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Sans regrets

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Lue : 2953 fois - Commentaire(s) : 1 - Histoire postée le 26/06/2013

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Nous en avons longuement discuté. Jeunes mariés, en train de terminer les travaux de notre maison, nous reportons à plus tard la naissance de notre premier enfant. Comme moyen de contraception, à la pilule Marie préfère la pose d’un stérilet par son gynécologue.

Justin, un ami célibataire encore couvé par ses parents, m’a offert son aide pour la construction du mur de clôture et pour l’installation des allées de jardin. Certains jours, à mon retour de l’usine je trouve Justin en train de faire du béton dans ma cour. En marcel, sueur au front, il remue sable, ciment et eau avec une facilité qui m’impose respect. Sa musculature m’impressionne et Marie m’a dit, admirative :
- Quel costaud. Tu as vu ses biceps !

Ce qui m’époustoufle c’est son assiduité. Il ne compte pas ses heures. Si je veux le freiner, il rit, toutes dents dehors et se déclare si heureux de pouvoir me seconder. A voir la joie de Marie devant l’avancement des travaux, il est ravi. Le soir il se retire et le bisou de Marie est sa plus belle récompense.

Il nous révèle d’autres talents : Peinture et papier peint n’ont pas de secret pour lui, il prend plaisir à participer à nos travaux. La décoration intérieure avance à pas de géant grâce à sa grande disponibilité, même en mon absence. C’est devenu un ami précieux. Pour le remercier il nous arrive de l’inviter à notre table le dimanche. Il se présente avec un bouquet de fleurs pour la maîtresse de maison, mange avec appétit et couvre de compliments la cuisinière. Marie le trouve charmant et comme moi apprécie sa compagnie. Il lui arrive de rougir sous les louanges de ce cher ami.

Il nous a annoncé récemment ses fiançailles avec une jeune fille de son village natal situé à environ cent cinquante kilomètres de chez nous. Il compte l’épouser dans un an. La fiancée est évidemment une merveille et apportera en dot une ferme importante. Justin déborde de projets pour moderniser l’établissement. Nous l’écoutons avec plaisir parler de sa vie future de paysan moderne. Nous serons invités à son mariage, cela va de soi.

Je suis supporter de notre club de football de première division. Je parcours régulièrement vingt kilomètres pour suivre les rencontres à domicile. Justin a décidé de m’accompagner en ville lors des matches. En réalité ce n’est pas le foot qui l’intéresse. Arrivé en ville, dès la première fois, il me demande de faire un tour par certaines rues, me fait remarquer des silhouettes qui déambulent sur les trottoirs.
-Pose-moi là, au coin. Quand tu reviendras du match, je t’attendrai devant la brasserie. N’en parle à personne, d’accord ?

Je connais son goût pour la bière. Je lui découvre une autre passion. Quinze jours plus tard, dans la même rue, il m’offre avec insistance de rencontrer une des ombres de la nuit, à ses frais.
- C’est une expérience à tenter. Fais comme moi, profite des plaisirs de la vie. Il faut mettre de la variété en amour.
- Excuse-moi, mais je suis marié, j’ai une femme que j’aime à la maison. Tout va bien.
- Tu en es sûr ? Bon, comme tu veux. Enfin si un jour…je t’arrangerai le coup.

« Tu en es sûr ? » En quatre mots il vient d’ébranler ma certitude. Quelle raison a-t-il de douter de la bonne santé de mon couple. Je me sens si bien. Marie ne serait pas heureuse ? Marie aurait laissé entendre… quoi au juste ? J’aurais des raisons de chercher ailleurs ?

Un autre samedi soir il me dépose au stade et reparaît au parking à la fin de la rencontre.
Il prétend même me faire connaître une amie pour une partie à trois.
- Toi et moi avec elle, on s’amuserait. Il faut te dégourdir, ouvre les yeux sur le monde moderne. Une vie de couple étriquée conduit à une impasse. Profite de ta jeunesse et élargis les horizons de ta femme. Passe devant, franchis le pas et entraîne Marie vers des plaisirs plus variés. Tu sais une partie à trois c’est formidable. Vous n’avez jamais essayé ? Il serait temps d’aérer votre foyer. Tu as tout à apprendre.

