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Matrone et Domina : Tullia, une patricienne hypersexuelle dans la Rome impériale : « (20) mariage fatal pour Messaline

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Lue : 0 fois - Commentaire(s) : 8 - Histoire postée le 11/11/2022

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AVERTISSEMENT

Ce chapitre, sur un fond historique, ne contient pas de scène « chaude », telle que recherchée par une partie du public qui vient sur ce site. Il était pourtant indispensable, pour comprendre le parcours de Tullia. Il est un moment décisif pour elle et ses proches.

***

RESUME DES CHAPITRES PRECEDENTS

Nous sommes en septembre 48, sous le règne de l’empereur romain Claude.
Son mari Lurco s’étant retiré dans sa villa de Baïes, Tullia, jeune et jolie patricienne, assume pleinement son hypersexualité auprès de son amant candauliste, Vettius Valens, médecin personnel de Messaline. La patricienne et le médecin vivent le parfait trio avec Parsam, eunuque arménien, lui aussi amoureux de la jeune femme.

Tullia a été étroitement associée à toutes ses frasques par l‘impératrice, la débauchée Messaline, qui n’a cependant pas digéré la brève relation entre Tullia et l’empereur Claude. Face aux menaces de l’impératrice, Tullia et Parsam s’allient aux affranchis impériaux, pour tendre un piège à l’Augusta Meretrix. Pour ce faire, Tullia séduit Caius Silius, futur consul de Rome et dont la beauté est proverbiale. Cela constitue une provocation aux yeux de Messaline, qui convoitait elle aussi le beau Caius et ne supporte pas que Tullia lui ait grillé la politesse. Sa réaction sera virulente. Silius rompt avec Tullia et devient l’amant de Messaline. Messaline et Silius tombent follement amoureux, au point qu’ils ont décidé de se marier. Derrière cette union, il y a un complot politique. A l’occasion du mariage de son amie Messaline, Lurco a fait son retour et menace Tullia et ses amours.

***

L’empereur étant parti pour Ostie, la cérémonie nuptiale a lieu, en présence de nombreux témoins, autour de Silius, en habits de fête, et de Messaline, couverte du voile de safran des fiancées. Le lit nuptial des nouveaux époux, couvert de pourpre de Tyr, est consacré. Tout se déroule selon les rites d’un mariage romain en bonne et due forme. Outre des auspices et des sacrifices, il y a un contrat de mariage, revêtu du sceau de Claude, fruit de sa crédulité ou extorqué par Messaline. Ce contrat prévoit une dot d’un million de sesterces apportée par Silius. Il est aussi écrit dans l’acte que les conjoints se marient pour avoir des enfants. Silius et Messaline ont bien en tête de renverser Claude pour installer une nouvelle dynastie.

Nous sommes en automne, la saison où, à Rome, le sang bouillonne et fermente dans les veines, comme le vin dans les cuves. Aux jardins du Palatin, Messaline s’est rendue en compagnie de son bien-aimé. Ses esclaves, ses affranchis, ses courtisans, ses compagnons de débauche, ses amis et ceux de Silius se sont réunis dans ces jardins, pour une fête champêtre et mythologique. Les femmes sont déguisées en bacchantes, les hommes en satyres. Les bacchantes agitent des thyrses, ces grands bâtons en bois de cornouiller, orné de feuilles de lierre et surmonté d'une pomme de pin. Ces thyrses sont l’attribut majeur de Dionysos. Quant aux hommes, ils font raisonner les crotales, sorte de cliquette, employée spécialement dans le culte de Cybèle et dont on se servait fréquemment aussi pour accompagner la danse. Messaline renoue ainsi, un siècle après, avec les pratiques dionysiaques de son ancêtre, le triumvir Marc Antoine.

Messaline, échevelée, le front haut et le sein nu, se tient appuyée sur Silius, qui a le front revêtu d’une couronne de pampre, symbole du Dieu Bacchus. Le nouveau mari de Messaline balance la tête, envouté par le chant bruyant des chœurs lascifs. Autour du couple enlacé, tournoie une troupe affolée d'ivresse et de plaisir. Partout ruisselle des cuves le vin nouveau que presse le pied nu des bacchantes. Les hymnes des corybantes, qui célèbrent le culte de Cybèle, et les danses des ménades, les adorateurs de Dionysos, retentissent au pied des grands ormes enguirlandés de vignes. Sous ce chaud soleil, de cette débauche et de ce vin qui déborde à pleins flots s'élève une âcre vapeur. Le mariage de Messaline est la plus grande bacchanale jamais organisée par l’Augusta Meretrix, pourtant coutumière de soirées orgiaques.

