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Matrone et Domina : Tullia, une patricienne hypersexuelle dans la Rome impériale : (13) : Claude et Polybe

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Lue : 0 fois - Commentaire(s) : 6 - Histoire postée le 13/10/2022

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Tullia est systématiquement présente lors des soirées que « l’Augusta Meretrix » organise au Palais, ces banquets qui se terminent en orgies et où Messaline encourage les vertueuses matrones de l’aristocratie romaine à la débauche, en présence de leurs époux.

La situation et la position de Tullia sont très différentes de celle qui fut la sienne lors de la soirée orgiaque qui avait été organisée pour elle, quelques mois auparavant et que nous avons racontée dans deux épisodes de cette série : « (7) : la soirée de Tullia » et « (8) : nuit torride au Palatin ». Tullia avait alors été livrée à tous ceux qui avaient envie d’elle. Il s’agissait alors d’un plan machiavélique de son mari Lurco, avec la complicité de Messaline, visant à exploiter l’hypersexualité de la jeune patricienne pour ensuite la faire accuser de débauche, d’adultère, de stuprum et, à travers elle, atteindre son père, le sénateur conservateur Marcus Tullius Longus.

Tullia n’est plus la seule femme présente à ces soirées, elle ne subit plus ni contraintes ni ’humiliations. Elle choisit librement ceux à qui elle accorde ses faveurs. Ces soirées sont désormais des moments où Tullia vit pleinement son hypersexualité et affiche la même liberté sexuelle que Messaline. Tullia, toujours officiellement mariée à Lurco, s’affiche comme la femme de Vettius Valens, le médecin personnel de Messaline et de Claude, qui s’est installé de fait dans la Domus désertée par Lurco. Candauliste, Valens encourage l’hypersexualité de Tullia, qu’il partage avec d’autres amants et surtout avec Messaline.
Tullia occupe désormais une position particulière dans le grand Triclinium de la Domus Tiberiana, lieu des orgies de Messaline. Messaline, qui préside ces soirées, veut à ses côtés, d’une part, son favori du moment, le mime Mnester, d’autre part part, Tullia, qu’elle présente comme sa femme, depuis la nuit saphique torride où Tullia est devenue l’amante de l’Augusta (voir « (11) : Vénus et Volupia »).

Comme Caligula le faisait avec ses mignons, Messaline s’affiche donc avec celle qu’elle appelle Volupia, dont elle tient la main et qu’elle embrasse en public. Depuis cette fameuse nuit, Messaline semble folle de Tullia. L’impératrice n’est pas amoureuse de la jeune patricienne, c’est un sentiment qu’elle ne connaitra qu’une fois dans sa vie et qui lui sera fatal, quand elle tombera amoureuse du beau sénateur Caius Silius. Messaline est tout simplement folle du corps de Tullia et de la sensualité de la jeune femme.

Elle n’accepte que de mauvaise grâce de la partager avec Valens et d’autres. Tullia est d’abord à elle. Tullia va vite découvrir que Messaline est plus que possessive, elle est tyrannique. Les deux femmes, en journée et, souvent les nuits, quand Messaline n’est pas occupée à d’autres débauches, font longuement l’amour. Il arrive à Messaline, quand l’envie lui prend, d’aller faire chercher Tullia en pleine nuit, alors que celle-ci est dans les bras de Valens, seulement parce qu’elle a envie d’elle et que Tullia doit toujours être disponible pour Messaline. Elle fait aussi souvent venir Tullia quand elle revient de ses débauches à Suburre. Tullia sait ce que veut alors l’impératrice. Surmontant sa répulsion, Tullia fait jouir l’impératrice en pratiquant sur elle un cunnilingus dont elle a le secret, nettoyant soigneusement cette chatte que tant de mâles ont souillé pendant la nuit.

Le saphisme de Messaline et ses pratiques sont conformes à son comportement avec les hommes. De même qu’elle choisit ses amants et les collectionne, au même titre qu’un homme collectionne des maitresses, Messaline la bisexuelle se comporte comme le ferait un homme. Si elle est devenue « accro » des caresses buccales de son amante, Messaline a imposé ses rites à Tullia. En bonne tribade, elle commence par les ciseaux. Messaline avait ce qu’on appelle aujourd’hui un priapisme clitoridien, avec maintien en érection jusqu’à quatre heures d’un clito qui était comme un petit pénis.