J’espère qu’il ne tient pas le même langage à Marie. De toute façon, s’il s’y risque, elle aura vite fait de le remettre en place. Marie est profondément attachée à ses valeurs. Par-dessus tout, elle ne plaisante pas en matière de fidélité. Rêve-t-il de participer à une partie à trois avec Marie ? Je voudrais assister à l’entretien au cours duquel il oserait évoquer le sujet avec elle. Il compte sur moi pour présenter son fantasme, et il croit tirer les ficelles pour créer une équipe de personnes « libérées ». Son insistance commence à me déplaire.

Justin revient régulièrement à la charge, tentateur curieux de mettre ma fidélité à l’épreuve. Cela ressemble à un jeu. Mon premier faux pas, serait une victoire pour lui. Après le mari, il pourrait attaquer la vertu de l’épouse trompée. Créer une brèche lui permettrait de pousser le couple dans ses délires. Plus on est de fous, plus on rit. Justin cherche des compagnons pour ses sorties. Avec Marie et moi comme complices il se sentirait plus à l’aise. Je le vois venir avec ses gros sabots. Une autre fois il veut me présenter à une de ses amies. Moyennant une prime supplémentaire de ses habitués, elle consent à ne pas utiliser de capote.
- C’est rare de nos jours. C’est une experte. A son contact tu peux apprendre à mieux faire l’amour. Ce serait tout bénéfice pour toi et pour Marie. Si c’est une question d’argent, je paie. Vas-y !


De quoi se mêle-t-il ? Pourquoi tient-il tant à m’entraîner sur ses traces dans les draps d’une prostituée ? Veut-il avoir sur moi un moyen de pression ? Si je le suis, je serai bien forcé de garder son secret. Au moindre mot il me clouera le bec. De toute façon je me vois mal jouer au troisième partenaire ou au voyeur et Marie entretient avec moi des relations sexuelles normales et satisfaisantes. Ses insinuations sournoises ne détruiront pas ma confiance.

D’ailleurs à mon retour je suis d’humeur câline. Je n’ai pas besoin de chercher l’amour ailleurs. Autant me rassurer sur ma bonne santé et en donner des preuves à ma chère femme. Bien que fatiguée elle me reçoit avec joie en son sein. Dans mes bras elle répète à l’infini qu’elle m’aime à la folie, me couvre de baisers. Elle prend l’initiative, monte sur moi, se plante sur ma verge, me fixe dans les yeux, bat de la croupe, mène un train d’enfer et atteint un orgasme bruyant en un temps record. Après une courte pause, elle m’appelle et je la prends vigoureusement. Elle me serre sur elle, ses jambes me tiennent prisonnier. Je la pilonne, elle souffle, sue, se montre encore plus ardente, chante sa jouissance, et nous atteignons ensemble un orgasme qui la fait trembler. Nous sommes heureux. J’en ressens secrètement un immense soulagement. Oui, tout va bien entre nous. Justin se trompe s’il en doute.

Dernièrement, Marie a eu droit, sous le sceau du secret, au récit détaillé des tribulations d’une vierge déflorée par le membre de gros diamètre de Justin. Elle tient à partager le secret avec moi son mari. Justin a parlé librement de ses avantages naturels, a fait état de ses excellentes dimensions lors de ses confidences à Marie : il en a une grosse, longue, une verge qui a effrayé la future épouse. C’est une façon comme une autre d’éveiller la curiosité. Je ne parle jamais de ma bite ou de mes couilles. Surtout pas avec une femme ! Justin est extravagant.

J’apprends encore le tour de poitrine de Lucie, la jeune paysanne, la couleur de ses poils, la force de son coup de rein, ses refus préalables de souffrir et son enthousiasme après la révélation de l‘amour physique, les promesses d’autres rencontres aussi riches, l’apprentissage étonné de la pipe par la fiancée. Je devrais reconnaître cette fille dans un camp de nudistes grâce à la précision de la description répétée par Marie. Lucie a sous le sein gauche une tache de naissance et un grain de beauté curieusement installé sur la lèvre gauche de la vulve. J’ai même une appréciation sur l’odeur aigrelette de son sexe. Il me manque la description du « gros membre » objet du premier effroi de l’ex vierge campagnarde. Il ne manquerait plus que ça ! Je me renseigne :
- Justin t’a-t-il montré la chose ?
- Paul, que vas-tu imaginer ! Sois sérieux.
Pourquoi Marie devient-elle toute rouge ?