***

Au fur et à mesure de l’avancée du banquet, tous les convives se laissent allés à l’ivresse et au stupre. Le vin lève leurs inhibitions, encourageant des couples illégitimes. C’est ainsi qu’un des proches de Messaline, le chevalier Sextus Traulius Montanius, copule sans gêne avec Licinia, la nièce du puissant affranchi Narcisse, pourtant mariée et mère de deux enfants.

Deux invités restent cependant en dehors de ces excès, parce qu’ils veulent conserver leur lucidité pour pouvoir obtenir de Messaline ce pour quoi ils sont venus. L’un et l’autre sont convaincus que le pouvoir sera bientôt entre les mains de Messaline et Silius. Leur préoccupation est commune : il s’agit du sort de Tullia. Mais l’un veut le contraire de l’autre. Valens veut sauver Tullia, alors que Lurco est résolu à sa perte. Connaissant les mœurs de Lurco, Messaline a mis à sa disposition de beaux éphèbes, mais Lurco a pour le moment d’autres préoccupations. Valens pense avoir l’avantage, car il est le premier à avoir l’occasion de parler à Messaline et à Silius. Il sait qu’il dérange et que le couple ne pense qu’à s’étourdir de fête et de sexe. Dès qu’il prononce le nom de Tullia, Messaline l’interrompt avec colère :

• Ça suffit Valens ! Sylvia m’a informé des dernières incartades de cette chienne. Je ne veux plus entendre parler d’elle.
• Majesté, le jour où tu célèbres ton bonheur avec Caïus Silius, je t’implore. Permets à Tullia et à moi d’être nous aussi heureux. Je te promets que nous vivrons loin de Rome et que tu n’entendras plus parler de nous.
• N’insiste pas, Valens. Elle ira rejoindre aux enfers ces putains de Livilla, de Julia Drusi et de Poppée

Silius, qui se souvient de sa brève liaison avec Tullia, tente de calmer la cruelle Messaline.

• Ma chérie, ne pouvons nous pas nous montrer indulgents, le jour de notre mariage ?
• Il n’en n’est pas question. Je fais de toi un empereur, j’entends que, comme Claude le faisait, tu me donnes tout ce que je veux. Et donc que, dès que tu occuperas tes nouvelles fonctions en tant qu’empereur, que tu fasses juger et punir cette petite putain, que je hais. Je veux sa tête !

Valens se retire, décomposé, pâle comme un mort. Lurco, qui le croise, comprend qu’il a gagné et affiche un sourire triomphant. Valens ouvre enfin les yeux sur la vraie personnalité de Messaline. C’est Parsam qui a raison : cette femme est une nymphomane et une criminelle, une folle. Il comprend enfin pourquoi Parsam et Tullia ont comploté avec Narcisse la perte de Messaline. Il faut donc que Claude réagisse au plus vite et écrase le complot de Messaline et de Silius. Valens voit alors le jeune Suillius Caesoninus, le fils de Publius Suillius Rufus, intime de Messaline et de Valens (voir en particulier les chapitres 8 (« Nuit Torride au Palatin ») et 12 (« Les plaisirs de Tullia »). Son père, Rufus, est bisexuel, mais cela ne choque pas, car Rufus est un « fututor ». Il est actif. Par contre Caesoninus est passif, et, dans l’orgie en cours, diront les témoins, il s’est comporté en femme. Rufus, absent d’Italie pour visiter ses domaines en province, n’est pas présent à la fête. Caesoninus sait que Valens est, pour son père Rufus, comme un frère. Valens lui donne l’ordre de quitter immédiatement la fête et de rejoindre Claude au plus vite, de le prévenir de ce qui se passe et en lui disant qu’il doit intervenir au plus vite, car son trône et sa vie sont en jeu. Caesoninus lui demandant pourquoi il n’y va pas lui-même, Valens répond :

• D’une part, on s’apercevrait immédiatement de mon départ. D’autre part, je suis trop compromis avec Messaline pour être crédible.
• Je ne risque rien ?
• Non, au vu de tes mœurs, personne ne prétendra que tu aies été un des nombreux amants de Messaline. Sans oublier que ton père Rufus est un homme influent.

