avoir terminé cette expérience, j’aurais su et il n’y aurait pas eu de suite.

-Ca resterait à prouver. Autrement dit, en essayant de t’empêcher de briser notre mariage, je t’ai obligée à recommencer tes galipettes. Donc l’arrivée de Sylvie alors que vous copuliez, ne t’a pas permis d’aller au bout de ta recherche du plaisir avec un grand séducteur et il te paraît naturel de chercher à y parvenir en allant dire au revoir au joli cœur, mardi pendant que je serai à Paris. Finalement les fautifs s’appellent Paul et Sylvie, ce sont des pousse-au-crime. J’espérais que tu aurais dit « adieu » au lieu d’ « au-revoir ». Et même, « adieu » serait un manquement à la règle - plus aucun contact. Je parle français?
C’est tout simple, tu fais tes valises, tu vas où tu veux et tu fais ce que tu veux avec qui tu veux. Ne me dis plus que tu m’aimes, aime tes expériences, la vie t’en réserve beaucoup d’autres sans doute et par chance pour toi, je ne veux plus y assister, finie l’inquisition.

-Où dois-je aller? Gilles ne peut pas m’accueillir, il est marié!

-Tu as mal choisi ton « expérience »

- De toute façon je ne l’aime pas. Je ne veux pas passer ma vie avec lui. Je t’ai choisi pour la vie, c’est toi mon amour.

-Tu as une étrange façon de le prouver. Je ne t’ai posé qu’une condition, tu ne t’es pas engagée à la remplir .Tu aurais pu me demander pardon et jurer de ne plus le rencontrer. Même si c’était un mensonge habile pour prendre le temps d’organiser ton départ. Mais pour demander pardon il faut se savoir coupable. Tu te sens innocente. Tu préfères chercher une occasion de le revoir au lieu de refuser tout contact.

-Paul, je me mets à genoux, je te demande pardon et je te promets de ne plus entrer en contact avec Gilles. Je te supplie de me garder et je jure que je serai fidèle. Enfin je te demande de sceller notre réconciliation en me faisant l’amour.

-Relève-toi. Cette scène est pénible et humiliante pour nous deux. Je me sens lamentable, nul de n’avoir pas su te protéger de la tentation. Je te demande pardon d’être un mari qu’on a envie de tromper et de rendre complaisant. Mais je te le jure, si tu recommences, je ne serai plus ton mari, tu feras une nouvelle expérience, celle du divorce. Enfin, avant tes prochaines règles, il me sera impossible de faire l’amour avec toi sans préservatif. Tu dois comprendre pourquoi. Viens sur mon cœur, embrassons-nous.

Je ne jure pas que je lui ferai confiance. Si elle évite le piège de mardi, si… Pourvu qu’elle reste à la maison. Pourvu que Gilles ne la relance pas. Pourvu qu’elle le chasse. Sa conduite affectueuse, le retour des baisers amoureux, des gestes tendres, sa main qui ne quitte plus la mienne me donnent des remords. Je devrais avoir honte d’avoir tendu ce piège. Mais le paysan qui pose un piège à renard à l’entrée de son poulailler, oblige-t-il le renard à s’y précipiter? Si elle respecte ses engagements renouvelés, qu’a-t-elle à craindre du piège? Nous nous réconcilions sur l’oreiller.

Dimanche de bonheur. Lundi, feu d’artifice vespéral.

-Comme ça tu ne seras pas tenté par une parisienne.

Elle se tourne vers mes pieds, me saisit et m’enfourne dans son vagin assoiffé. La danse des fossettes et du petit trou me redonne vigueur. A son habitude elle accélère le train, bien décidée à me vider. M’aime-t-elle ou veut-elle s’absoudre par avance de sa prochaine trahison? Si elle prévoit de partir avec Gilles, elle tient à me laisser le meilleur souvenir. Epuisée par sa cavalcade, elle se met à quatre pattes, appuie sa tête sur ses avant-bras, me présente ses merveilleuses fesses et m’invite à l’achever en levrette. Je m’applique à l’entrée de l’orifice et malgré la légitime fatigue de nos longs ébats, j’exauce ses vœux. Je compte bien, moi aussi, lui laisser un excellent souvenir. Peut-être réussirai-je à lui faire renoncer au projet de se donner à Gilles demain.