- Bof, son manque de tact me choque, rien ne m’étonnerait après toutes ces remarques circonstanciées sur sa conquête. Pourquoi hésiterait-il à exhiber son truc si impressionnant ? Ne se vante-t-il pas ? C’est un brave type, mais la modestie n’est pas son caractère dominant. Demande à voir. Tu pourras contrôler de près, il ne te refusera rien.
- Chéri, tu exagères toujours. Enfin…jamais ! Pour qui me prends-tu ?

Un peu énervé d’apprendre les indiscrétions de Justin au cours de ses conversations avec ma femme, je lance cette boutade sans réfléchir à ses conséquences :

- En retour de ces confidences, Justin a-t-il recueilli l’équivalent sur notre vie de mari et de femme ? Lui racontes-tu notre comportement amoureux ?

- Mais… mais. Enfin chéri, tu ne crois pas…Pourquoi me poses-tu cette question ? Tu doutes de ma discrétion ? Explique-toi. Tu me peines. Justin t’a-t-il laissé entendre que je lui fais le récit de nos amours ?

- Pas directement. Sa conduite m’intrigue. Il fait comme s’il savait des choses sur toi et moi.
- Quoi ? Sois plus clair. Qu’est-ce qui te permet de supposer … C’est fou. Oh ! Vous les hommes, vous inventez n’importe quoi. Ce garçon est un ami, il se confie à moi, faute de trouver une autre personne disposée à l’écouter. N’en fais pas un plat, tu es aussi son ami.
- Sans doute, mais tu entends des détails intimes et croustillants, moi non. Une contrepartie serait bien accueillie.

-Mais moi j’ai un mari à qui m’adresser en cas de besoin. Je ne raconte pas notre vie pour obtenir le récit de la sienne. Tu as l’air sceptique, pourquoi ?

- Un échange, un peu de réciprocité de ta part expliquerait son acharnement à me livrer aux soins d’une prostituée quand nous allons au match.

- Comment ? Répète, vous allez voir les putes ? Mais ce n’est pas vrai ! Je te crois au match et…

- Doucement, Marie. Je vais au match, je ne vais pas voir les prostituées. Mais notre ami passe son temps autrement.
- J’aimerais savoir comment. Il s’acharne à « te livrer aux soins d’une pute » dis-tu. Ça aussi je voudrais savoir ce que cela cache. Parle donc.

Alors je raconte à Marie à quel genre de tentation notre ami m’expose :

- En réalité Pendant les matches il se distrait ailleurs.
- Cela ne prouve pas qu’il aille coucher avec des filles. Réfléchis, il va se marier. L’as-tu vu faire ? Donc tu étais avec lui ! Cochon !
- Je ne l’ai pas vu à l’œuvre. A plusieurs reprises il a voulu me présenter à ses copines. Il a même proposé de payer la passe. Mais ce qui m’a le plus étonné c’est son conseil de recourir à une de ses amies professionnelles, une experte capable de, je le cite « m’apprendre à faire l’amour pour ton bénéfice et le mien. » Comment connaîtrait-il mon besoin de leçons en la matière ? T’es-tu plainte à lui, lui as-tu dit ce qui me plaît, ce qui ne me plaît pas, ce qui te manque ? Sait-il de moi, tout ce que tu m’as appris de Lucie ?

- Ah ! Non ! Ne changeons pas les rôles. Vous êtes deux drôles d’oiseaux et je serais la coupable.

Jamais le visage de Marie n’a été aussi rouge, même en pleine excitation amoureuse. Elle explose :

- Le mariage de Justin et de Lucie doit avoir lieu dans moins de six mois. Chaque fois que l’organisation des tournées de l’usine le permet, il parcourt 300 kilomètres aller-retour pour faire sa cour. Ce n’est pas possible. Tu te trompes. Tu as mal interprété ses propos. Après ce que je viens de te révéler sur l’évolution de sa relation avec Lucie, comment peux-tu l’accuser de courir les putes. Lucie l’aime, il fait l’amour à sa fiancée. Mon pauvre Paul, tu délires.