Caesoninus s’en va au plus vite pour retrouver Claude, muni d’instructions précises de la part de Valens. Celui-ci sait que, par ce geste, il s’est sans doute condamné, mais il espère avoir sauvé Tullia. Il passe la suite du banquet à boire, tout en pensant à Tullia, à Parsam, à son enfant qu’il ne connaitra sans doute jamais.

De son côté, Lurco regagne sa place, l’air triomphant, après un bref entretien avec Messaline, en présence de Silius. Messaline lui a confirmé que le sort de Tullia est scellé, dès qu’elle aura donné naissance à son enfant. Il peut enfin se consacrer aux éphèbes qu’il entoure. Il regrette juste que Suillius Caesoninus soit parti. Il l’a vu à l’œuvre tout à l’heure et aurait bien aimé, à son tour, s’occuper du fils de Rufus. Lurco sodomise brutalement l’un des éphèbes mis à sa disposition, tout en pensant aux souffrances qu’il va infliger à Tullia, à Parsam et à Lucia.

***

Le piège se referme sur Messaline et Silius. Narcisse a fait en sorte que Claude soit prévenu par des deux maitresses, Calpurnie et Cléopâtre. Convoqué à son tour, Narcisse, après avoir demandé à Claude pardon pour avoir si longtemps garder le silence sur les frasques de Messaline, confirme le scandale et dévoile le complot :
• Le mariage de Silius s’est fait aux yeux du peuple, du sénat, des soldats. Si tu ne te hâtes pas, ce nouveau mari est maître de Rome.

Caesoninus a parcouru à brides abattues les 10 milles (soit environ 25 kilomètres) qui séparent Rome d’Ostie. Il débite la leçon apprise de Valens, insistant sur le complot qui menace la vie de l’empereur et son trône. Reconnaissant qu’il a participé à l’orgie, Caesoninus proteste de sa fidélité à Claude et le presse d’agir au plus vite. Claude est anéanti. Vitellius, qui a accompagné Claude à Ostie, comprend que Claude, en panique, est en train de basculer et que, cette fois, Messaline a été trop loin. Toujours aussi « courageux », il la lâche immédiatement, appelant Claude à défendre son trône et à laver son honneur. Narcisse le regarde avec mépris, mais sait qu’il a besoin d’alliés. Il est donc décidé que Claude retourne immédiatement à Rome, en compagnie de Narcisse, de Vitellius et de Caesoninus.

A Rome, les invités de Messaline et de Silius sont assommés par la chaleur, le vin et les débauches. Même les chants et les danses sont désormais en sourdine. Valens monte soudainement à un arbre et scrute l’horizon.

• Que vois-tu, lui demande-t-on ?
• Un orage qui vient d’Ostie.

Ce que voit Valens est ce qu’il attendait : la poussière de l’escorte impériale annonce la vengeance de Claude. De toutes parts arrivent auprès de Messaline des messagers qui lui annoncent que l'empereur sait tout, qu'il arrive, prêt à se venger, et que les troupes prétoriennes le soutiennent. Aussitôt, tout l'entourage de l'impératrice se disperse. Silius lui-même la quitte pour aller au Forum, espérant que la dignité consulaire pourra lui servir de sauvegarde.

Messaline se réfugie dans les Jardins de Lucullus, qu’elle avait l’année précédente récupérés après le suicide d’Asiaticus. Elle échafaude des plans : aller, avec ses enfants, supplier Claude de pardonner. Faire intercéder en sa faveur la doyenne des Vestales, Vibidia. Elle connait la bonté, la faiblesse de Claude et ses sentiments pour elle : si elle peut lui parler, elle est sauvée. Narcisse en est conscient et va veiller à que Messaline ne puisse pas voir Claude, ni laisser Britannicus, Octavie et Vibidia plaider sa cause. Il amène Claude chez Silius, pour qu’il voie que Messaline a vidé le palais pour couvrir son amant de cadeaux, y compris des objets appartenant de longue date à la famille impériale. Il le conduit ensuite au jardin du Palatin, pour qu’il contemple les vestiges de l’orgie. Et enfin, et surtout, au camp de la garde prétorienne, à qui Claude promet de ne plus se remarier ! Les puissants prétoriens l'accueillirent en demandant à grands cris la mort des coupables. Claude leur adresse une courte harangue et ordonne l'arrestation de Silius et de ses complices, de ceux du moins que Narcisse n'a pas déjà fait saisir.