Mais très vite cela ne suffit plus suffit à Messaline. Le besoin qu’elle ressent est de baiser Tullia, de la faire jouir aussi fort que ne le font ses amants. Ce qui amène Messaline à fister Tullia régulièrement et surtout à se procurer des godemichés toujours plus impressionnants pour la prendre. Après avoir utilisé des olisbos en cuir, qui étaient une spécialité grecque, Messaline, sans le savoir, inventa le gode-ceinture, pour pouvoir mieux baiser Tullia.

Interrogée par Valens, qui la voyait revenir de ses ébats avec Messaline totalement épuisée, Tullia reconnait qu’elle a un plaisir inouï avec l’impératrice. Il y a cependant deux différences avec ses amants. D’abord le fait que Tullia aime particulièrement être remplie au moment de l’orgasme. L’autre différence est que Messaline se montre bien plus brutale que les amants de Tullia. Chez l’impératrice, nulle tendresse, même verbale, rarement des baisers et des caresses. Messaline ne fait pas l’amour à Tullia, elle la baise. Mais l’une et l’autre aiment ça.

Malgré sa docilité, Tullia n’obtient de Messaline, ni la fin de l’exil de son père Marcus, relégué à Tomis en Mésie, comme l’avait été Ovide, ni la possibilité de divorcer de Lurco et donc d’épouser Valens, ni le retour de Lucia, contrainte de suivre Lurco à Baïes. Messaline veut conserver ainsi tous ses moyens de pression sur Tullia. Elle ne fait qu’un seul geste envers la jeune patricienne : elle lui cède son eunuque Parsam. Tullia, qui aime le jeune Arménien, en est heureuse, mais dans l’esprit de la perverse impératrice, Parsam est d’abord un rival pour Valens et il ne peut que souffrir de la conduite de Tullia.

Messaline connait bien mal Valens. Il ne fera aucune remarque à Tullia quand il trouvera Parsam et Tullia tendrement enlacés dans le lit de la jeune femme. Valens, qui partage déjà Tullia avec Messaline, va devoir apprendre à partager son amour avec un autre, un esclave et eunuque de surcroit. Ce qui compte pour lui est que celle qu’il aime soit épanouie et heureuse.

***

Tullia devient, sans même s’en rendre totalement compte, la complice de Messaline dans ses manœuvres politiques.

Pour assurer son pouvoir sur Claude, Messaline compte d’abord sur le fait que l’empereur est aveuglément amoureux de sa jeune épouse, qui a par ailleurs assuré sa descendance. La postérité s’est toujours interrogée sur Claude : était-il le seul à ne pas savoir qu’il était le plus grand cocu de Rome ? Était-il à ce point aveugle et, disons-le parfaitement idiot ? Alors même qu’il avait divorcé de sa première épouse Plautia Urgulanilla en 24, parce qu’elle avait été accusée d’adultère avec un affranchi, Boter. Il avait également divorcé en 31 de sa seconde épouse, Ælia Pætina (8-65), mais cette fois pour des raisons politiques.

De Messaline, il tolérera tout, sauf quand elle voudra se remarier avec un autre. Pour ma part, convaincue que Claude fut un grand empereur et n’était pas l’imbécile qu’on a décrit, je penche pour la complaisance, sans aller toutefois jusqu’à imaginer un Claude candauliste.

A partir de 41, après la naissance de Britannicus, le couple vit chacun de son côté, même si Messaline partage de temps en temps la couche de l’empereur. Messaline veille à alimenter Claude en « chair fraiche », en lui fournissant de très jeunes femmes que réclamait sa libido. Les deux plus célèbres avaient pour nom Cléopâtre et Calpurnie et seront d’ailleurs à l’origine de la chute de Messaline.

Pour assurer également son influence sur l’empereur, Messaline peut aussi compter sur Vettius Valens, qui est leur médecin personnel à tous les deux. Valens avait été introduit auprès de Claude par le célèbre médecin Scribonius Largus (1 – 50), connu pour son recueil de remèdes, utilisés jusqu'au XVIIème siècle, et dont la préface pose les bases d'une éthique de la prescription médicale, inspirée du Serment d'Hippocrate. D'origine sicilienne et formé dans la tradition empirique, bilingue en latin et en grec, Largus fut recommandé à la cour de l'empereur Claude par l’affranchi Calliste. Valens était un disciple de Largus. Il n’était pas que le médecin de Claude et l’amant de Messaline, il était aussi, comme nous l’avons vu, très proche intellectuellement de l’empereur, partageant avec celui-ci sa connaissance de la langue et de la culture étrusque.