- Très bien, n’en parlons plus. Je n’ai rien vu, mon imagination divague. Ne nous fâchons pas pour un sujet qui ne nous concerne pas. Considère que je n’ai rien dit.
- Trop facile ! Non mais te rends-tu compte, il va se marier et il fréquente ces filles. Il devrait savoir ce qu’il risque, une bonne syphilis au moins.
Marie s’emporte :
- Tu es son ami, pourquoi n’as-tu pas essayé de le dissuader ? Un ami donne de bons conseils. Attends, cela fait six mois que vous allez soi-disant au match. Il n’y va pas avec toi. Tu ne vas pas avec lui, ce qui reste à prouver. Depuis six mois, tu n’as pas jugé bon de m’avertir ? Es-tu aussi innocent que tu le prétends ?

J’ai l’impression d’être considéré comme fautif d’avoir vu faire, de ne pas avoir retenu ce gros idiot, et surtout d’en parler avec retard. Marie s’en prend à moi.

- Et s’il ramassait le sida. Six mois avant son mariage. Mais il est inconscient. Et toi, tu le sais depuis des mois et tu ne m’en parlais pas. Tu pourrais être plus raisonnable. Des vies sont en danger à cause de ton incurie.
- Je ne vois pas en quoi cela peut te concerner. Il est majeur ! La radio, la télé, les journaux, tout le monde nous bourre le crâne, recommande de sortir couvert. A lui de savoir. Pourquoi supposer immédiatement le pire ? C’est, si je l’ai bien compris une vieille habitude. Il connaît certaines filles depuis une dizaine d’années. Il aurait été le premier client d’une grande rouquine, l’experte qui m’aurait appris des choses utiles pour notre couple.
- Il ne manquerait plus que tu t’y mettes aussi. Moi, ta femme, je ne te suffis pas ? Si jamais j’apprends que tu vas voir ailleurs, je te les coupe et je divorce. Tu devrais savoir que la syphilis se transmet même par la bouche. Justin, Justin, non, ce n’est pas possible. Le salaud !
La tolérance n’est pas le principal trait de caractère de Marie, quand il s’agit de moi. Je me défends comme je peux :

- Tu me sembles drôlement bien renseignée. Le sujet te préoccupe ? Je t’assure que tu n’as rien à craindre de moi. De plus Justin est notre ami et non ton amant. Ta vie n’est donc pas en danger. Cesse de me culpabiliser. J’ai eu la sottise d’attendre de toi des félicitations parce que j’avais résisté à la tentation, et tu me traites comme si j’étais l’instigateur malfaisant de la conduite de ce futur marié, si estimable, que j’accuse à tort selon toi.

- Vraiment, vous les hommes, vous ne faites attention à rien. C’est honteux ! L’as-tu au moins averti qu’il risquait de contaminer…euh, Lucie et ses autres fréquentations ?
- Pourquoi ? Tu crois qu’il a d’autres femmes ou maîtresses ?
Marie réfléchit, ne sait plus et repart un ton plus haut :
-Tu m’as bien dit qu’il allait voir différentes filles. Il multiplie donc les risques pour lui et pour toutes ses relations. Je n’en reviens pas. Tu vas lui conseiller de faire une analyse de sang au plus vite. On ne sait jamais.

-Si tu la crois nécessaire, charge-toi de la commission. Il n’aura jamais que ce qu’il a cherché. Et ses autres relations également. Il a annoncé son futur mariage urbi et orbi, si d’autres femmes couchent avec lui, ces salopes n’auront que ce qu’elles méritent.

- Tu n’es pas charitable. Puisque tu fréquentes ce mauvais sujet, je commence à douter de ta fidélité. A partir d’aujourd’hui nous utiliserons des préservatifs.

- Non, tu n’as rien à craindre de moi. Marie…
-C’est à prendre ou à laisser. Je cours à la pharmacie.

L’autre imbécile a déraillé, Marie me punit. Pour protester contre cette injustice je me mets en grève ! Ce soir je lui tourne le dos. Elle boude. Je refuse le sachet de préservatifs. Elle pleure. Justin a semé la zizanie dans notre couple. Ça m’apprendra à me taire. Dans le fond sa conduite ne me regarde pas. S’il est contagieux, c’est son affaire. Enfiler un préservatif, en plus du stérilet ! C’est une dépense inutile. Je sais avec qui je couche, je n’ai qu’une chérie.