Je lime, joins mes doigts pour réveiller le clitoris endolori, pousse au fond accroché aux poignées d’amour, varie le rythme, travaille en syncope, remets l’ouvrage sur le métier, redis mon amour et obtiens d’entendre le râle de plaisir, les hoquets de jouissance. Elle s’affaisse et reste longuement immobile, à la recherche de son souffle parti en gémissements et cris. Elle pleure: de bonheur ou de remords anticipés? L’incertitude me détruit quand je devrais être heureux. J’y ai mis mon cœur et mes tripes.

-Parfois, ma chérie, je me demande si je comble bien tes envies.

Elle rit et me rassure, se dit parfaitement satisfaite.

Ce mardi midi Rose a pris le volant pour me conduire à la gare. Elle a tenu à me faire au revoir de la main au démarrage du train, attention touchante. Enfin, mon départ est une réalité, je ne la surprendrai pas cette fois. Vingt kilomètres plus loin je prends mon temps pour faire demi-tour.
A 17 h 30, je vois Rose toute guillerette quitter notre domicile en compagnie de deux voisines. De loin je m’assure que les trois se rendent au foyer. Mes derniers espoirs s’effondrent. Alea jacta est!


Pendant que Gilles enseigne, Sylvie et moi investissons les lieux. Gilles est parti avec la clé de la porte de la cave, Sylvie a poussé les deux verrous intérieurs, baissé tous les volets. Sa maison est fermée pour la nuit. Il n’en fera pas une maison close. Ici, les intentions de Rose sautent aux yeux. Dans la chambre d’amis, la fleur bleue si curieuse d’expérience nouvelle, a répandu des pétales de roses sur le drap blanc du lit ouvert. Comme lors de notre nuit de noces. Au salon deux flûtes de champagne attendent les amants. Sylvie et moi occuperons la chambre du milieu, entre la chambre conjugale et la chambre du lit destiné par Rose à la consommation complète cette fois de l’adultère. Notre observatoire a la particularité de communiquer avec la chambre d’amis par une porte vitrée dans sa partie haute et garnie comme toutes les autres de rideaux de vichy. Nous aurons vue sur la salle de vie et sur le lit où auront lieu les ébats espérés. La porte de cette pièce est habituellement fermée à clé. Nous stockons sur le lit double les couvertures et les édredons de l’hiver et trois chaises. Un reste de pudeur a protégé le lit conjugal. Pour combien de temps?

Nous hésitons sur la stratégie à adopter, convenons de n’intervenir que lorsqu’ils s’endormiront. Si seulement Rose revenait seule. Je garde un faible espoir. Hélas sa sortie et les préparatifs prouvent qu’elle veut faire le sacrifice de sa fidélité et célébrer son nouvel amour et notre cocuage. Je complète la préparation. Dans le réfrigérateur la bouteille de champagne frais est remplacée par une bouteille qui n’aura pas le temps d’être à bonne température. Le sommier repose sur des taquets fixés par vis dans le cadre du lit, je fragilise les soutiens en quelques tours de tournevis. Sous les pétales de rose dispersés sur le drap replacé je glisse des poils-à-gratter, dans les taies d’oreiller j’envoie du poivre blanc pulvérisé. Ils vont connaître quelques désagréments. Se réfugieront-ils dans ma chambre? Ils auront tout piétiné.

Sylvie s’amuse de mes farces, me donne un coup de main pour effacer mes traces.
Quelle belle femme! Quelle classe. Pour l’événement elle a soigné les apparences. Elle a prétendu aller au théâtre puis chez ses parents pour y passer la nuit. Une seule consigne: voir sans être vus et apparaître pour prononcer le verdict. Gilles et Rose ont été prévenus, savent ce qui leur pend au nez. Nous nous enfermons dans notre repaire.

-Deux fois ils ont été dérangés. L’intention est claire. Si nous intervenons trop tôt, ils finiront à l’hôtel et nous n’en saurons rien.

-Je tiens cette fois à prendre mon mari en flagrant délit. Je serai sans pitié. J’aurais dû épouser un type comme toi.

Le compliment ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. Je la remercie d’une pression de ma main sur la sienne. Elle réussit à sourire.


Les amants se présentent avec une demi-heure d’avance. Gilles a écourté la séance. Cette nuit va couronner leurs efforts. Ils meurent d’impatience.

Rose pénètre dans le salon, donne de la lumière. Derrière elle, accroché à la locomotive, les mains sur ses hanches, Gilles prudent demande:

-Tu n’as pas oublié de fermer la porte cette fois?