***

Contrairement à ses habitudes, Claude se présente ce jour-là dans les appartements de Messaline. Marcia et Sylvia, les deux principales servantes de Messaline, n’osent évidemment pas interdire l’accès de la chambre à l’empereur. Messaline n’est pas seule. Heureusement, elle n’est pas avec Mnester ou un autre amant. Elle est avec Tullia. On entend d’ailleurs les cris de plaisir de celle-ci.

• Je vais prévenir l’impératrice
• N’en fais rien, je veux lui faire une surprise.

Lorsque Claude rentre dans la chambre, il est fasciné par l’érotisme torride de la scène dont il est le témoin : Messaline et Tullia sont nues et Messaline est en train de pratiquer les ciseaux sur Tullia, tout en dévorant ses lèvres et en couvrant son corps de caresses.

• Pardon de vous déranger en pleine célébration des mystères de Lesbos !
Le réflexe de Tullia est de fuir, mais Messaline la retient dans ses bras avec force.
• Tu ne m’avais pas informée de ta venue, César, dit simplement Messaline. Tullia venait de me raconter les amours de Mnaïs et Phyllodoce, deux disciples de la grande Sappho. Nous étions passées à la pratique. Tu sais bien, mon époux, qu’une relation avec une femme ne compte pas.
• Je ne te fais aucun reproche, ma chère épouse. Il te faut des distractions. Celle-ci ne prête nullement à conséquence et ce n’est en effet pas un adultère.
Tullia pense alors : « Il parle d’adultère. Ne sait-il vraiment rien ou fait-il semblant ? »
• Je voulais voir cette fameuse Tullia, dont tout Rome parle et que tu appelles, m’a-t-on dit, Volupia. Elle est encore plus belle qu’on ne me l’avait dit. Sais-tu jeune fille, que, devenu sénateur à l’avènement de Caligula (37) et donc collègue de ton père, j’ai été reçu chez lui et que je me souviens d’une petite fille qui m’avait stupéfié par ses connaissances de l’histoire de Rome.

Tullia incline la tête, en signe de respect et de soumission.
• Mon père t’admire beaucoup, César, il m’avait dit que nous recevions dans notre modeste demeure le fils du grand Drusus et le frère de Germanicus. Mon père est comme toi, pétri d’histoire et m’a élevé dans le même esprit.
• Tu n’es plus cette enfant, tu es devenue une femme, une très jolie femme. Tu sais que ta conduite fait scandale, en particulier au Sénat et qu’on me demande d’appliquer contre toi la « lex Iulia de adulteriis », qui punit les femmes convaincues de stuprum. Tu reçois dans la Domus de ton mari tes amants, en particulier notre ami Vettius Valens.

Messaline intervient :
• Claude, je ne te vois pas, dans ta grande indulgence, punir une telle merveille.
• Je n’en n’ai pas l’intention. Je sais combien elle t’est chère. Et j’ai trouvé ce que vous étiez en train de faire si beau. Ça me plait beaucoup. Continuez, je le veux !
• Tes désirs sont des ordres, César. Tu vas voir, cette petite est encore plus belle quand elle jouit. Je vais la baiser devant toi !
• Tu vas la baiser ?
• Oui, elle est ma femme et je suis pour elle son homme. Je vais la prendre devant toi. Tu seras témoin de sa jouissance.
Messaline tire un cordon pour appeler Sylvia.
• Sylvia, apporte-moi le plus gros de mes olisbos, celui auquel j’ai fait ajouter une ceinture.

Sylvia s’empresse d’apporter l’engin et l’ajuste autour de la taille de sa maitresse.
L’engin, en ébène, est monstrueux. Sa longueur était d’un pied, soit près de trente centimètres et son diamètre 2,8 doigts, soit environ 5 centimètres. Messaline ne l’avait pas encore essayé, ni sur elle, ni sur Tullia.