***

Claude fait comparaitre devant lui ceux qui ont été déjà été arrêtés et 110 autres qui figurent sur la liste de Narcisse, auxquels s’ajoutent 4 patriciennes accusées de s’être prostituées sur l’instance de Messaline. Au total va se dérouler une audience qui durera trois heures pour 360 accusés, parmi lesquels 20 chevaliers et six sénateurs. Au moment où est établie cette liste de proscrits, Vitellius intervient :

• César, figurent sur cette liste quatre patriciennes qui se sont prostituées sur l’instance de Messaline. Il faudrait ajouter sur cette liste Tullia, la fille de Marcus Tullius Longus et l’épouse de Lurco. Elle a été la compagne de débauche de Messaline, sa maîtresse. Il est établi qu’elle s’est prostituée à Suburre avec l’Augusta Meretrix. Et elle est l’amante du docteur Vettius Valens. Pourquoi l’épargner ?
• Tullia nous a aidés à démasquer les comploteurs, dit Narcisse
• Et puis, je l’aime bien cette petite. Je me souviens quand j’allais chez son père, qui était mon ami. Et enfin, elle est si érudite.
• Elle doit pourtant être sanctionnée, fait observer un autre affranchi, Evodius.
• Il me semble qu’elle va hériter des biens de Lurco, qui fait partie de la liste de Narcisse. Il y a une villa à Baïes. Qu’elle soit exilée là-bas et interdite de séjour à Rome.

Narcisse n’avait pas mis sur la liste le sénateur Saufellus Trogus, qui, se sachant compromis, se suicida. Quant au sénateur Plautius Lateranus, neveu du général Aulius Plautius, le conquérant de la Bretagne, il fut condamné à l’exil, chassé du sénat mais sauva sa tête. Narcisse n’oublie pas l’aide importante apportée par Lateranus dans le piège tendu à Messaline et Silius.

De même, Caesoninus fut épargné, pour avoir rallié Claude in extremis, par égard pour son père Rufus, et parce qu’il était établi, de par ses préférences sexuelles, qu’il ne pouvait avoir été l’amant de Messaline. Son genre de vie lui avait attiré une mauvaise réputation dont il se servit pour se protéger lors de la répression des complices de Messaline. Lui aussi fut chassé du sénat : son aveu de « muliebra pati » en faisait un homme qui refusait sa masculinité, conduite incompatible avec la dignité sénatoriale. En résumé, Caesoninus menait une vie dissolue, qui l’avait amené à fréquenter le cercle de Messaline. Lors de la féroce répression de 48, l’aveu de ses mœurs et l’influence de son père le sauvèrent de la mort, mais il fut exclu du Sénat et renié par sa famille. Il eut pourtant une fille qui hérita de son grand-père, Rufus, signe qu’elle-même avait été éloignée de son père par sa famille afin de préserver son honneur.

Tous les autres anciens amants et complices de Messaline sont condamnés et traînés au supplice : Silius bien entendu, qui meurt avec beaucoup de courage, en Romain, le chevalier Titius Proculus, Calpurnianus, le commandant des Vigiles, le sénateur Virgilianus, ami très proche de Valens (voir les chapitres 7 « La soirée de Tullia » et 12 : « Les plaisirs de Tullia »)

Beaucoup des accusés ne cherchent pas à se défendre, sachant ce que signifiait pour eux la chute de Messaline. Le chevalier Traulus Montanus tente de sauver sa tête. Montanus se défend en montrant un ordre signé de Claude lui intimant l’ordre de coucher avec l’impératrice, Messaline ayant l’habitude d’extorquer la signature de l’empereur, pour « ne pas fatiguer ses yeux » ! Claude lui fait remarquer qu’il n’avait ni été obligé d’assister au mariage, ni de déshonorer Licinia, la nièce de Narcisse. Montanus fait donc partie des condamnés. Claude se ravisera et Montanus sauvera in extremis sa tête. Il sera, après des années d’exil, le second mari de Calvia Crispillina, l’âme damnée de Néron.