-Ah! Non. Je ne tiens pas à voir surgir ta tigresse. Assieds-toi une minute dans ce fauteuil, je ferme les volets et je suis à toi. Ta blonde a tenu parole, elle n’a rien dit à Paul, heureusement. Sais-tu qu’il souhaite ardemment que tu continues à venir chez nous. Tu pourras dire à ta femme qu’il assistera au travail. Ca devrait la rassurer.

Elle ment à Gilles comme elle me ment. J’en suis surpris. Veut-elle qu’il se sente en sécurité ou compte-t-elle me revenir, sa curiosité satisfaite à mon insu? Elle fait le tour des portes, ouvre, inspecte, referme, passe à la suivante. J’entends claquer la porte de la chaufferie, celle de la salle de bain puis de la cuisine, du WC, de ma chambre.

J’ai retire la clé. Sylvie et moi allons nous tapir derrière le lit, du côté opposé à la porte, par force serrés l’un contre l’autre. Placé dans son dos, pour gagner de l’espace, je suis obligé de glisser un bras sous son torse et l’autre au-dessus. Pourvu que mon sexe ne s’éveille pas à la chaleur de cette croupe splendide. Hélas, il a suffi d’y penser pour sentir affluer le sang. Sylvie doit craindre comme moi d’être découverte. Le piège se refermerait sur nous: nous serions le couple coupable, caché dans cette chambre fermée à clé.
Notre porte résiste.

-Cette chambre est toujours fermée. Je ne sais même plus où est la clé. Probablement dans un tiroir.

-Pour plus de sécurité nous aurions pu aller chez moi. Mais je n’ai que la clé de la cave et Sylvie, par distraction, a poussé les deux verrous à l’intérieur. Exceptionnellement je n’ai pas cru bon d’emporter la clé du garage. Quelle poisse. Où vais-je dormir cette nuit?

- Quelle question! Mon amour, je suis seule, nous dormirons ensemble. Ce n’est pas de notre faute. Dormir dans tes bras, toute une nuit, ce sera merveilleux.

-Moi aussi j’en rêvais. Viendra le temps, après mon divorce, où nous n’aurons plus besoin de nous cacher. Ma Rose si belle, nous serons heureux. Tu penses que Paul t’accordera le divorce facilement?

-Il suffira de lui laisser voir notre amour. C’est un épouvantable jaloux, il ne supportera pas d’être cocu. S’il nous voyait ensemble, ici, ce soir il me jetterait à la porte.

-Je ne le laisserais pas faire, ma petite chérie. Désormais je te protégerai de ses excès. Un homme qui bat sa femme est un salaud. Je le corrigerai.

Je murmure à l’intention de Sylvie:
-Que lui a-t-elle encore raconté? Jamais je n’ai levé la main sur elle. Elle me fait passer pour un mari brutal, c’est un comble. Avec minutie, sa toile d’araignée a été tissée de mensonges horribles pour attendrir le séducteur.

Gilles est-il dupe ou fait-il semblant de la croire pour réussir à se la farcir? Qui sera vainqueur à ce jeu de dupes?

Même si chacun d‘eux estime avoir atteint la dernière séance, c‘est une séance de trop pour nous.

Ma main gauche abandonne le sein moelleux sur lequel elle s’était refermée innocemment, je recule ma tête et cesse de souffler dans la nuque de Sylvie. Libérée du poids de mon bras, elle envoie sa main reconnaître ce qui fait une barre dure au bas de son dos

-Oh! Compliments.

-Chut, ils vont entendre. Excuse-moi, c’est involontaire. Pardon

Sylvie rit doucement de ma confusion. Le rire fait trembler son corps. Le tremblement secoue le coupable, les secousses augmentent son volume. Avec précaution je m’arrache à la douce moiteur de ce fessier de reine. La lumière du salon éclaire juste assez pour nous permettre de nous redresser sans heurts, sans bruits. Pieds nus nous allons vers la porte. Je guide mon invitée. « Le couple de jaloux » moqué par Rose, forme un gentil couple. Je ne débande pas. Ce corps collé à mon dos, ces jambes qui suivent le mouvement des miennes, ce bras qui entoure mon ventre pour ne pas me perdre pendant le déplacement, ces seins pressés dans mon dos maintiennent le bouillonnement de mon sang. Je ne dois pas être seul à bouillir. L’adversité nous a rapprochés, le danger a augmenté les battements de nos cœurs, nos cœurs à l’unisson troublent nos esprits. Heureusement, de l’autre côté du rideau de Vichy, un spectacle nous attend. Avec mille précautions nous disposons les deux chaises. Pour être en face des vitres, nous devons encore nous serrer. Sylvie passe un bras sur mon épaule, je glisse le mien dans son dos. Il ne nous déplaît pas d’être tête à tête, joue à joue. J’adore son parfum.