• Gaius Iulius Postumus, l’ancien Préfet d’Egypte, que tu viens de rappeler à Rome, m’a offert ce superbe instrument. Il m’a affirmé que la reine Cléopâtre en personne s’en servait sur ses servantes Charmion et Iris. Il aurait été fait à partir de mesures prises sur la verge de l’un des nombreux amants de la reine, l’ancien esclave éthiopien Memnon. J’ai tout de suite pensé que c’était ce qu’il fallait pour Tullia et j’ai demandé qu’on ajoute des sangles en cuir, pour qu’il tienne bien autour de ma taille quand je vais besogner cette petite garce.

Tullia est partagée entre excitation et peur. Certes, au cours de ces derniers mois, elle avait été prise par des étalons exceptionnellement bien montés, comme Mnester ou l’ancien gladiateur Sabinus. Tullia avait, à ces occasions, prouvé l’exceptionnelle élasticité de sa chatte. Elle était aussi régulièrement fistée par Messaline. Mais là c’était différent, il ne s’agissait plus de vraies queues, qui s’adaptaient à son vagin, mais d’un olisbos rigide. Elle savait aussi que Messaline était, dans ces moments, réputée pour sa brutalité et sa férocité.

Claude s’est installé sur un lectus triclinaris, à proximité du lit, afin de ne rien manquer du spectacle que Messaline va lui offrir. Il bande ferme, trouvant la jeune Tullia à son goût, lui le grand amateur de femmes. Mais Claude a une nature bienveillante. Il s’inquiète pour la patricienne :

• Vas-y tout de même doucement, chérie. Tu vas la blesser.
• Ne t’inquiète pas, mon amour. Je suis certaine que cette cunnus (salope) va prendre son pied !
• Ce serait peut-être bien qu’une de tes servantes apporte de l’huile, pour bien la lubrifier.

Messaline fouille la chatte de Tullia avec ses doigts. Elle les ressort, triomphante, ses doigts sont plein de la mouille de Tullia. Celle-ci gémit et, spontanément, se met à quatre pattes, attendant la saillie.

• Viens constater toi-même César : sa chatte est trempée et béante. Elle aurait été parfaite pour les exactions de ton neveu Caligula.

Claude pâlit à l’évocation de la cruauté de l’empereur fou. Il n’ose imaginer ce qu’il aurait fait subir à la jeune patricienne, lui qui détestait l’aristocratie.

• En effet. Vas-y, ma belle. Après tout, cette femme est à toi.

Messaline ne se fait pas prier. Elle pilonne immédiatement Tullia avec ce gode gigantesque, au risque de la blesser, chaque coup s’enfonçant au plus profond de son intimité. Tullia pleure, supplie, rien n’y fait. Messaline continue.

Elle triomphe car, si les gémissements, les cris, les hurlements de Tullia continuent, ils n’expriment plus la douleur, mais la jouissance. Tullia enchaine les orgasmes, de plus en plus violents.

• Mets-la moi bien au fond !
• Je vais te démonter, ma putain !

Et Messaline se déchaine, devant Claude qui a les yeux exorbités devant la scène la plus torride à laquelle il n’a jamais assisté. Alors que le gode pilonne Tullia, les ongles de Messaline labourent son dos, elle pince brutalement les tétons en érection de sa maîtresse et ses dents marquent les épaules et le cou de la jeune femme.

Messaline a un sentiment de domination sans limite. Tullia est à elle. Elle peut disposer d’elle comme elle le veut. Elle est sa chose. L’ultime orgasme de Tullia, marqué par une longue plainte, est un tsunami dévastateur. Tullia s’effondre sur le lit, brisée par le plaisir. Elle prend aussi conscience que désormais Messaline n’a plus de limites avec elle.

Claude n’a pas joui. Il s’est bien gardé de se masturber car il a envie d’autre chose. Il sait qu’après ce qu’elle vient de subir, Tullia n’est pas en état de le satisfaire. A priori, elle est plus âgée que les jeunes vierges que Messaline fournit habituellement à Claude pour qu’il la laisse se livrer à ses frasques. En observatrice, l’érection de Claude n’a pas échappé à Messaline.

• Je vois que cette garce te fait envie, César. Elle est à toi quand tu le veux. Je partage ma femme avec mon époux l’empereur. Veux-tu la déguster ? Elle est tendre et bonne à croquer.