Le samedi matin suivant, Marie est au travail, le facteur dépose une lettre. Je l’ouvre machinalement. Ce sont les résultats d’une analyse de sang de Marie. Test négatif, pas de maladie sexuellement transmissible. C’est heureux pour elle et pour moi d’ailleurs. Mais elle ne m’a pas parlé de cette recherche de maladies sexuelles. Elle n’a plus confiance en moi. Ah! Si je m’étais contenté d’être moi-même, mari fidèle et propre. Je referme l’enveloppe, la remets dans la boîte à lettres.

Je n’en saurai pas un mot de Marie. Ma femme ne m’en parle pas. Mais ce soir elle oublie le préservatif, me fait la fête. Elle exulte, libérée d’un poids, c’est visible. Je suis de nouveau son chéri adorable. Elle me sort les grands classiques et quelques fantaisies inhabituelles, comme ces tours de table empalée sur mon pieu. Une semaine d‘abstinence a nourri son imagination. L’exercice est nouveau, je dirais épuisant. Elle prétend que nous l’avons déjà réalisé. Nous n’avons pas les mêmes souvenirs. Comme aussi cette promenade en aveugle : je suis debout, elle est à califourchon sur mes épaules. Son ventre sur ma bouche m’empêche de voir devant moi. Je dois la mignoter, elle me fait faire le tour de la table. Mes pieds nus heurtent les obstacles, cela la fait rire. C’est ridicule. Trop heureux d’être rentré en grâce, j’obéis. Ce baiser au minou perché n’appartient pas à mon répertoire quoi qu’elle en dise. Il me reste une certitude, elle est saine, je peux satisfaire ses fantasmes. Mais depuis midi, une idée sournoise me travaille. Marie m’a soupçonné d’avoir accompagné Justin et a voulu vérifier que je ne lui avais pas refilé une maladie honteuse. Je pensais mériter plus de confiance. Je suis vexé et déçu. A quoi bon être fidèle ? Enfin, elle ne me soupçonnera plus. Ouf, la punition est levée

Quinze jours plus tard, je passe chez lui pour emmener Justin au match, selon le code établi. Il voit approcher la date de son mariage et demain doit se rendre chez Lucie : il préfère se coucher afin de partir tôt. Je le quitte, il me remercie pour l’offre amicale. Allez savoir si c‘est la perspective du voyage qui lui donne cet air joyeux… En route, soudain je me souviens que j’ai oublié mon abonnement au stade. Demi-tour. Devant ma maison, stationne la voiture de Justin !??? Je le croyais au lit. Étrange. Je m’arrête un peu plus loin, entre sans bruit, arrive en bas de l’escalier. Marie et Justin parlent à voix haute, qui les entendrait ? Elle interroge :

- Alors, tu t’es décidé à faire ta prise de sang ? J’ai les résultats de la mienne. Tout est bon, tu ne m’as pas contaminée. Bien. J’exige de voir tes résultats.
Quoi? Comment l’aurait-il contaminée. Je n’ose comprendre. J’écoute.
- Ne fais pas d’histoires. Regarde, Je n’ai pas le sida, tu vois. Juste un petit problème. Le médecin m’a dit qu’une piqûre de pénicilline devrait me guérir si ce n’est pas trop ancien. C’est fait, je suis piqué. Je devrai refaire des analyses de contrôle. Heureusement que tu m’as bien conseillé, j’arriverai au mariage tout propre.
- A condition de surveiller ta conduite. Quelle idée d’aller voir les putes ! Pourtant, je te soulageais, Lucie s’y était mise et deux femmes ne te suffisaient pas ? Eh ! Bien maintenant, chez moi, plus rien. J’ai pris des risques avec toi. Imagine que tu m’aies refilé ta maladie, hein. Sais-tu au moins laquelle de tes mauvaises fréquentations t’a plombé. C’est heureusement récent. J’avais bien raison de t’imposer la capote quand tu voulais me baiser. Ouah, j’ai eu chaud. Comment aurais-je expliqué une atteinte sexuelle à Paul ? Tu as de la chance de ne pas m’avoir contaminée, sinon je t’étripais. Pense à faire examiner ta future, ou elle pourrait te rendre la monnaie de ta pièce.