Après un long baiser, ventre à ventre, bras en ceinture, Rose bouteille de champagne en main entame la conversation.

-Alors nous avons tout notre temps? C’est merveilleux. Enfin nous allons pouvoir nous aimer vraiment. Buvons une coupe pour célébrer l’événement. Je brûle d’impatience.

Gilles aussi! Mais il grimace à la première gorgée de champagne tiède. Rose ne comprend pas. Elle s’assied sur son genou, entend une déclaration d’amour soignée et une promesse de divorce suivi d’un mariage.

-C’est vrai, tu es sincère? Pourquoi divorces-tu? Parce que tu m’aimes, mais encore. Tu as une belle femme.

-J’en ai marre de ma femme. Tu as vu comme elle est jalouse. Elle a douze ans de moins que moi, mais pense comme une grand-mère. Je veux vivre, m’amuser. Je veux désormais une femme large d’esprit.

-Large d’esprit?

-Comme toi, pas jalouse, prête à goûter à tous les plaisirs de la vie, sans tabou et pourtant amoureuse de son compagnon

--Mais tu m’aimeras?

-D’autant plus que nous serons complices. Jamais Sylvie n’a voulu d’un troisième partenaire au lit, homme ou femme. J’aurais tellement aimé la voir faire l’amour avec un copain ou avec moi et un copain en même temps. Jamais elle n’a voulu entrer dans un club d’échangistes, même pas pour regarder. Une vraie bonne sœur. Elle est belle mais elle devient chiante à force de vertu. Tu seras comme ça?

- Quand nous serons mariés, je ferai tout ce que tu me demanderas. Enfin je vais vivre. Parce que moi aussi je n’en peux plus de ce mari jaloux, possessif et autoritaire. Toi au moins tu sais vivre. Je devrais demander le divorce tout de suite.

-Rien ne presse. Un divorce ça demande un an. En attendant le mien, nous pourrons être amants. Finis les « cours particuliers ». Tu pourras me recevoir les après-midi quand Paul est au boulot. Ni vu, ni connu, je t’embrouille.
Mais n’as-tu pas peur de la différence d’âge?

-L’amour n’a pas d’âge. On va faire l’amour. Tu es vigoureux, je l’ai déjà constaté.

-Oui, mais dans vingt ans tu déchanteras.

Ne voit-elle pas clair? Gilles n’a pas l’intention de divorcer. Une maîtresse se paie avec des promesses qui n’engagent qu’elle. Dans la mesure où sa femme ne sait rien, il ne risque rien. Il promet donc la lune à la naïve. L’amour rend aveugle, Rose veut « vivre ». Gilles touche au but, il va la baiser et après ça durera ce que ça durera.

- Quand tu ne banderas plus, comme tu es large d’esprit, je t’aimerai et je calmerai mes sens avec tes copains, copines ou dans les clubs. C’est un programme formidable. Voilà pourquoi je t’adore.

Entre deux gorgées de champagne tiède, ils se bécotent. Rose veut assurer ses arrières, Gilles cache son jeu. Elle insiste pour obtenir le mariage. Il préfère revenir à l‘idée de libertinage. Il la pelote pour lui faire perdre la tête

-Donc tu penses être capable de coucher avec d’autres hommes. En es-tu sûre? Tu es mariée depuis deux ans. Pendant cette période as-tu trompé ton mari?

-Non, jamais!

Je suis heureux de l’entendre et furieux de voir ce saligaud la manipuler mentalement et lui caresser la poitrine.

-Donc, tu ne sais pas si tu pourras. Moi je veux te voir à l’œuvre avant de t’épouser. Il faudra faire tes preuves. Le plus vite sera le mieux. Tu connais Karim, le moniteur de travail du fil de fer ou André le peintre, ils m’ont interrogé pour savoir si tu accepterais de participer à une partie.

-Mais ils sont mariés.

-Justement, ils ont des femmes larges d’esprit, elles participent même. Quand ils font la fête, c’est formidable, chacun couche avec qui lui plaît, comme ça lui plaît. Pour y aller je dois inventer des réunions pour Sylvie. Avec toi, je serai libre. Avec moi tu le seras également. J’en connais un autre, un célibataire si c’est-ce que tu préfères: Maurice le moniteur d’étain repoussé. Il est beau gosse, un peu trop timide, mais quand il te voit la tête lui tourne.