Sous l’émotion, Claude retrouve son bégaiement :

• Vrai…vraiment, je, je peux en disposer comme je veux ?
• Et autant que tu veux. Sa chatte est un peu sensible après ce qu’elle vient de se prendre, mais elle aime être enculée et elle a une bouche digne de la reine Cléopâtre !

Tullia reprend ses esprits. Elle se dit que devenir l’amante de l’empereur peut lui être bénéfique :

• J’appartiens à l’impératrice, et donc à l’empereur. Je suis à tes ordres César !
• Voilà qui est bien, mon enfant. Mais j’ai du travail, pour le bien de l’empire. J’ai juste besoin d’être soulagé, car tu m’as beaucoup excité, ma petite.

Tullia s’approche et se met à genoux devant l’homme le plus puissant de Rome. Elle le prend en bouche et y met tout son talent de fellatrice :

• Me…Messaline, tu avais raison, sa bouche est divine !

Claude tient la tête de Tullia entre ses mains et baise sa bouche. Très excité, il ne met pas longtemps à jouir, Tullia ne se retire pas et prend soin d’avaler la divine semence.
Etant enfin apaisé après avoir été tant excité, Claude reprend son attitude protectrice. Il embrasse Tullia sur le front et caresse son visage.

• Tu es belle et douce, ma fille. Je veux te revoir. Pas seulement parce que tu réveilles mes sens, mais aussi parce que notre ami Valens, dont tu partages désormais la vie, m’a dit le plus grand bien de ton intelligence et de ta culture.

Messaline jette un regard noir à Tullia, elle dont l’éducation a été plutôt négligée par sa mère, Domitia Lepida Minor. Claude prend congé, laissant seules Messaline et Tullia. Les yeux de Messaline jettent des éclairs :

• Fais attention, petite garce, à ce que tu fais avec l’empereur ! N’imagine pas qu’il va tomber amoureux de toi, il n’aime que moi !
• Je le sais Majesté. Je ne faisais que de répondre à ta proposition, ni plus, ni moins.
• J’entends bien, sinon tu le regretteras. Je t’arracherai les yeux, je t’étranglerai de mes mains.

Tullia comprend que la terrible impératrice ne plaisante pas.

• M’autorises-tu à me retirer, Majesté ? J’ai eu un plaisir inouï tout à l’heure, mais maintenant c’est très douloureux.
• Et bien soit. Je te ferai porter mes ordres demain. Cela concerne Polybe, le secrétaire de Claude.

***

L’intimité de Tullia était en effet particulièrement douloureuse et, de retour à la Domus, elle a été l’objet de toutes les attentions. Valens fait bon usage de ses talents de médecin. Parsam, lui, est indigné et tente de mettre en garde Tullia. Pour lui, Messaline est venimeuse. En la jetant dans les bras de Claude, Messaline lui a tendu un piège. Tullia s’aventure sur un terrain particulièrement dangereux.

Valens lui, par nature, est plus optimiste. Il est proche de l’impératrice comme de l’empereur. Et depuis quelques temps, il ne cesse de vanter la beauté, mais aussi la culture de celle qu’il aime. Valens espère-t-il obtenir de Claude ce que Messaline leur refuse obstinément, c’est-à-dire le divorce entre Lurco et Tullia ? Il sait bien cependant, lui aussi, que c’est un jeu risqué.

C’est Marcia, qui, le lendemain matin, se présente à la Domus Spurii. Tullia, plus belle que jamais, revigorée par les soins de ses servantes et la tendresse de ses deux amants, Parsam et Valens, la reçoit dans le jardin ombragé de la Domus.

• Messaline voudrait que tu couches avec Gaius Iulius Polybius.

Tullia n’a pas oublié Polybe, ni ses amis, les tous puissants Affranchis, dont on dit qu’ils exercent le vrai pouvoir à la place du faible Claude. Polybe est l’un des responsables des services administratifs impériaux, avec le titre de « a studiis ». Tullia se rappelle surtout que c’est ensemble et avec une brutalité certaine, que, lors de l’orgie organisée par Messaline et dont elle était la vedette, les Affranchis impériaux avaient, comme de coutume, « chassé en bande ». Polybe, ses amis Narcisse, Pallas et Calliste, lui avaient imposé une triple pénétration, allant jusqu’à une double vaginale. Tullia n’avait pas oublié leur brutalité et n’avait pas connu de plaisir ni avec Polybe, ni avec ses collègues.