Le mime Mnester tente, lui aussi, de se disculper, en disant qu’il avait été forcé de devenir l’amant de Messaline. Il rappelle l’ordre de Claude, lui intimant de « faire tout ce que Messaline lui demanderait » et montre son dos qui portait des traces de coups de fouet. Mnester fait observer que les autres ont été séduits par l'intérêt ou par l'ambition, mais que lui n'a fait que céder à la contrainte, qu'enfin il aurait probablement été le premier à périr si Silius fût parvenu au pouvoir. Claude, poussé par son caractère clément, est prêt à lui pardonner, mais ses affranchis s'y opposent. Narcisse fait observer à Claude que les traces de fouet sont anciennes et que cela doit relever de « leurs jeux pervers ». Mnester doit mourir comme les autres amants de Messaline.

Quand son tour arrive, Lurco se montre tel qu’il a toujours été : vil et lamentable. Il explique qu’étant seulement intéressé par les hommes, tout en étant, contrairement à Caesoninus, un « fututor », il n’a jamais été l’amant de Messaline, seulement un de ses courtisans. Il est venu au mariage, pensant que Claude avait renoncé au trône au profit de Silius. Son seul but était de demander le châtiment de son épouse, « une putain qui a eu autant d’amants que Messaline ». Ecœuré, Claude fait signe qu’on le débarrasse de la présence de ce personnage. Lurco crie, se débat, supplie, ce qu’il fera jusqu’au bout, mourant comme il a toujours vécu, en lâche. Narcisse a veillé à ce que ses biens ne soient pas confisqués, son « fils » Caius en héritant, sous la responsabilité de Tullia. Il doit bien ça à la jeune patricienne.

Narcisse sait par contre qu’il ne peut rien faire pour Valens. Claude lui en veut beaucoup, parce qu’ils ont été très proches et que Valens était un lien entre Messaline et lui. Valens tente de sauver sa tête, pas par lâcheté, mais pour Tullia et afin de connaitre et élever son enfant. Il prétexte qu’il peut aider la justice impériale à démonter le complot. Claude balaie cette proposition d’un revers de main.

• Tu étais comme un fils pour moi, Valens. Tu es donc particulièrement coupable !
• Puis-je juste de demander ce que devient Tullia ?

Narcisse lui fait connaitre la décision de Claude. Valens remercie l’empereur, se sentant apaisé. Il demande et obtint un parchemin pour écrire quelques lignes à Tullia, message qu’il confie à Narcisse. Vettius Valens, le brillant médecin, l’intellectuel qui avait ébloui Claude, meurt avec courage, ayant dans son cœur et sur ses lèvres le nom de Tullia, son grand amour.

***

Réfugiée, dans les jardins de Lucullus, l'impératrice ne veut pas perdre tout espoir : fiévreusement elle écrit des suppliques aux vestales, aux pontifes, aux sénateurs, à cet époux même qu'elle a tant outragé. Elle supplie, elle se fait humble et repentante, et puis subitement passe à la fureur, elle ordonne, elle commande. Son agitation s'exhale en folles paroles, elle veut qu'on l'écoute, qu'on lui obéisse. Elle se croit encore l'épouse révérée de l'empereur, oubliant qu'elle n'est plus que la complice du condamné Silius.

Narcisse craint que Claude, toujours amoureux, ne finisse par pardonner. Il décide d’envoyer son collègue Evodius, avec un tribun et une troupe de soldats, avec pour ordre d’exécuter Messaline.

La mère de Messaline, Lepida, est auprès de sa fille. Elle oublie que sa fille était à l’origine de la mort, en 42, de son 3ème mari, Caius Appius Junius Silanus, qui s’était suicidé pour échapper aux avances de Messaline. Lepida pousse Messaline à mourir en Romaine et à se suicider, ce que celle-ci est incapable de faire. Messaline est étendue, pleurant silencieusement. Tout à coup on entend un bruit de portes forcées : sous l'obscurité des bosquets, Lépida voit reluire des torches, des pas, un groupe d'hommes arrive impétueusement jusque devant les deux femmes et là s'arrête brusquement. Ce sont les émissaires de Narcisse : le tribun va droit à Messaline, il lui montre sans mot dire son épée nue. Alors voyant que c'était bien fini, et qu'il fallait mourir, l'épouse adultère saisit un poignard que lui tend sa mère, elle le lève, elle fait le geste de se frapper et ne se frappa point.