-Gilles, avant tout, je suis amoureuse de toi.

-Voilà pourquoi je t’épouserai, mais quand je serai certain d’avoir trouvé en toi la femme de ma vie, celle qui me suivra dans mes délires ou qui m’entraînera dans les siens.

La blouse est tombée, un soutien-gorge rouge tout neuf se détache. L’autre main de Gilles veut découvrir la couleur du string, rampe sous la jupe remontée, touche la dentelle, émeut le sexe.

-Sans chercher bien loin, voilà trois hommes prêts à te dégourdir, à te préparer pour moi. Et je ne te dis pas, quand tu verras la matraque de Karim, tu t’y accrocheras et j’aurai du mal à te récupérer. André est plus normal mais très chaud. Maurice tu en feras une carpette si tu le veux, il ferait n’importe quoi pour t’avoir.

La jupe est tombée, la dentelle du cache-sexe est bien rouge. Rose n’a reculé devant aucune dépense pour se mettre en valeur. Elle dévore la bouche de Gilles, dont les doigts essaient de faire sauter la dernière bande de défense. J’aurais imaginé un coït plus rapide.

-Dis, Sylvie, tu l’as vraiment épuisé. Il traîne, tourne en rond, ne se précipite pas.

-Il a eu affaire à « une grand’mère! ». Passe-moi les détails, mais il se souviendra de sa dernière fois avec sa tigresse.

Rose s’est levée et malgré les deux doigts de Gilles enfouis dans sa chatte, s’emploie à déshabiller son amant. Agenouillée elle tire sur les jambières du pantalon, emporte le caleçon américain et se jette sur la demi érection. Sa bouche va le raffermir. Gilles se penche, visite le sillon fessier puis soucieux de ne pas se dépenser trop vite, appelle Rose à se coucher en travers de ses genoux, comme pour recevoir une fessée. Elle cède à ses fantaisies, étale sous nos yeux, entre ses deux rondeurs roses le sillon profond du coccyx au clitoris. Les doigts de la main gauche font bruire les humeurs vaginales. Nous ne percevons que les gémissements de contentement. Un index tourne sur les plis resserrés de l’anus

-Tu veux que j’introduise mon doigt dans ta rose, Rose chérie? Tu aimes?

-Je ne sais pas. Paul dit toujours qu’il n’aime pas les voyages en terre jaune.

-Pas possible, il ne sait pas ce qui est bon. Il est temps pour toi, à 22 ans de savoir enfin. Non, ne serre pas les fesses, détends-toi, je vais y aller tout doucement.

-Ne me fais pas mal, s’il te plaît.

-Ne crains rien. Je franchis le sphincter, doucement, je fais tourner la première phalange contre les parois

-Ca chatouille. J’aime assez. C’est un peu énervant, mais pas désagréable. Tu entres, mets en un peu plus. Hummm! C’est une révélation. Encore mon chéri. Pourquoi…prétend-il que c’est contre nature.

-La monogamie imposée par la société aboutit à laisser des tas de femmes dans l’ignorance de certains plaisirs naturels. Il reste plein de tabous à bousculer. Je crache sur mes doigts et maintenant je vais t’en fourrer deux dans le cul. Tu sens, ça entre, ça va, ça vient, ça élargit. Les deux mouvements en même temps.

Oh oh!

Je n’y crois pas, Paul ne t’a jamais enculée? Quel idiot ce type et quel salaud de priver sa femme de ces joies.
Imagine que deux hommes te prennent. L’un est sur le dos, tu t’empales sur sa bitte, tu te penches sur lui et soudain sur ta rose se pose un gland. Il appuie, pousse, passe l’anneau et s’enfonce. Tu as deux queues en toi, l’une te ramone le vagin et l’autre te défonce le trou du cul, fonce dans ton intestin. Deux queues te secouent, deux queues se heurtent dans ton ventre, deux queues giclent en toi et tu cries ta jouissance nouvelle. Si je te le demande, le feras-tu?

-Je te promets d’essayer. Si tu m’épouse, tu m’apprendras. Mais après ces hors-d’œuvre, si on passait aux choses sérieuses. Je meurs d’envie de te recevoir en moi. Depuis trop longtemps nous sommes contrariés. Viens, j’ai préparé un nid d’amour dans la chambre d’amis. Lève-toi et prends-moi, il en est grand temps. Que Paul soit cocu! Il l’a mérité avec ses œillères. Il n’a pas fini d’être cocu. Et jusqu’à notre mariage je me donnerai à toi aussi souvent que tu le voudras.