• Puis-je savoir pourquoi l’impératrice me demande ça ?
• Ne pose pas de questions ! L’impératrice décide, tu exécutes !
• Polybe ne va-t-il pas trouver étrange que je le relance, plusieurs semaines après cette fameuse soirée ?
• Messaline pense que tu as tous les atouts pour le séduire. Polybe, qui a été l’amant de l’impératrice, est convaincu qu’il est irrésistible.

***

Tullia ne cherche pas à en savoir davantage et pense qu’il est de son intérêt d’obéir aveuglément à l’impératrice.

Polybe a toujours été un proche de l’impératrice et, bien entendu, il a été son amant. Ce que ne sait pas Tullia, c’est que Messaline s’est lassée de Polybe. Mais il y a pire : Polybe trouve que l’impératrice va décidément trop loin, notamment avec ses scandaleuses sorties nocturnes dans les lupanars de Suburre, ou encore ses orgies nocturnes à la Domus Tiberiana. Il s’est permis de lui dire en face ce qu’il en pensait. Messaline n’a pas apprécié la leçon et elle craint que Polybe n’use de son influence sur Claude pour « ouvrir les yeux » à celui-ci. Pour Messaline, Polybe est devenu un danger.

Tullia va donc déployer tous ses trésors de séduction pour faire de Polybe son amant. Etant souvent présente au Palais en tant que favorite de Messaline, elle s’arrange pour croiser le chemin du secrétaire particulier de Claude.

• Gaius Iulius, quel plaisir de croiser l’homme le plus important de l’empire après César !
• Tu exagères, Domina, je ne suis que le serviteur de l’empereur !
• Tu es trop modeste ! Sans toi, que ferait Claude ? Et surtout c’est un bonheur que de rencontrer un si bel homme.

Polybe est surpris, mais aussi flatté qu’une telle femme, au tempérament si volcanique, s’intéresse à lui. Il est bientôt ferré. Tullia se rend discrètement chez lui et l’épuise une nuit entière, se montrant en apparence amoureuse de l’Affranchi et de ses performances sexuelles, pourtant loin de celles qui font habituellement perdre la tête à la jeune patricienne.

Polybe est tombé amoureux et ne se méfie plus. Messaline, par le biais de Marcia, fait savoir à Tullia qu’il est temps de mettre en œuvre ses instructions, qui semblent étranges à Tullia, mais qui va s’y conformer. Tullia fait porter, par une servante, un message à Polybe, pour l’informer que Messaline, qui veut qu’elle soit rapidement présente quand elle a besoin et envie d’elle, a mis à sa disposition au Palais des appartements. Tullia fait dire à Polybe qu’elle l’y attend, qu’elle ne peut se passer de lui, qu’elle a envie de lui.

Polybe, aveuglé par son désir et ses sentiments pour la jeune femme, ne voit pas le piège et se précipite dans ces appartements, où sa maitresse l’attend, nue. Polybe n’attend pas pour faire l’amour à Tullia et son excitation est telle que la relation est particulièrement expéditive.

Polybe n’est pas fier de sa contre-performance. Tullia l’apaise. Elle se fait plus chatte que jamais :

• Ne t’inquiète pas, mon chéri. Nous aurons d’autres moments quand je serai ton épouse. L’obstacle c’est Messaline, elle ne voudra jamais.
La perspective de devenir le mari d’une patricienne exacerbe l’orgueil de Polybe. Et accroit son ressentiment contre Messaline.
• Il faut se débarrasser de cette chienne, cette folle, cette Meretrix, qui n’a que trop sali le nom de ce pauvre Claude.
• L’empereur t’écoute, Polybe ! Il a confiance en toi.
• Vitiosa Messalina, scelerata, libidinosa, femina, canina («Messaline est une femelle vicieuse, criminelle, lubrique, une chienne »).

Polybe se lâche. Il dit tout ce qu’il pense de l’impératrice, tout ce qu’il a sur le cœur depuis si longtemps. Il sait bien que c’est Messaline que Claude écoutera et pas lui.

• Quant à Claude, c’est un faible, un idiot, le plus grand cocu de Rome !