Evodius se met à l’insulter :
• Chienne, louve, putain !

Messaline est ailleurs, en plein délire.
• Elle divague de plus en plus. À genoux, catin ! Tribun, tire ton glaive !

Messaline déchire fébrilement le haut de sa robe, et son sein est nu comme une lame.
• Salope ! dit Evodus.

Brusquement, sans la prévenir, comme pour la dérober aux insultes de l’Affranchi, le tribun enfonce son glaive dans la gorge. Elle tombe morte entre les bras de sa mère. Ainsi finit Messaline.

***

L'empereur est encore à table quand Narcisse vient lui apprendre la mort de Messaline, sans lui dire si cette mort avait été volontaire ou forcée. Claude reste impassible, et ne demande aucun détail ; sans doute préfère-t-il rester dans le doute à cet égard. Le repas s'achève silencieusement. La nuit, par les soins de Narcisse, toutes les statues, toutes les images de l'impératrice disparaissent du Palatin. Le Sénat ordonne d'effacer son nom de tous les monuments et de tous les actes publics : Messaline est frappée de « damnatio memoriae »

Au moment de l’épilogue de ce drame, Tullia, confinée à la Domus Spurii selon les ordres de Lurco, ne sait rien d’une journée qui a bouleversé sa vie. Elle ne connait ni le sort de Valens ni celui de Lurco. Une troupe de Vigiles, conduite par Narcisse, se présente alors à la Domus.

A suivre « (21) Baïes, deuil et retrouvailles »
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Commentaires du récit : Matrone et Domina : Tullia, une patricienne hypersexuelle dans la Rome impériale : « (20) mariage fatal pour Messaline