-A moi, bien entendu. N’oublie pas, moi et mes amis.

-Si tu l’exiges, pourquoi pas? Mais souviens-toi, tu as promis de divorcer et de m’épouser.

-Ouh! Tu as bien fais les choses, avec goût. Tu es une artiste, je le dis toujours. Ce lit est accueillant. On va s’aimer.

Rose se couche au milieu du lit, ouvre ses jambes remonte ses genoux et fait signe. Gilles approche, verge en main, verge soumise à une masturbation vigoureuse, verge qui finit par retrouver forme et rigidité. A genoux entre les cuisses relevées Gilles approche cette verge de la vulve, ouvre comme il se doit les grandes lèvres aux chairs roses, se fraye un passage entre les petites lèvres, s’assure que le conduit est en face de la tête du gland découvert et s’enfonce en douceur. C’est du déjà vécu, sur la table. Mais aujourd’hui il peut profiter pleinement du don voulu, de cette femme conquise, offerte, amoureuse.

Les deux voyeurs ont rejoint la porte de séparation des deux chambres et, les rideaux à carreaux soulevés, ont vue sur le lit, à gauche la tête de lit. Les deux corps unis sont vus de côté. A chaque retrait du mâle, ils voient les deux ventres se séparer avant de se contrer et de s’écraser. Sylvie tient ma main, ronchonne sa rage. Nous devons dominer notre colère. Quand elle éclatera…

De longues secondes Gilles s’immobilise dans le fourreau chaud, doux, ressent les contractions des parois humides sur son membre, en tire un regain de force et de satisfaction. L’accomplissement, sa énième victoire. Il savoure installé dans cette citadelle prise. Rose murmure puis déclame des « je t ‘aime » enflammés, par à-coups de ses muscles sollicite le mouvement naturel, l’invite à bouger. Lui, l’homme, lui le formateur, il va lui donner « le » cours particulier, la leçon privée; il l’a souhaité, voulu, imposé et maintenant, la machine est lancée. Il va pomper, limer, labourer. Sa conquête va voir, apprendre ce qu’est vraiment l’amour avec un vrai homme. Et il se met en branle, relève l’arrière-train, s’enfonce avec force, remonte en raclant les bords, retourne au fond, bute et se retire, va chercher le bout du bout, se frotte, arque son dos pour faire sentir sa présence sur tout le parcourt, touche tout là-bas, insiste en écrasant le pubis glabre pour lui rajeuni au rasoir. Rose demande, ne retient pas ses encouragements, transforme les mots en syllabes décrochées, haletées, pousse son ventre à la rencontre de l’outil, fait l’enclume réactive, favorise les chocs plus violents plus fréquents, les deux voix se mêlent, se couvrent, s’embrouillent et crac…. Les secousses ont eu raison des vis et des taquets. Sommier et matelas s’enfoncent brutalement d’un côté à l’intérieur du cadre du lit. Nous ne les voyons plus, nous n’entendons plus rien. Penauds, coupés en plein élan, stoppés à la lisière de l’orgasme si bien préparé, ils se relèvent, éternuent, contemplent consternés le lit effondré, en désordre et se grattent, se frottent. Le pénis de Gilles regarde le sol. Tout est à refaire.

-Viens, on réparera après, vite je brûle, j’ai des démangeaisons sur tout le corps. C’est l’envie.

-Ca ne serait pas des puces ou des moustiques?

-Tu me peines. J’entretiens mon ménage. Non mais. Tant pis, allons dans ma chambre. Le sort s’acharne sur nous, mais nous sommes faits l’un pour l’autre.

-Tu as raison. Conjurons le sort, allez au lit. Main au cul, avance que je t’aime. Dans le fond, je préfère ton lit, ça ajoute un petit goût de sacrilège qui m’excite. Regarde la preuve, Zizi ressuscite. Ca va être ta fête belle salope.

-Oh! Comme tu me parles. Allonge-toi, je vais te sucer et après je me mettrai à cheval. Hum, tu sens fort. Tu portes un mélange de nos jus.

-C’est bien, mais n’exagère pas, ne me tire pas ma semence avec la bouche.