Ce que ne sait pas Polybe, alors qu’il vient d’insulter l’impératrice et l’empereur, c’est que ses propos ont eu des témoins et pas seulement Tullia. Derrière le rideau, se trouve le Préfet du Prétoire Rufrius Crispinus, accompagné d’huissiers et de gardes. À l’origine, Crispinus était chevalier. Il est le premier préfet du prétoire à recevoir les ornements consulaires, des mains de l'empereur Claude, et grimpe ainsi au sommet de la hiérarchie sénatoriale, ce qui fit alors scandale.

Il a la totale confiance de Claude et c’est déjà lui qui, quelques mois auparavant, avait procédé à l’arrestation de Valerius Asiaticus.

• Gaius Iulius Polybius, je t’arrête : tes propos sont un « crimen maiestatum », en ma présence et celle de ces huissiers de l’empereur.

Polybe connait cette loi et la peine qui en résulte, la mort. Avec l'Empire, l'empereur est devenu la personnification de la « maiestas » du peuple romain. La notion de ce crime de lèse-majesté a évolué sous Auguste puis Tibère, pour condamner les propos portant atteinte à la personne impériale, qui depuis qu'Auguste a reçu la puissance tribunicienne à vie. L’empereur est « sacrosanctus ».

• Je te suis, Crispinus et je ne peux contester les faits. J’ai été un imbécile. Tu m’as trahi, petite putain !
• Je te promets, Gaius, que je ne savais pas que nous étions surveillés et écoutés. Mais je ne t’ai pas incité à prononcer des propos sacrilèges.
• Tu ne perds rien pour attendre. Quand elle sera lasse de s’amuser avec toi, Messaline donnera satisfaction à Lurco et se débarrassera de toi.

***
La déloyauté a donc mené Polybe à sa chute. Il fut exécuté sur ordre de l’empereur, qui refusa de l’entendre, se contentant du rapport de Crispinus et de ses huissiers.
Messaline a ainsi montré son pouvoir aux autres affranchis, Narcisse, Calliste et Pallas. Elle prouve ainsi que, malgré leur immense pouvoir, les affranchis de l’administration impériale, étaient sous l’autorité de l'empereur, et non l’inverse comme la rumeur se plaisait à le dire.

Tullia est choquée par le rôle qu’on lui a fait jouer et ose s’en ouvrir à Messaline. La réponse de celle-ci est tranchante :

• Je te croyais intelligente, mais je constate que tu es bien naïve, ma petite. Contente-toi de m’obéir et surtout n’abuse pas de ma patience si tu veux conserver ta jolie tête sur tes épaules.

Messaline semble toute puissante, car les autres affranchis font le dos rond, Pallas étant le seul à avoir tenté de défendre son collègue, mais sans insister devant la détermination de Claude. Les puissants affranchis attendent que Messaline aille vraiment trop loin pour la faire tomber. Ils savent qu’à terme ce sera elle ou eux.

Parsam, quant à lui, est catastrophé que Tullia ait été instrumentalisée par Messaline pour son nouveau forfait. Comme Polybe l’avait dit à Tullia, la cruelle Messaline, quand elle sera lasse de la jeune patricienne, l’abandonnera au sort que lui réserve Lurco. Parsam va donc s’efforcer de convaincre les affranchis que Tullia ne connaissait pas toutes les ficelles des intrigues de Messaline, afin que ces puissants personnages l’épargnent quand ils feront tomber Messaline.

Le puissant Affranchi Narcisse, qui occupe la fonction de praepositus ab epistulis (responsable de la correspondance) auprès de Claude, est très clair envers Parsam quand celui-ci vient défendre la cause de Tullia :

• Je veux bien lui laisser le bénéfice du doute, mais sache que nous serons impitoyables envers tous ceux et celles qui seront restées fidèles à Messaline. Ta Tullia devra choisir son camp et faire ses preuves.

Entre Parsam, proche des Affranchis impériaux et Valens, indéfectiblement fidèle à l’impératrice, Tullia ne sait quelle stratégie choisir. Valens, lui, la pousse à se rapprocher de l’empereur Claude, qui a gardé le souvenir de la petite fille savante qui l’éblouissait chez son ami Marcus Tullius Longus. Mais Claude est aussi attiré par Tullia pour d’autres raisons, qui ne sauraient plaire à Messaline. S’ajoute le fait que, désormais, Messaline n’a plus aucune limite envers Tullia.