-J’ai compris… je ne suis pas venu pour que tu me fasses la morale. Ton cocu est au match, tu pourrais me faire une petite gâterie vite fait, tu veux bien ? Et puisque tu as renouvelé ton stock de capotes, on pourrait s’aimer sans risque. Ne traînons pas.
- Tu es certain qu’il est au match ? Jure-le-moi.
- Tu n’as rien à craindre, ce type n’a pas de couilles, les putes lui font peur. Je le croyais radin, j’ai proposé de lui payer une passe. Rien à faire, il se réfugie derrière les mots, pleurniche qu’il t’aime.
C’est un con. S’il se doutait : nous baisons depuis des mois et il ne voit rien. Heureusement tu as compris et tu as su te libérer de son influence et venir te consoler avec moi.
- J’ai été idiote. Tu es beau gosse, musclé, beau parleur. Ca m’a fait tourner la tête. Mais c’est fini. Le con, c’est toi. Tu manques de cervelle, une belle queue mal utilisée, fourrée dans tous les trous, finit par pourrir et se soigne à la pénicilline. Entre nous, c’est fini.

Et moi, je suis là à écouter ces horreurs. Maintenant j’ai compris l’analyse de sang de Marie, ses reproches pour avoir attendu avant de l’avertir, sa joie le soir des résultats. Je sais qui lui a inspiré ces exercices acrobatiques : il est là-haut pressé de recevoir des marques d’une « si belle amitié », comme il le répète souvent.

- Tu ne pourras plus te passer de moi, tu le sais. Tu répètes « c’est fini » et dans la minute tu baisses ta culotte. Tu m’as dans le sang. Allez sois bonne, soulage-moi. Vite, on baise ! Grimpe sur la table, écarte les jambes
- Non mais, tu es fou. Tu vas te marier, tu me trompes avec des filles de joie et tu voudrais coucher avec moi ou une gâterie. Je viens de te le dire, plus rien !

Est-ce la crainte de la transmission ou la jalousie qui la guide ? Elle lui reproche de l’avoir trompée. C’est ma femme, furieuse d’avoir été trompée par son amant, elle se refuse à lui. La vertu a des détours cocasses.
- Allez, Marie, juste un peu avec les mains, alors, tu le fais si bien. Tu me fais cracher et je me sauve.
- Bon, je veux bien te masturber, ce sera tout. Déballe le malade que je soulage ses douleurs. Berk, c’est ça, là, ce gros bouton ? Pas appétissant, à ne pas toucher ! Mais après plus rien aussi longtemps que le docteur ne t’aura pas délivré un certificat de guérison.
- C’est mieux, je guérirai vite si tu me laisses espérer. Marie, je t’aime, je suis fou de toi.

- Non, arrête de me peloter les seins, tu sais bien que si tu m’excites, je vais risquer … pas question, bas les pattes. Comme ça, c’est bon, plus serré ? Ne fais pas le difficile…Tu es sûr. Je vois que ça ne t’empêche pas de bander. Elle est vraiment grosse ta queue. A qui appartient-elle?
- Mais à toi, toute à toi. Tu la reconnais. Tu n’en veux pas, juste pour t’élargir ? Embrasse la pointe, donne un coup de langue pour mouiller le gland et je te la fourre. Tu en meurs d’envie. Vite
- Mais t’es fou, tu voudrais que je sois malade ? Même pas avec une capote, tu pourrais la perdre comme l’autre matin ! Tiens je crache dessus. Ça va mieux ? Allez encore un peu de salive pour que ça glisse. Ça me fait rire de cracher sur le morceau… Laisse ta main hors de ma culotte. Mais tu es endiablé. Non, pas ce soir… Je refusais de croire Paul. Ton certificat médical te trahit. Arrête, sors ton doigt de ma chatte, stop ! Et puis tiens, achève-toi tout seul si ça t’amuse. Ca t’apprendra à te contenter de ce que je t’accorde.

Le bon ami de la famille grogne insatisfait. Je ne comprends pas, Marie a compris :

-Non je ne t’essuie plus avec la bouche. Maintenant dépêche-toi de filer, Paul ne va plus tarder. Ah ! Encore une chose. Écoute bien. Désormais, je ne veux plus te voir. Tu voulais pourrir mon mari avec tes nanas. Tu as encore une fois essayé de bousiller mon ménage. Ce n’est pas parce que j’ai eu pitié de toi que je t’aime : ça n’arrivera plus. J’aurai au moins vu un mec se branler devant moi, Le spectacle est drôle, non ? Mais un imbécile qui attrape une syphilis de nos jours ne vaut pas la peine qu’on ait pitié de lui.