Nous ne les voyons plus. Il a fallu ouvrir la porte pour les entendre. Je jette un œil par la porte entrebâillée. Ils sont trop occupés pour me voir. Rose est accroupie, elle a saisi le sexe dressé, le guide, remue les fesses pour ajuster la position, redresse son torse et sa tête, se laisse glisser sur la hampe, descend, s’enfonce

-C’est bon… Ne bouge pas, remplis-moi. Je te sens bien. Hum! C’est si bon. Tu es bien, ça va, c’est bon pour toi. C’est mieux avec moi ou avec ta tigresse jalouse et prude?

-Tu es la meilleure. Tu me serres fort, j’aime. C’est quoi, la prochaine tuile? N’y pensons pas, nous réussirons peut-être à aller jusqu’au bout. Mais j’ai des démangeaisons dans le dos. Bouge un peu, fais valser tes nichons. Ils sont mignons, on voit que tu n’as pas allaité. Là, un dans chaque main, ils sont doux et fermes au toucher.

Elle est passée du trot lent et tranquille à un galop risqué, a perdu en route la cheville, l’a reprise en bouche pour lui redonner consistance. Le trot reprend à allure régulière, de haut en bas avec un mouvement en spirale Rose sait faire.

-Comme ça, je te fais le tourniquet. Tu aimes? Je décris des cercles, des petits, des plus grands, ils renforcent le contact. C’est bon. Encore

Son déhanché est remarquable comme d’habitude J’ai souvent apprécié ses inventions. Elle continue à séduire. Sous l’effort sa peau prend de la couleur, ce n’est pas seulement l’effet des gratte-cul. Elle commence à souffler fort. Gilles ne chôme pas, balance de grands coups de reins. Enfin, ils connaissent la récompense, l’orgasme. L’orgasme et la détumescence lente, sexes unis, apaisés.

-Il a fallu patienter. Tu es exceptionnelle, ma plus fantastique maîtresse. Allez embrasse-moi et reposons-nous un peu.

-Quoi, déjà? Tu es fatigué? Ne me dis pas. Wouh, regarde ce qui coule. Qu’est-ce que tu m’as mis, mon cochon. Je vais sur mon bidet. Attends-moi et repose-toi. Après tu vas me faire une levrette, je veux voir si tu la fais aussi bien que Paul. Attention, c’est un champion.

Nous avons eu le temps de battre en retraite. Par chance Rose s’est attardée pour s’essuyer sans doute, de peur de répandre le sperme sur le carrelage. Drapeau en berne, Gilles est sorti à son tour de ma chambre, s’est dirigé vers une bouteille d’eau placée sur la table du salon, a fouillé dans la poche de son pantalon, d’une boîte a tiré une gélule ou un cachet, l’a avalé tourné vers nous avec une gorgée d’eau prise au goulot, a vérifié que Rose n’assistait pas au geste est retourné dans mon lit. Sylvie a essuyé une larme sur ma joue du revers de sa main aux ongles soignés. Elle compatit. Je la prends gentiment dans mes bras. Elle aussi a besoin de réconfort. Voilà la femme que j’aurais dû épouser.

-Attention, j’arrive. Claironne la femme adultère. Monsieur veut une petite pipe de chez nous, made in France?
Oh! Mais c’est merveilleux. Tu vois, digne vieillard, la raideur résiste au poids des années. Félicitations. Tu as encore de beaux restes. Pour une pine, c’est une belle pine.

-Tu la veux dans le cul?

-Elle me paraît bien trop grosse. Je vais d’abord la fatiguer. Je me mets à quatre pattes et en route pour la levrette. Si tu me baises bien, de façon mâle et vigoureuse et si tu me fais jouir, je ne dirai peut-être pas non à une pénétration anale. Tu cueilleras ma rose, je suis encore vierge de ce côté-là. Ce sera ton cadeau de bienvenue.
Dis, tu m’aimes? Alors dis-le, ça me fera plaisir. Embarquement. Ah! Vas-y, bandit. Ou la la!

Elle est volubile, encourage, s’encourage, brave, excite.

-Tu y es presque. Paul fait parfois mieux. Ne fais pas le paresseux. Oui, c’est meilleur, cogne, au fond, encore, oh que c’est bon. Dis tu va venir? …Ca y est, tu gicles, c’est chaud. Reste au fond. Fais-moi un bébé. Je veux un enfant de toi, mon amour.

-Bravo, Rose, tu es vraiment douée. C’est avec Paul que tu apprends ces choses? Il serait dommage de te priver de faire l’amour avec ton mari, c’est un bon entraîneur. Garde le précieusement le plus longtemps possible. Nous lui ferons pousser les cornes, mais en attendant de le quitter, tu devras continuer à le bichonner.