Le 16/11/2022 - 21:01 par OlgaT
@ Micky, un grand merci. Venant d'une auteure de ton talent, c'est un compliment qui me touche beaucoup @ Didier, @ Didier, tu as raison, merci pour cette analyse pertinente. En l'absence de sources, de références dans les textes qui ont parlé de la répression qui a suivi le complot de Silius, deux hypothèses sont probables. - Soit Sabinus a fait partie de la "charrette". Hypothèse crédible, car la situation de Sabinus était très proche de celle de Mnester. Comme lui Sabinus avait été très proche de Caligula et s'en était sorti après l'assassinat de l'empereur par les prétoriens en 41. Mnester était retournée sur scène et Sabinus dans l'arène. Et comme les proches de Caligula n'étaient guère populaires, ni dans l'entourage de Claude, ni au Sénat... - Soit Sabinus, en vieux renard, a pu aussi passer, une fois de plus, entre les gouttes. Trop vieux désormais pour retourner dans l’arène et surtout devant se faire oublier, il peut avoir quitté Rome. Il est logique alors de penser que, pour vivre, il ait mis à profit son expérience de la gladiature. Et donc, il peut être un intermédiaire utile pour une Tullia toujours "à l'affût" pour apaiser une libido difficilement contrôlable. On pourrait donc le revoir comme "intermédiaire" entre la jolie patricienne et les gladiateurs."
Le 16/11/2022 - 07:49 par DBHB24
Olga, j'ai pris un certain plaisir à découvrir comment, toujours cohérente dans ta présentation de Messaline depuis le début de cette merveilleuse histoire de Tullia, tu as su nous décrire cette journée tragique pour l’Augusta Mérétrix. Je m’interroge cependant sur le sort d’un des protagonistes de ton récit, proche de Messaline et amant de Tullia, dont tu ne parles pas du tout dans ce chapitre, je veux parler du gladiateur Sabinus. En effet étant un des intimes de l’Augusta Mérétrix, il faisait forcément parti des convives. Il a dû logiquement et surement subir le même traitement que les autres amants de Messaline. Toutefois, ne le citant pas, je me plais à imaginer que Sabinus a réussi à échapper au carnage, et s’est réfugier incognito dans un ludus très loin de Rome pour se faire oublier… Didier
Le 12/11/2022 - 22:07 par OlgaT
@ Didier, merci. En effet, c'est un chapitre de transition qui marque la fin de la période "Messaline" des aventures de Tullia. Celles-ci sont en effet loin d'être finies. Et le choix de son lieu d'exil n'est pas le fruit du hasard, Baïes n'étant pas que la Saint-Tropez de l'ancienne Rome, mais le lieu de tous les plaisirs
Le 12/11/2022 - 13:23 par DBHB24
Olga, En tant que passionné d’Histoire, je ne peux que te remercier pour ce chapitre hautement historique. Très bien documenté et détaillé, il décrit parfaitement cette journée mémorable. Une fois de plus, comme le dis si bien Micky aussi, tu as su admirablement adapter la petite histoire à la grande. Certains te reprocheront surement un manque de scène de sexe. A mon humble avis, au regard du contexte, se devant être exclusivement historique, cela aurait été inapproprié voir superflu d’en mettre. Je trouve de plus que ce chapitre est une bonne transition pour ouvrir la porte à une suite des aventures « sexuelles », ou autres de Tullia. Je m’avance peut-être en disant cela, mais j’ai le sentiment en effet que tu vas encore nous écrire et livrer des épisodes « croustillants » à souhait, dont toi seule a le secret. Primo, dans le premier chapitre, tu écris que Tullia va vivre sous le règne de Trajan qui de mémoire n’accéda au pouvoir qu’en 98. Secundo, à la fin de ce chapitre, Claude exile Tullia à Baïes, qui fut, n’est-il pas en son temps, la ville de tous les plaisirs. Quod Erat Demonstrandum (C.Q.F.D) Didier
Le 12/11/2022 - 06:26 par Micky
Toujours de mélange adroit de documentation historique et de fiction pure. Tout un art qui n'est pas donné à tout le monde. Bravo Olga.
Le 11/11/2022 - 20:55 par OlgaT
Merci à Chris et à Didier. @ Chris, oui beaucoup de recherche et c'est un vrai plaisir, suivi de celui de l'écriture @ Didier, tu as bien résumé les enjeux. Tullia, notre héroïne n'apparait pas beaucoup dans cet épisode, qui sera décisif pour elle. Une période de sa vie tumultueuse, marquée par Messaline comme par le brillant Vettius Valens, s'achève.
Le 11/11/2022 - 20:10 par Chris71
Beaucoup de recherche
Le 11/11/2022 - 15:56 par DBHB24
A la lecture de ce titre « Mariage fatal pour Messaline », on pourrait penser que tout est dit. Je dis, moi, presque tout, car ce mariage ne fut pas fatal que pour l’Augusta Mérétrix. En effet, Valens, malgré les recommandations de sa bien-aimée Tullia, s’est rendu à ce funeste mariage pour défendre sa cause. Plaidant en vain une fois de plus face à une Messaline haineuse, il réalise avec désespoir que notre belle matrone est bel et bien perdue. Toutefois, ouvrant enfin les yeux, Valens tente alors le tout pour le tout pour sauver sa belle en faisant alerter Claude de ce qui se trame à Rome. Le piège vient de se refermer sur Messaline. Les représailles ne se font pas attendre, Claude étant sans pitié pour les participants. Contrairement à Lurco, Valens meurt avec honneur et courage, en sachant que son sacrifice n’est pas vain. En effet, Claude, par nostalgie ou par amour peut-être, gracie Tullia en décidant de l’exiler à Baïes. Messaline, de son côté reçoit elle aussi le sort qu'elle mérite pour ses actions, la mort. Le plan de Parsam ayant effectivement bien fonctionné, on pourrait penser que la maxime "Rira bien qui rira le dernier" s'applique parfaitement dans ce contexte. Il m'est d'avis, toutefois, qu'au vu du prix à payer, Tullia ne versera pas que des larmes de joie dans le prochain chapitre. En effet, quelle va être la réaction de Tullia à l‘arrivée des vigiles puis à l’annonce des morts de Lurco son mari et de Valens son amant et grand amour ? Quel est le contenu du parchemin qu’a rédigé Valens ? Et pour Parsam qu’en est-il ? Didier

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