Elle vient d’ailleurs de lui faire savoir, en lui envoyant sa servante Sylvia, qu’elle ordonne à Tullia de l’accompagner le soir même à Suburre.

(A suivre : 14 « Lysisca et Danaé à Suburre)
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Commentaires du récit : Matrone et Domina : Tullia, une patricienne hypersexuelle dans la Rome impériale : (13) : Claude et Polybe

Le 16/10/2022 - 20:05 par OlgaT
Merci Micky. C'est vrai pour Messaline pour laquelle j'ai choisi de suivre le récit à charge des historiens romains, dont j'ai souligné que leur témoignage forçait le trait. Pour Tullia, personnage fictif, elle suit ses addictions mais reste une sacrée personnalité
Le 16/10/2022 - 19:01 par Micky
Toujours friande de ces récits romains, même si les femmes n'y sont pas présentes sous un jour très flatteur...
Le 13/10/2022 - 16:36 par OlgaT
@ Didier, Messaline est bien à l'origine de la chute de Polybe, l'un des puissants Affranchis de Claude et qui avait été l'un de ses amants. Se faisant, Messaline s'est mis gravement à dos les puissants affranchis, Narcisse, Pallas et Calliste. Ils peuvent légitimement craindre d'être les prochains sur la liste. J'ai imaginé que mon personnel central, Tullia, avait été l'instrument de Messaline en vue de se débarrasser de quelqu'un qui était devenu une gênant, après avoir été longtemps un des ses principaux soutiens.
Le 13/10/2022 - 16:21 par DBHB24
Olga, je te remercie pour ce prompt retour, qui par ses allusions, insinue une, voire des suites très prometteuses à ton récit. Je tiens également à souligner la qualité de ton écrit et te féliciter pour ce travail très minutieux d'adaptation de faits historiques à ton récit. D'un côté, cela lui donne une certaine crédibilité temporelle, de l'autre, il est plaisant de s'imaginer qu'une "Tullia" aurait pu, réellement à l'époque, être à la base de la chute d'un des puissants affranchis de Claude... J'espère que tu nous donneras encore l'occasion et le plaisir d'en lire d'autres. Merci, et continue à nous surprendre et nous faire rêver avec cette merveilleuse épopée Didier
Le 13/10/2022 - 14:25 par OlgaT
@ Didier, en effet Messaline se sert de Tullia comme un instrument de son plaisir et de ses intrigues. Il est clair aussi que la rencontre l'empereur aura des conséquences. Positives pour Tullia et ses amours, ou négatives, en suscitant la jalousie de l'impératrice? Tullia a, pour le moment, éloigné les menaces qui pesaient sur elle. Pour autant, Messaline reste dangereuse. Et cette " invitation" à la rejoindre à Suburre en est la preuve.
Le 13/10/2022 - 14:05 par DBHB24
Merci Olga pour ce chapitre où Luxure, Manipulations et Intrigues sont au sommaire. En effet, notre belle et insouciante héroïne, faisant maintenant partie intégrante des proches, des intimes de l'impératrice, vit pleinement son hypersexualité aux yeux de tous... Toutefois, Tullia est passée totalement sous la coupe d'une perfide Messaline, toujours aussi intransigeante sur son devenir. Véritable "objet sexuel", d'une part, Tullia accepte de se prêter, nuit et jour, aux perpétuels caprices de Messaline, et même à se faire "baiser sauvagement" par elle devant un empereur voyeur, mais pas que... Tel un pion dans le jeu politique, d'autre part, Tullia, obéissant aveuglement à l'ordre de l'impératrice, doit se faire manipulatrice, et se rendre complice, malgré elle toutefois, de la chute de Polybe. Cependant, notre jeune patricienne obtenant, d'une Messaline pleine d'arrières pensées, d'avoir auprès d'elle son premier amour Parsam semble de par ses charmes et de par son érudition avoir conquis un empereur Claude très conciliant envers elle. Néanmoins Tullia se voit désormais partagée entre un Parsam protecteur et un Valens opportuniste. Tullia n'a-t-elle pas là joué à un jeu dangereux? Cette rencontre fortuite avec Claude va t'elle servir ou desservir les desseins de Tullia? Que veut Messaline en demandant à Tullia de la suivre à Suburre, l'asservir encore plus? l'humilier? Didier

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