-Tu ne veux plus m’épouser? C’était si bon de te sentir en moi. Tu continueras à baiser ta Sylvie?

-Pourquoi pas? Tu n’es pas jalouse. On a bien dit que nous serions libres de coucher avec d’autres. Tu étais d’accord. Aussi longtemps que nous n’aurons pas divorcé, tu coucheras avec Paul et moi avec ma femme.

-Tu sais, j’ai ressenti un grand frisson. Je suis sûre d’être enceinte de toi. Nous allons avoir un bébé.

-Mais non. Attends que nous soyons mariés. Quand as-tu fais l’amour avec Paul pour la dernière fois?

-Hier soir.

-Tu ne voudrais pas vivre avec Paul et attendre un bébé de moi. Ce ne serait pas convenable. S’il me faut un an pour obtenir le divorce, tu ne pourras pas vivre comme une nonne. Avec Paul tu ne dois pas t’ennuyer d’après ce que tu m’as montré, ne brusque pas votre séparation. Tu as le temps de faire un bébé. Patiente.

Mais je t’aime, il faut que tu divorces vite. Je ne pourrai plus vivre sans faire l’amour avec toi.

- Que tu es gentille. Si tu es enceinte, comment serai- je sûr d’être le père de ton enfant, puisque tu as couché avec Paul hier?

-Ce sera forcément toi le père. Ce que j’ai refusé à mon mari, je te l’offre. Paul utilise toujours des préservatifs pendant mes périodes fécondes. Il n’a pas pu me faire d’enfant.

-Que va-t-il dire si tu es enceinte?

-Il sera fier d’être papa. Ca fait deux ans qu’il s’impatiente. Comment saurait-il que l’enfant est de toi? Je lui dirai qu’une capote était percée ou que je me suis trompée dans mes comptes.

-Mais c’est parfait. Il n’y a pas de problème. Si enfant il y a, il n’est pas de moi. Tu as failli me prendre au piège.

-Quel piège? Puisque tu veux te marier avec moi?

-Bon, arrête de rêver. Tu as cru que je voulais t’épouser? Regarde-toi. Bonne à baiser, oui. Mais tu as vu ma femme, elle est belle, intelligente. Tu vends des chiffons, elle vend du savoir. Qui irait se marier avec toi. Deux ans de mariage et tu cocufies ton malheureux mari. Je ne veux pas connaître le même sort, être cocu après lui. Tu es une pauvre paumée. Je ne suis pas fou. Ma femme est fidèle, essaie d’en dire autant.

-Oh! Le salaud. Tu as passé ton temps à me dire… à me promettre …et tu te permets de m’insulter une fois que tu m’as baisée. Tu ne mérites pas ta femme. Fous le camp, ordure, dégage pourri. Tu vas me payer ça.

-Bien, tu connais la fable du corbeau et du renard. Mais tu vas rater quelque chose, tu sais, la porte arrière! Terminons en beauté et après tu t’enverras en l’air avec qui tu voudras. Je resterai à ta disposition pour tes plans cul. Mais je n’ai pas la fibre paternelle

-Ce serait un miracle si je n’étais pas enceinte, je suis au milieu de mon cycle.

-Tu n’as jamais entendu parler de la pilule du lendemain? Débrouille-toi, mais ne compte pas sur moi pour élever un moutard. Allez, laisse-toi faire, par là il n’y a aucun risque. Tu sais, tu garderas la meilleure place dans mon cœur. Tu es jeune, tu trouveras sans mal un autre mari si tu divorces. Je t’aiderai à le trouver, si tu es gentille.

Rose, déçue mais toujours curieuse prend position, Gilles s’installe derrière elle, la sodomise dans la douleur, elle crie, il loue l’étroitesse du lieu.

-Coucou, regardez le petit oiseau.

Sylvie dans le cadre de la porte les prend en photo. Ils ont levé la tête, le flash les éblouit, les paralyse. Au flash suivant ils réalisent. Trop tard.
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Histoire de Veilleur

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Commentaires du récit : Mais pourquoi ?

Le 10/05/2011 - 16:53 par Pierre le Grand
Délicieuse complexité, J'ai aimé cette montée en puissance vers un dénouement laissé à notre convenance . Vu le nombre de tes histoires en attente tu as l'air d'avoir de l'imagination ou de l'expérience , bravo Pierre le Grand

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