A la fin, sait-elle ce qu’elle veut ? Une fois c’est « non, rien », ensuite c’est « après la guérison, » de nouveau c’est « non » », ça pourra être « oui » bientôt...
C’est dire si elle a eu peur du mal de Venise. Qui aurait eu pitié d‘elle ? Elle refuse la relation sexuelle par peur de la maladie, pas par honnêteté, pas par amour de moi. Il y a fort à parier que l’envie de grosse queue reviendra à la fin des soins. Pour moi, elle est perdue, qu’elle aille au diable la traitresse.

- En attendant, si par malheur Paul vient à t’inviter, trouve une bonne excuse pour ne pas venir. Et si tu venais à lui donner trop d’explications, pense que j’aurais des choses à raconter à Lucie et à sa famille. Oublie-moi. Allez adieu et sois heureux dans ta ferme. Donne le bonjour à ta fiancée. Pas un mot à mon mari !

- Marie, laisse tomber ce minable. Divorce et épouse-moi.
- Et Lucie ?
- Je me fous de Lucie.
- Et les filles de joie ? Tu te passeras de tes putes ?
- Viens vivre avec moi, je ne les verrai plus, c’est juré.
- Fais tes preuves d’abord. Annonce à Lucie que tu renonces à elle. Guéris. Après j’aviserai. Et puis, on ne divorce pas comme ça. A la réflexion, ça marche bien comme ça. J’ai un amant et un mari
- Oui, un mari aveugle ! C’est vrai, il ne compte pas. Mais, réfléchis. J’ai tout ce qu’il faut pour faire ton bonheur.
- Et ma maison?
- Ce sera le lot de consolation de Paul, nous n’en avons pas besoin.
- Mon pauvre Justin, tu es dingue. Voici ma dernière proposition. Je ne quitte pas Paul et tu restes mon amant: enfin si tu guéris et si tu es sage.
- D’accord ! Embrasse-moi.
- Non, va vite avant le retour de Paul.

- Je suis cocu. J’ai été aveugle, ils ont raison. Simplement ce soir j’ai entendu. J’en suis malade, à crever. Marie conçoit de se partager. Elle oublie juste de me consulter. Son projet ne me convient pas.
Le mari serait mutilé pour une faute, l’amant reçoit un congé pour des années d’errance. Mieux vaut être l’amant que l’époux si je comprends. J’ai fait le mauvais choix. J’ai à peine le temps de me cacher dans la chaufferie. Justin démarre. Je me glisse jusqu’à ma voiture. J’écoute les résultats des matches à la radio. Je rentre. Je me sens vidé, mal.

- Ah ! Te voilà, où as-tu traîné ? Vous avez perdu, c’est certain, il suffit de voir ta tête. Mais tu n’es pas bien, tu as conduit dans cet état ? Ne me dis pas que …

Comment établirait-elle un lien entre « ma tête » et la révélation de son infidélité ? Elle dissimule si bien ses actes et ses sentiments. Pourquoi lui révéler que je sais, puisque même prise sur le fait, elle continuerait à affirmer qu’elle n’aime que moi.

- Non, on a gagné et je ne suis pas allé où tu penses. Je ne m’appelle pas Justin, je ne trempe pas mon biscuit dans tous les trous, moi. Je ne me fais pas astiquer par n’importe quelle main charitable ou vénale, moi. Peut-être devrais-je l‘imiter, ça me procurerait du prestige à tes yeux.
-Donne-moi ton front, je parie que tu as de la fièvre. C’est ce qui te fait divaguer. Qui astique ? Ca ne va pas ?
-Oui, je suis malade. Tes mains, elles sentent, c’est bizarre ?
Elle porte ses mains à la figure pour vérifier et pour cacher la rougeur de ses joues
-J’ai pelé un oignon. Il était pourri, oui, ça sent mauvais, tu as raison.

Un oignon pourri qui sent mauvais; la métaphore me surprend : c’est l’impression finale laissée par l’attribut éjaculateur de ce malheureux séducteur, chassé, condamné à l’exil , au moins pour un temps
-Viens avec moi sous la douche. Et ensuite tu verras que je vaux bien les tapineuses. Tu m’aimes?
- Mais oui, autant que tu m’aimes, ma chérie. Et même un peu plus.
- Ce n’est pas possible, mon amour.

Pourquoi me punirais-je d’un égarement auquel elle vient de mettre un terme ?

- Mais qu’est-ce que cette feuille …? Que fait ici le certificat médical de Justin ? Ah ? Il est malade !
- Oui, tu vois, j’ai bien fait de lui conseiller de consulter.
- Et toi ?
- Moi ? Ah ! Oui, il avait peur de la prise de sang. Je l’ai accompagné pour l’encourager, je me suis aussi fait prescrire un examen sanguin. Je suis en parfaite santé.
- Hé ! Je t’avais dit que tu n’avais rien à craindre de ton mari.
- Mais mon chéri, je n’ai jamais douté de toi.
- Ah ! Bon. Alors cette histoire de préservatifs ?
- Oublie ça ! C’est une erreur. Tu viens faire l’amour ? Allez, à la douche.
- Demain, je ne suis pas bien, ce soir.

Quinze jours durant je prétexte des maux divers, je vomis ou plutôt fais semblant de vomir, je me traîne, je pose un congé payé, je suis de mauvaise humeur, désagréable. Marie me plaint, m’envoie chez le médecin. Un de mes copains a le sida. Un bon copain. Il me prête un certificat médical, une ordonnance. Je trafique ces papiers, je photocopie le montage, je laisse dépasser du tiroir de mon bureau les photocopies établies à mon nom. Marie ne fait pas allusion à ces papiers, mais elle les a lus, un signet est tombé. Pendant deux ou trois jours je me sens mieux. A son tour Marie n’est pas disposée à faire des câlins. Hier elle a mis beaucoup de temps à faire les courses, est revenue avec un pain ! Ce midi Justin nous rend visite. Marie s’adosse à lui et prend un air solennel pour m’adresser la parole :

- Mon cher Paul, j’ai une déclaration importante à te faire.

Justin pose ses mains sur les épaules de Marie, c’est sa façon de l’encourager.

- Voilà. Je suis tombée amoureuse de Justin. Oui, j’aime deux hommes. Toi et Justin. Euh!
- Allez, parle, dit Justin, Paul est un homme fort, il comprendra.
- Ce n’est pas facile à dire. Enfin, voilà, j’ai décidé d’aller vivre chez Justin.
- Mais Justin doit se marier, non ?
- Oui, il veut m’épouser… quand nous aurons divorcé. Oh! C’est trop dur. Pardonne-moi.
Voilà, Justin m’enlève. Il reviendra chercher mes affaires et régler la situation.

Les amoureux à cause d’un sentiment de culpabilité se sont montrés généreux pour le partage des biens. Je conserve la maison, quitte à rembourser les emprunts. Quand nous nous rencontrons, Marie s’inquiète de ma santé, m’examine attentivement, cherche des signes du mal qui me ronge. Ce mal prétendu qui l’a fait fuir loin de moi. Je n’ai pas eu à la chasser.
- Merci, Marie, je vais très bien. Mon médecin a trouvé d’excellents remèdes. Toujours aussi heureuse avec Justin ?
- Mais oui.
La réponse est sèche. Le sourire est crispé.

La curiosité m’a poussé dans des rues mal famées. Je ne dirai à personne que Justin y a gardé des habitudes. J’ai appris à me taire. J’ai fait depuis la connaissance d’Odile. Au lit Odile a testé avantageusement ma santé. Elle m’a déclaré apte à une vie conjugale normale. Je lui ai trouvé des aptitudes amoureuses d’un très bon niveau. Nous bâtirons notre avenir ensemble. Marie a abordé Odile et par pure charité l’a mise en garde contre le danger d’épouser un malade du sida. Odile, au fait des événements passés, a joué à l’infirmière dévouée qui par amour m’apportera son soutien jusqu’à ce que la mort nous sépare. Justin s’est proposé pour terminer certains travaux certainement trop pénibles pour moi. Odile a décliné l’offre. Qui sait ce qu’il voulait à ma nouvelle compagne?
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Histoire de Veilleur

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